Homélie de l’eucharistie d’A-Dieu de notre Sœur Marie-Ange, 5 avril 2017
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson
Il arrivait parfois à notre Sœur Marie-Ange de
manifester quelques signes d’impatience. Etait-elle donc pressée de rejoindre
son Seigneur, pour nous quitter si vite ? Peut-être désirait-elle aussi
accomplir rapidement cette traversée qui s’était annoncée samedi soir ?
Sentait-elle l’approche d’une fin dont elle parlait volontiers mais dont elle
appréhendait l’inconnu et l’épreuve ?
Mystère de chaque personne, énigme de la morsure
mortelle de la vie par la mort, aboutissement de la recherche d’un absolu, qui
est au cœur de toute existence humaine et qui était celle de Sœur Marie Ange. Quelqu’un à qui Sœur Marie-Ange avait
donné sa vie ! La vie religieuse n’est-elle pas une manière la plus
profonde, la plus réelle pour rejoindre la vie de ses frères et sœurs en
humanité, là où se noue la rencontre de Dieu et de l’humain pour faire germer
un monde nouveau.
C’est la rencontre dont nous venons d’entendre le
récit, l’Evangile de dimanche dernier, que Sœur Marie-Ange n’a pas pu entendre.
Mais, avec un petit air gentiment malicieux, elle nous fait savoir que cette
rencontre elle la vivait, en direct, en vrai, avec nous, cet après-midi.
Dans son cœur, dans le nôtre, dans notre maison, nous
accueillons l’ami qui vient nous visiter, Jésus le Christ. Il vient redonner
vie à son ami Lazare, comme il le fait pour notre Sœur. « Ton frère
ressuscitera », « Ta sœur ressuscitera ».
Dans la peine et l’épreuve, il est bon d’entendre la
voix douce de l’ami : « Je suis la Résurrection et la Vie, celui qui
croit en moi, même s’il meurt, vivra ».
Dans cette maison de Béthanie,
Jésus aimait Marthe et Marie, sa sœur, ainsi que Lazare. La résurrection et la
vie sont le fruit de l’Amour, parce que c’est l’être même de Dieu. Aimer, c’est
faire éclore les bourgeons de la résurrection et de la vie dans nos cœurs
rocailleux, comme dans les déserts de notre monde.
Je ne trahis pas de secrets de sacristie, vous les
connaissez, en disant que Sœur Marie-Ange nous aimait beaucoup, vous, sa famille, avec qui elle partageait
les joies et les épreuves, les chemins de chacun, dans la profondeur de sa
prière, dans sa proximité intérieure, dans son silence et son affection, son
grand respect des routes de chacun. Elle aimait aussi ses Sœurs et la vie au
Carmel où elle a vécu 73 ans.
Chaque existence est un message. Le meilleur de
chacune et de chacun est une richesse pour tous.
Comme hier, à son ami Lazare, aujourd’hui, Jésus,
dans sa visite, fait ôter la pierre du tombeau intérieur : « Viens
dehors ! Sors de la mort, enlève ce qui t’empêche de venir vers la
Vie. » Autrefois, en quittant l’église avec le défunt, on chantait
quelques lignes qui correspondent bien à notre Sœur Marie-Ange :
« Jusqu’au paradis, que les anges te conduisent et qu’ils t’introduisent
dans la cité du ciel ! »
J’aime imaginer notre Sœur, à cette arrivée sur les
rives du monde de Dieu, les yeux grands ouverts, dire avec un beau
sourire : « Je m’en doutais ! »
Une nouvelle naissance commence en Jésus le Christ
ressuscité.
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