dimanche 3 décembre 2017

Homélie du 1er dimanche de l’Avent- Année B



 Homélie du 1er dimanche de l’Avent- Année B
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson


           Quel beau temps que ce temps de l’Avent ! Je ne parle pas de météo mais de ce temps intérieur, spirituel dans lequel nous entrons. Il porte 3 messages :

-     L’étonnante et heureuse nouvelle : par Jésus le Christ, Dieu demeure parmi nous et en nous, pour que nous devenions ce qu’Il est lui-même. C’est la préparation pour accueillir  l’événement de Noël.
            C’est « l’avant » Noël.
-     Ce temps réaffirme la promesse de la réalisation totale et définitive de la beauté, de la santé du monde par l’avènement du Christ à la fin des temps.
            C’est l’Avent (ce qui « ad-vient »).
-     Cette présence de Dieu et cette promesse sont déjà là, il nous appartient de participer à leur réalisation et d’en donner des signes concrets, ici et maintenant. 


            Oui, c’est une belle période, l’Avent. Elle correspond à ce que nous offre la nature : le temps de la terre, le temps de nos coeurs, ensemencés par l’Amour et la Présence de Dieu dans la patience, le froid, les lents mûrissements de la vie. Le possible mûrit dans nos apparents impossibles.

            C’est le temps de la confiance, qui donne naissance à l’Espérance.
L’attitude clé de ce temps, Jésus nous l’indique : « Veillez ! »
Ayons le coeur, l’esprit, le corps réveillés, attentifs, à ce qui mûrit, au-delà des apparences, à l’écoute intérieure des pas de Celui qui ne cesse de venir nous visiter, à l’écoute intérieure de l’autre. Faisons une place à leur présence dans nos encombrements. Cette Présence fera de nous des présences, des présents aux autres, à nous-mêmes, à Dieu, au monde. C’est le fruit de toute intériorité.

            « Veillez ! » Pour pouvoir veiller, il faut aussi savoir dormir, sinon le sommeil nous gagnera. Dormir, c’est prendre des forces ou les refaire pour rester « veilleurs » et garder vivantes en nous la confiance et l’espérance.

            « Espérer, c’est commencer toujours » dit SainteThérèse d’Avila (Fondations, 29,32). C’est ne pas se laisser gagner par l’endormissement des habitudes, ni l’engourdissement du train-train, ni par la fuite en avant de l’agitation. N’ayons pas le coeur qui dort ! Parfois, nous sommes réveillés en apparence, extérieurement, même agités, voire sur-occupés, mais notre coeur, notre état intérieur sommeille ou somnole devant l’essentiel.
            On peut perdre des raisons d’espérer quand on n’a plus confiance, quand ce que l’on espère paraît inatteignable. Alors, on n’attend plus, on ne désire plus. Le ressort de l’espérance et de la confiance est déroulé, détendu. Tout à l’heure, nous allons prier avec la nouvelle formule du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. » Il ne s’agit pas de la tentation de manger un morceau de gâteau ! La tentation, c’est l’épreuve. Et la plus forte est celle de la non-confiance, de la non-espérance, quand on ne peut ( ou ne veut ) plus compter sur Dieu, sur les autres, sur nous-mêmes. Ne nous laisse pas embarquer dans cette épreuve destructrice !

            Au creux même de nos situations humaines, les plus compliquées comme les plus banales, une énergie intérieure est à l’oeuvre. Ce beau temps de l’Avent la fait renaître ou la fortifie. Sainte Élisabeth de la Trinité dit que ce temps est celui « des âmes intérieures » ( Lettre 250).Il est celui de la rencontre vraie de nos désirs, de nos espérances les plus profondes et les plus humaines avec la Promesse de Celui qui veut nous offrir ce qui peut combler nos attentes et rendre meilleur ce monde où nous sommes. Ce temps « des âmes intérieures » n’est pas celui de l’enfermement, du repli sur soi. Il n’est pas davantage celui de l’agitation permanente. Mais il est le temps des mûrissements, des appels, des réponses, de l’essentiel. C’est le temps de la confiance, à ras de terre, à ras de la vie, à ras de nos situations. Frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé dit de la confiance : « Ce n’est pas une naïveté aveugle, elle n’est pas un mot facile, elle provient d’un choix, elle est le fruit d’un combat intérieur. Chaque jour, nous sommes appelés à refaire le chemin de l’inquiétude à la confiance. »
C’est le chemin qu’ont suivi les acteurs du premier Avent, Marie et Joseph, qui nous accompagnent par ce beau temps de l’Avent.

            Alors, en avant vers l’Avent !

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