Homélie du 5ème dimanche de Carême – Année A
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson

Jésus est
« cet homme plein d’humanité qui a pleuré sur son ami Lazare. » C’est
dans la Préface, que nous entendrons tout à l’heure.
Oui, nous
croyons en Dieu, capable de pleurer, sur un ami, à cause de deux femmes qui ont
de la peine. Nous croyons en Dieu, capable d’être bouleversé, saisi d’émotion
devant les épreuves. « IL en coûte au Seigneur de voir mourir les
siens » (PS116,15).
Au nom de quoi, aurions-nous
peur d’exprimer des sentiments et des émotions,
des pleurs, lorsque nous sommes atteints au plus profond de ce qui nous
tient à cœur. Au nom de quoi, resterions-nous de marbre lorsque l’épreuve nous
bouleverse en nous-mêmes, dans nos proches ou un peu plus loin de nous. Le Père
Valensin, sj., un maître spirituel écrit : « Jésus pleure. Désormais,
qui pleure parce qu’il aime, qui pleure près d’un lit de mort, qui pleure sur
la souffrance, fait revivre en soi l’homme-Dieu. Jésus pleure en lui et
par lui. » N’ayons pas peur de cette intuition fondamentale du Concile Vatican
II, exprimant l’attitude du Christ, lui-même : « Il n’est rien de vraiment
humain, qui ne trouve un écho dans le cœur des disciples du Christ »
(Gaudium et Spes 1).
« Le langage du Christ
est celui d’un cœur fraternel et bon » écrit Madeleine Delbrel.
« Jésus fondit en larme ». « Voyez
comme il l’aimait ! » Le témoignage que nous donnons du Christ et de
l’Evangile, passe par notre capacité à compatir à ceux qui sont éprouvés, d’une
manière ou d’une autre. Pas seulement d’une présence physique, mais d’une
présence au-delà du visible qui compatit avec le cœur et la prière et rejoint,
dans un même mouvement, à la fois les situations humaines et le cœur de Dieu.
C’est votre témoignage, mes Sœurs. Lorsque vous portez dans la prière les
évènements du monde, les intentions confiées, les joies et les peines de tous.
Vous êtes plus que tout autre au cœur de la vie du monde.
Jésus est l’homme qui pleure, qui compatit, et qui
ouvre à la vie et à la Résurrection. Il est en même temps, Dieu qui fait sortir
le mort de son tombeau et qui, dans sa tendresse pour tous, nous conduit
jusqu’à la Vie nouvelle ! C’est encore la Préface de tout à l’heure :
« Enlevez la pierre », les pierres qui ferment le tombeau et
enferment. « Lazare, viens dehors ! » « Déliez-le, enlevez-lui
ses bandes. » et « Laissez-le aller ! »
A quelques jours de la Passion, à quelques kilomètres
de Jérusalem, Jésus donne le signe de la vie, de la résurrection :
« Pour que vous croyiez ». « Celui qui croit en moi, même s’il
meurt, vivra ».
Nous n’avons pas le pouvoir de ressusciter Lazare ni
nos amis et proches. Nous pouvons ôter les pierres qui ferment, qui enferment.
Nous pouvons sortir de nous-mêmes et peut-être aider d’autres à sortir aussi.
Nous pouvons enlever les bandes qui nous attachent. « Déliez-le…
Laissez-le aller ! » Nous pouvons, à notre tour, donner ce que nous
recevons : le don de la Vie, après celui de la Lumière, après celui de
l’eau vive, après celui de l’espérance. Nous pouvons enlever la pierre et les
bandes du découragement, de la tristesse et ne pas répéter comme Marthe :
« il sent déjà ! ».
« Ne reste
pas dans cette odeur de mort, sors du tombeau. Je te veux vivant, debout !
Je suis la
Résurrection et la Vie ! »
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