Homélie du 1er dimanche de l’Avent- Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
- L’étonnante et heureuse nouvelle : par Jésus le Christ, Dieu
demeure parmi nous et en nous, pour que nous devenions ce qu’Il est lui-même.
C’est la préparation pour accueillir
l’événement de Noël.
C’est
« l’avant » Noël.
- Ce temps réaffirme la promesse de la réalisation totale et
définitive de la beauté, de la santé du monde par l’avènement du Christ à la
fin des temps.
C’est l’Avent
(ce qui « ad-vient »).
- Cette présence de Dieu et cette promesse sont déjà là, il nous
appartient de participer à leur réalisation et d’en donner des signes concrets,
ici et maintenant.
Oui, c’est une
belle période, l’Avent. Elle correspond à ce que nous offre la nature : le
temps de la terre, le temps de nos coeurs, ensemencés par l’Amour et la
Présence de Dieu dans la patience, le froid, les lents mûrissements de la vie.
Le possible mûrit dans nos apparents impossibles.
C’est le temps
de la confiance, qui donne naissance à l’Espérance.
L’attitude clé de ce temps, Jésus nous l’indique :
« Veillez ! »
Ayons le coeur, l’esprit, le corps réveillés, attentifs, à ce
qui mûrit, au-delà des apparences, à l’écoute intérieure des pas de Celui qui
ne cesse de venir nous visiter, à l’écoute intérieure de l’autre. Faisons une
place à leur présence dans nos encombrements. Cette Présence fera de nous des
présences, des présents aux autres, à nous-mêmes, à Dieu, au monde. C’est le
fruit de toute intériorité.
« Veillez
! » Pour pouvoir veiller, il faut aussi savoir dormir, sinon le sommeil
nous gagnera. Dormir, c’est prendre des forces ou les refaire pour rester
« veilleurs » et garder vivantes en nous la confiance et l’espérance.
« Espérer,
c’est commencer toujours » dit SainteThérèse d’Avila (Fondations,
29,32). C’est ne pas se laisser gagner par l’endormissement des habitudes,
ni l’engourdissement du train-train, ni par la fuite en avant de l’agitation.
N’ayons pas le coeur qui dort ! Parfois, nous sommes réveillés en apparence,
extérieurement, même agités, voire sur-occupés, mais notre coeur, notre état
intérieur sommeille ou somnole devant l’essentiel.
On peut perdre
des raisons d’espérer quand on n’a plus confiance, quand ce que l’on espère
paraît inatteignable. Alors, on n’attend plus, on ne désire plus. Le ressort de
l’espérance et de la confiance est déroulé, détendu. Tout à l’heure, nous
allons prier avec la nouvelle formule du Notre Père : « Ne nous laisse pas
entrer en tentation. » Il ne s’agit pas de la tentation de manger un
morceau de gâteau ! La tentation, c’est l’épreuve. Et la plus forte est celle
de la non-confiance, de la non-espérance, quand on ne peut ( ou ne veut ) plus
compter sur Dieu, sur les autres, sur nous-mêmes. Ne nous laisse pas embarquer
dans cette épreuve destructrice !
Au creux même
de nos situations humaines, les plus compliquées comme les plus banales, une
énergie intérieure est à l’oeuvre. Ce beau temps de l’Avent la fait renaître ou
la fortifie. Sainte Élisabeth de la Trinité dit que ce temps est celui
« des âmes intérieures » ( Lettre 250).Il est celui de la
rencontre vraie de nos désirs, de nos espérances les plus profondes et les plus
humaines avec la Promesse de Celui qui veut nous offrir ce qui peut combler nos
attentes et rendre meilleur ce monde où nous sommes. Ce temps « des âmes
intérieures » n’est pas celui de l’enfermement, du repli sur soi. Il n’est
pas davantage celui de l’agitation permanente. Mais il est le temps des
mûrissements, des appels, des réponses, de l’essentiel. C’est le temps de la
confiance, à ras de terre, à ras de la vie, à ras de nos situations. Frère
Aloïs, prieur de la communauté de Taizé dit de la confiance : « Ce n’est
pas une naïveté aveugle, elle n’est pas un mot facile, elle provient d’un
choix, elle est le fruit d’un combat intérieur. Chaque jour, nous sommes
appelés à refaire le chemin de l’inquiétude à la confiance. »
C’est le chemin qu’ont suivi les acteurs du premier Avent, Marie
et Joseph, qui nous accompagnent par ce beau temps de l’Avent.
Alors, en avant
vers l’Avent !
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