Homélie du Jeudi Saint
Carmel de Saint-Maur -- Père Maurice Boisson
À ce repas d'Adieu, l'ambiance n'est pas à la fête, comme
d'habitude dans ce genre de circonstances ...après des années de compagnonnage,
d'amitié, de difficultés, d'enthousiasme, de questions, d'inconnu.

Toutes les situations, si dures soient-elles, portent en
elles-mêmes un germe de leur contraire, comme si le mal lui-même ne pouvait se
résigner au mal, comme si les violences, quelles qu'elles soient, pouvaient
tuer et empêcher les semences d'amour de surgir, comme si le béton ou le
macadam pouvaient empêcher le brin d'herbe de les traverser, et même parfois de
les soulever.
Au cours de ce repas, Jésus livre à ses amis, à nous ce
soir, son testament : 2 gestes, contraires à cette situation de violence, de
mort, de découragement, gestes qui germeront et donneront du fruit à travers
les siècles et les frontières, jusqu'à l'accomplissement de ce monde nouveau de
Dieu ensemencé par la Passion du Christ.
2 gestes : celui du service fraternel, humble, que
l'esclave accomplissait envers les hôtes accueillis: celui de laver les pieds,
au temps où l'on marchait pieds nus dans la poussière et la chaleur. Jésus,
Maître et Seigneur, se fait serviteur, près de ses amis, envers l'humanité.
Geste qui signifie le don de lui-même dans l'Amour : "Ayant aimé les
siens, il les aima jusqu'au bout.
" " Ce geste est un exemple, dit Jésus, pour
que vous soyez, vous-mêmes, serviteurs, aimants, avec vos frères et
soeurs."
Le deuxième geste est celui du partage du pain et du vin,
signe de l'Amour donné : " Ceci est mon corps, qui est pour vous. Cette
coupe est la nouvelle Alliance en mon sang."
Pour les 2 gestes, " Faites cela en mémoire de moi !
" Ils constituent la communauté des croyants en Jésus le Christ.
L'Eucharistie et le service des autres, la charité,
l'amour du prochain sont indissociables, inséparables. L'un ne peut se
maintenir sans l'autre. Le geste du service, de la charité nous ouvre à
l'Eucharistie, don de soi.
L'Eucharistie fortifie en nous l'attitude du service et
de l'amour fraternel, en le nourrissant à la source et en lui donnant sa pleine
signification. Communier au corps et au sang du Christ, sans essayer et
s'efforcer de pratiquer le service, l'attention, la charité envers nos frères
et soeurs est totalement illusoire. Les gestes, paroles, attitudes, dans le
sens du lavement des pieds, sont la vérification, de l'authenticité de notre
participation à l'Eucharistie.
" Faites cela en mémoire de moi. " "
Faites, vous-aussi, comme j'ai fait pour vous. "
Il ne s'agit pas seulement des mêmes gestes matériels
mais surtout de refaire dans notre vie quotidienne, dans nos relations, ce que
signifient ces gestes.
On n'est plus à une époque où l'on a besoin de laver les
pieds de ceux qui viennent nous voir. D'abord, on a tous besoin de nous laisser
laver le cœur, l'esprit, la tête, notre être ( comme dit Pierre) par le Christ
pour faire comme lui. On a tous besoin de la charité, du service, de
l'attention, du soutien, de l'amour, les uns des autres.
Personne ne peut se croire assez fort ou assez saint pour
vouloir se passer de ce que signifie le lavement des pieds, et le don de
l'Eucharistie. Nous ne procéderons pas ce soir au lavement des pieds, mais
demandons- nous pour chacun, chacune de nous, ce que que signifie concrètement.
E geste et ce que nous pouvons faire pour réaliser cette invitation de Jésus.
" Faites, vous-aussi, comme j'ai fait pour vous. "
" Faites cela en mémoire de moi. "
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