Homélie du 2ème dimanche de Pâques - Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

D’ailleurs, on
l’appelle aussi « jumeau », jumeau de chacun de nous… « Moi, je
suis comme Thomas, je ne crois que ce que je vois ! » Lorsque l’on veut
des preuves de tout, quand les doutes déstabilisent, quand la méfiance prend le
pas sur la confiance… parfois avec raison…
Grâce à Thomas,
nous sommes invités à croire sur une parole, sur une promesse, sur une personne
fiable et fidèle : le Christ, en ce qui concerne notre foi, les valeurs solides
de la vie, du vivre ensemble, de l’avenir.
Thomas n’a pas
cru ses amis lui disant qu’ils avaient vu le Seigneur vivant. Thomas avait raté
ce premier rendez-vous du premier
dimanche, lorsque Jésus avait rejoint ses amis. Ils étaient dans un triste état
: enfermés dans une maison, par peur, par découragement, barricadés,
verrouillés, non seulement par les portes mais aussi dans leur coeur, leur
esprit. Ça peut nous arriver, à nous aussi. Thomas, Pierre et les autres
avaient tout misé sur Jésus et son avenir lorsqu’ils l’ont suivi au bord du
lac.
Ils ont vécu une belle aventure avec lui, sans trop comprendre le fond des
choses. Les voilà blessés, déçus, découragés, tristes par cette fin douloureuse
d’échec apparent. Quelque chose s’est cassé dans le coeur de Thomas et des
autres, comme en ceux qui s’en retournent vers Emmaüs. Quelque chose peut se
casser dans notre propre coeur, quand nous avons du mal à croire, à faire
confiance, à espérer, quand les évènements, la vie, les autres nous cabossent
ou quand, nous-mêmes, nous nous maltraitons et perdons confiance.
« Si je ne
vois pas, je ne croirai pas ». Il y a toujours une part d’invisible dans
la confiance. Un amour qui demande toutes les preuves n’est plus amour.
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » dit Jésus à Thomas.
Cette part d’invisible, ce n’est pas du n’importe quoi ou des broutilles. C’est
Quelqu’un qui nous rejoint, alors que nos portes, nos coeurs sont verrouillés,
quand on ne l’attend plus… « Il était là au milieu d’eux », il était
là, non pas sur le pas de la porte ou dans la cour. Au milieu d’eux, en eux.
Thomas était là, ce soir-là. Jésus vivant, vient rejoindre Thomas dans la nuit
et l’enfermement de son coeur et de son refus. Quand c’est la nuit, on ferme
les volets, on met les verrous, « on se ferme » disaient les anciens.
Le premier mot de Jésus n’est pas un mot de reproche, mais un cadeau, un don de
tendresse, d’apaisement, de grâce, de sécurité : « La Paix soit avec vous
! » Justement, ce dont nous avons besoin dans la nuit et le tourment
intérieur. « Mets ta main dans ma plaie, Thomas » : pas sur mes
cicatrices mais dans mes plaies toujours ouvertes. « Sois croyant ! »
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Cette rencontre
de Jésus avec Thomas, comme avec nous, c’est la miséricorde en acte, dont ce
dimanche nous rappelle que nous avons à la vivre tous les jours. Le Christ
Ressuscité nous rejoint, comme il est venu au milieu des apôtres, près d’eux,
près de Thomas, près de Pierre qui l’avait renié. Le Christ Ressuscité nous
permet, comme il l’a fait avec Thomas et les autres, que ce soit la
samaritaine, Marie-Madeleine et les amis de Béthanie. Il permet à Thomas de se
réconcilier avec son passé, avec lui-même, avec les amis qu’il n’a pas cru,
avec son Ami, en qui il avait perdu confiance et par là-même, avec Dieu, en qui
sa foi en avait pris un coup !
« Je ne
crois que ce que je vois ! »… Il n’est pas sûr que nous voyons tout, en
particulier cette invisible présence, cette invisible énergie qui nous rejoint
coeur de ce que nous vivons.
« Cesse d’être
incrédule, sois croyant ! »
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