Homélie du 13ème Dimanche année B
Carmel de Saint-Maur —Père Maurice Boisson
Ce n’est pas
toujours très facile de croire à notre époque. Non pas que nous soyons soumis à
des persécutions violentes, comme certains chrétiens dans le monde. Mais, plus sournoisement,
nous sommes affrontés à l’indifférence, pris par des sollicitations nombreuses
et diverses, nous rencontrons un certain nombre d’obstacles, qui tiennent de la
vie, qui peuvent nous décourager ou étouffer nos convictions profondes et nous
éloigner pas forcément de la foi mais de certaines pratiques.
La Parole de
Dieu de ce dimanche nous propose le récit de deux personnes dont la foi a
traversé les obstacles, et la Vie a repris. Ce message nous invite à la
persévérance, à la confiance, inséparables de l’Espérance dont nous avons
besoin aujourd’hui.
Une femme
malade, ayant entendu parler de Jésus, veut seulement toucher discrètement, par
derrière, son vêtement, alors que Jésus est écrasé par la foule. « Si j’y
arrive, je serai guérie ! » Elle a confiance. Son attente est grande. Elle
y arrive. Et Jésus, sentant qu’il s’était passé quelque chose, veut la
rencontrer.
Aux yeux de Jésus, nous ne sommes jamais des personnes anonymes.
C’est un des fondements de la confiance. Par cette démarche, cette femme,
craintive, malade depuis longtemps, franchit les obstacles en elle-même et
autour d’elle. Elle ose. Alors, elle peut s’entendre dire : « Ta foi t’a
sauvée. Va en paix, sois guérie de ton mal. » Jésus lui donne la paix, la
santé du coeur en même temps que celle du corps. Sa confiance et sa
persévérance étaient grandes.
Il ne s’agit
pas pour nous de reproduire ce récit dans sa réalité. Mais de nous en inspirer
pour fortifier notre foi. Saint Augustin, faisant le commentaire de cette
rencontre, écrit : « Croire, c’est toucher avec le coeur. Cette
femme, qui a touché un pan du manteau de Jésus, elle l’a touché par le coeur,
car elle a cru.»
La foule presse
Jésus, mais la foi, la confiance le touchent.
Et pendant
cette rencontre, un homme attend, boulversé. Sa fille de 12 ans est en train de
mourir. Malgré la foule, il parvient à arriver jusqu’à Jésus : « Viens
pour qu’elle vive ! » Jésus part avec cet homme: En chemin, on vient leur
annoncer : « Ta fille est morte. Plus besoin de déranger le maître
! » Est-ce que l’on s’arrête ? Tu repars ? C’est fini ! A cet homme
accablé, les mots de Jésus : « Ne crains pas, crois seulement ! »
Faire confiance. Arrivés à la maison, c’est l’agitation, les bruits, les
pleurs, les moqueries : « Il dit qu’elle dort ! » Et Jésus prend la
main de l’enfant : « Talitha koum. Jeune fille, lève-toi ! » Elle se
lève. Il leur dit : « Donnez-lui à manger ! »
Là encore, il
ne s’agit pas de revivre ce récit dans sa réalité. Il nous est donné pour nous
dire l’essentiel : la confiance, la foi qui persévère produit un quelque chose,
le plus souvent invisible mais réel : nous pouvons nous appuyer sur un Autre
(avec un grand A) que nous-même pour affronter les obstacles qui barrent la
confiance intérieure, la foi. Ces obstacles rencontrés par Jaïre et par cette
femme malade sont semblables à ceux que nous rencontrons : la difficulté
d’aborder Jésus - rendu si souvent inaccessible, les obstacles que sont
l’agitation, la dispersion, les multiples sollicitations extérieures et intérieures
qui étouffent les paroles et la présence, porteuses de vie et de guérisons
intérieures. Les obstacles du découragement, attisé par les moqueries :
« Que peut-il bien faire, elle est morte ? C’est fini ! » Le plus dur
obstacle est la désespérance. On s’arrête. C’est l’arme suprême du malin, du
démon : vouloir user jusqu’à l’énergie vitale la plus forte, celle de Dieu en
nous !
Avant de tendre
la main à la jeune fille, Jésus met tout le monde dehors. Bien sûr, car il
s’agit d’une oeuvre intérieure, du dedans. Alors, une main se tend,
« lève-toi! » Cette main se tend pour nous. Pour nous faire dépasser
les obstacles, pour tenir. Parce que, comme nos deux amis, nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes.
Nous n’avons pas en nous seuls la source de la vie, de la guérison intérieure,
du secret de la joie. Nous pouvons seulement la recevoir de la main de Dieu.
Le Père Charles
de Foucauld, repensant à la période de sa vie mondaine priait ainsi :
« Quand ma vie commençait à être une mort », « Mon Dieu, comme vous
aviez la main sur moi, et comme je la sentais peu! »
Prenons,
sentons cette main, posée sur nous, que Dieu nous tend par son Fils
Jésus-Christ !
« Koum !
Lève-toi … et marche ! »
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