Homélie du 28ème TOC 2019
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice BOISSON
2 R 5,14-17 ; 2 Tm 2,8-13 ; Lc 17,11-19
C’est bien connu ! On est tous, plus ou moins, comme ces
dix lépreux! Quand on est dans le besoin on appelle : « Prends pitié
de nous ! » Viens m’aider ! J’ai besoin de toi ! » On
se tourne vers les proches, les amis... et vers Dieu ou vers quelques uns de
ses proches amis : les Saints ! Certaines situations nous font retrouver
le chemin de la prière et le chemin des autres, en nous ôtant l’illusion de ne
pouvoir compter que sur nous-mêmes.
Les lépreux, eux, étaient sans relation, exclus de toute vie
sociale et religieuse, de tout contact. Ils ne pouvaient compter que sur Dieu.
Ce qu’ils ont fait. Voyant que Jésus arrivait dans le village, ils viennent à
sa rencontre mais s’arrêtent à distance, comme ils devaient le faire « Prends pitié de nous ». Leur
cri et la réponse de Jésus franchissent toutes les barrières et les exclusions
pour toucher au cœur. Les 10 sont guéris, en cours de route alors qu’ils
allaient faire constater leur guérison. Un seul sur les 10 revient sur ses pas
pour remercier, pour « rendre
grâce ».
C’était un étranger, un samaritain, comme celui qui avait
secouru l’homme blessé par les brigands, un étranger et un païen, comme le général
Syrien Naaman dans la 1ère lecture, guéri de la lèpre, lui aussi et
revenant remercier le Prophète qui l’avait guéri. Un seul sur les 10 revient sur
ses pas et rend grâce. Il est reconnaissant, conscient d’avoir reçu un
bienfait, une grâce : celle de la guérison, non seulement de sa lèpre mais
de tout son être : la réintégration dans la vie sociale et religieuse, la
purification intérieure d’une maladie dont on disait qu’elle était le signe du
péché. Le plus grand bienfait, la plus grande grâce, c’est d’avoir entendu la
Parole qui répare l’être tout entier : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé ! ».
« Relève-toi » :
le mot exprimant la Résurrection.
« VA et vis » :
le mot de la vie, des relations.
Pour entendre cette parole et accueillir ce qu’elle produit, il
faut aller au bout de la guérison : refaire le chemin qui ramène à celui
qui guérit.
Quand ça ne va pas, on appelle, on prie.
Quand ça va bien, quand on est sorti de l’épreuve, on néglige
parfois de remercier. « Les neuf
autres, où sont-ils? Il n’y a
que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ? ».
Pourtant, comme on dit, « On était bien content de les avoir, ils nous ont
bien aidés ... ». « La prière nous a bien
soutenue ! ». Il ne s’agit pas seulement d’une question de politesse
et de savoir vivre, encore que, savoir dire merci, bonjour, pardon... est une
forme imminente de la charité au quotidien, parce que l’autre est considéré
comme une personne et pas comme un outil. Le lépreux, guéri, revenu sur ses
pas, se jette aux pieds de Jésus, pour rendre grâce. Redonner un signe vrai, un
geste, une parole pour ce que nous recevons de Dieu et des autres, cette
attitude nous désencombre de nous-mêmes. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » demande Saint Paul (I Co
4,7). Personne ne se donne la vie à lui-même... Rendre grâce pour ce que nous
recevons : la vie, la nature, la création, la lumière, les autres. C’est
d’abord prendre soin de tous les dons de Dieu, en particulier prendre soin de
toute vie : « Relève-toi et VA ».
Ce sont peut-être les plus belles paroles murmurées sans éclat de voix, le plus
beau geste posé avec douceur, à celles et ceux qui en ont besoin, peut-être
d’abord à nous-mêmes.
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