Homélie pour les obsèques de notre Soeur Marie-Denise de Jésus
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Bien
qu’originaire de la région des sapins, Soeur Marie-Denise avait des connivences
avec la vigne, par des familles de viticulteurs en quelques bons crus
jurassiens !
Mais sa
véritable complicité avec la vigne, c’est bien ces 70 ans et plus de vie
religieuse. Une vie, comme un sarment, greffée sur la vigne qu’est le Christ,
travaillée et soignée par le vigneron, Dieu lui-même. Une vie, comme un sarment
bien vivant et vif, porteur de fruits, souvent invisibles, mais bien réels.
« Je suis la vraie vigne, mon Père est le vigneron, dit Jésus, vous êtes
les sarments », « Qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de
fruits. » (Jn15,1; 5).
Quelle belle
comparaison - elle nous parle - que
celle de la vigne ! Elle nous dit l’essentiel de notre existence humaine et
chrétienne, en particulier de la vie religieuse qu’a vécu Soeur Marie-Denise :
la recherche et l’abandon confiant à l’Essentiel, qui laissent deviner une
Présence de Dieu en nous, habite notre monde. Au-delà les brouillards, une
clarté existe : « Je suis la lumière et la vie » (Jn8).
La vie
religieuse rend ce service, service discret, essentiel à notre société :
indiquer la route, le but, le sens de la vie et les chemins pour y parvenir.
Servie discret, parfois incompris… comme si on disait que le terroir n’est pour
rien dans le goût du vin…
Dans la
profondeur des vies données, se puise la recherche de Dieu. De là se répand le
bon bouquet du sens et du goût de la vie et de la destinée. « Je suis la
vigne, vous êtes les sarments pour porter du fruit » dit Jésus. Auprès de
Soeur Marie-Denise cet après-midi, rendons grâce pour cet Essentiel dont la vie
religieuse est le signe.
Nous savons aussi
que les sarments que nous sommes peuvent subir les intempéries, les maladies,
les blessures. Soeur Marie-Denise n’a pas été épargnée. Elle a dû souvent
méditer ces quelques lignes de Sainte Thérèse :
« Que rien ne te trouble
Que rien ne t’épouvante
Tout passe
Dieu ne change pas
La patience triomphe de
tout
Celui qui possède Dieu
Ne manque de rien
Dieu seul suffit ! »
Le vrai
vigneron n’abandonne jamais le soin de sa vigne, que nous sommes.
Lors de notre
dernière rencontre, il y a une douzaine de jours, Soeur Marie-Denise m’a dit
plusieurs fois qu’elle était en paix, de cette paix intérieure qui est le fruit
du sacrement du pardon, demandé et accueilli, où le passé cède la place au
présent et à l’À-venir, dans lequel elle entre totalement, sans peut-être trop
d’étonnement. Soeur Marie-Denise savait ce qu’elle voulait, vous le savez. Elle
disait récemment : « Je sais où je vais », c’est ce qu’exprime le
psaume 26 : « C’est ton visage, Seigneur, que je cherche … Sois fort et prends courage, espère le Seigneur.
»
Quelques mots
confiés à une jeune Soeur, lors d’une dernière visite, résument bien le coeur
de Soeur Marie-Denise : « Courage, courage, sois généreuse. On a de la
chance d’être au Carmel, Dieu seul suffit ! »
Une vie nourrie
de la sève de la vigne, qu’est le Christ, jusque dans les moments de la Passion
et de la Croix, marquée des intempéries de la vie, apaisée au souffle
consolateur de l’Esprit et par le soutien de la communauté, de la famille, de
la maison Saint François d’Assise, des amis. Les raisins de toute vie, produits
de notre coeur, deviennent dans l’Eucharistie que nous célébrons, par le
Christ, avec Lui et en Lui, le vin du Royaume éternel.
1 commentaire:
Merci pour cette magnifique homélie. Au nom de la famille GIRARDOT (chemin de Pymont à Lons), je témoigne ma profonde sympathie aux Sœurs du Carmel et à la famille de Sœur Denise. Le souvenir de son sourire serein et de son regard éclairé de l'intérieur continuera longtemps de nous accompagner. Lorsque vous prierez pour elle, veuillez lui associer une autre Denise, Denise André née Girardot, ma chère Maman, rappelée à Dieu il y a un an aujourd'hui.
Dans l'Espérance
Marie-Françoise André
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