samedi 15 août 2015

Homélie Assomption 2015 -

Homélie Assomption 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Apocalypse 11,19a ; 12,1-6a.10ab ; Psaume 44 ; 1 Corinthiens 15,20-27a ; Luc 1,39-56

En ce jour du 15 août, qui pourrait prétendre rassembler des millions de personnes dans tous les coins du monde, pas pour être à la page, mais pour fêter quelqu’un ?... les pèlerins des grands sanctuaires comme les fidèles du petit oratoire de village abritant une statue de Notre-Dame, les frères et sœurs réunis dans la peur et la clandestinité au Moyen-Orient comme le malade dans sa chambre égrenant son chapelet, et le prisonnier dans sa cellule, balbutiant ces quelques mots d’appel : « Notre-Dame de… », etc.

Ce n’est ni une star ni une divinité, ni une personnalité puissante qui nous réunit ce matin comme ces millions de fidèles : c’est une jeune fille, Myriam – Marie - née il y a un peu plus de deux mille ans dans un village de mauvaise réputation - Nazareth.

Une femme dont on n’a rien dit, ou presque, et dont on ne rapporte que quelques paroles… entre autres celle d’avoir dit « oui » à la proposition de Dieu de collaborer avec lui pour redonner au monde la beauté, la santé, le bonheur, abîmés et détruits par l’affreux dragon dévoreur, figure du mal, décrit dans la première lecture.

Parce qu’elle est l’une d’entre nous, en connivence profonde avec Dieu, en correspondance avec ses frères et sœurs - notre humanité - tant de personnes blessées par la vie, les événements, les découragements, et aussi reconnaissantes des grâces reçues - trouvent près de la Vierge Marie apaisement, soutien, force, écoute - comme Elisabeth dans cet Evangile – toute cette humanité, dans ses misères et ses espoirs, que Marie rejoint, s’est exprimée tout au long des siècles dans la sculpture, dans le bois ou la pierre, dans le marbre ou autre matière, dans la peinture, dans la musique, la poésie, les prières… dans la plus grandiose cathédrale comme dans la petite statue à la croisée de chemins au plus profond de la campagne.

Chantée par Brassens – « Je vous salue Marie… », célébrée par Péguy, dessinée par le petit garçon représentant la Vierge ouvrant son manteau pour le mettre à l’abri, priée par le général Leclerc traversant la Loire à la nage pour échapper aux Allemands – se sentant couler il priait le chapelet…

Nous pourrions nous mettre aussi dans cette liste. Quand on ne peut plus dire : « Notre Père », il nous reste de pouvoir nous tourner vers une maman à qui on peut confier : « Prie pour nous, maintenant… »

En évoquant cet attachement affectueux, fidèle, simple à Marie, nous sommes bien au cœur de cette fête de l’Assomption. Assomption : prendre avec, « assumer », avec.

Marie est morte, bien sûr, comme tout le monde, mais son fils l’a prise avec lui, l’a « assumée », pour qu’elle ne connaisse pas la dégradation de la tombe. Il l’a prise avec lui, avec son corps et son esprit, tout son être, pour la conduire dans la présence rayonnante de Dieu.

C’est ce qu’a déclaré le Pape Pie XII en 1950 comme étant vérité de foi : « Au terme de sa vie terrestre, la Mère de Dieu a été prise (« assumée ») au ciel corps et âme, dans la gloire de Dieu. »

Ce n’est pas extraordinaire : c’est la suite logique et normale de la vie de la Vierge Marie ; tant de fois elle l’a pris dans ses bras et par la main, ce bébé, cet enfant, cet ado fugueur, ce jeune à Cana, cet homme, son fils mort que les soldats lui remettent en le détachant de la croix.

Il lui devait bien ça à sa mère : la prendre à son tour avec lui pour la conduire dans la présence de Dieu.

Ce qui est arrivé à Marie, c’est ce qui nous attend, c’est ce qui attend l’humanité : la réussite possible de nos vies. A son tour elle nous prend avec elle.

Cette fête, aussi simple que belle, comme la fête d’une maman, aussi proche de nous - de nos vies - qu’ouverte sur l’avenir, aussi humaine que remplie de Dieu… cette fête touche les cœurs parce qu’elle dégage un parfum d’espérance et de tendresse.

On ne peut pas vivre sans se relier, sans s’accrocher à plus qu’à nous-mêmes, dans tous les domaines, à plus forte raison en fermant les yeux sur le sens de nos vies, de notre société, sur notre avenir final.

« Regardons l’Etoile, dit Saint Bernard ( « Marie » signifie « étoile de la mer » ), en la priant tu ne désespère pas… si tu te sais vacillant sur les flots de ce monde, parmi les bourrasques et les tempêtes, regarde l’Etoile, appelle Marie – Etoile de la mer. »

Bonne fête, bonne route !

 

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