Homélie du 29ème
dimanche du T.O.C. 2019
Carmel de Saint-Maur
– Père Maurice BOISSON
Ex 17,8-13 ; 2Tm
3,14 - 4,2 ; Lc 18,1-8
On raconte qu’un jour le diable est venu prendre une place à
une brocante. Il présentait à la vente ses outils préférés : le mensonge,
la colère, la calomnie, la jalousie... et un petit levier très usé. Un passant lui
demande : « C’est quoi ça ? ». « C’est mon outil
préféré » dit le diable, « Il est tout petit. Je m’en sers souvent,
c’est pour ça qu’il est usé. Son efficacité est redoutable. Ça marche presque à
chaque fois... ça vous intéresse ? » dit-il au passant. Eh bien,
c’est le découragement ! Je ne sais pas si Jésus connaissait cette
histoire mais il nous connaît bien. Il nous rappelle ce matin de ne pas nous
arrêter au stand du malin : « Priez
sans cesse, sans vous décourager ! ». Ne pas se décourager !
Ce n’est pas facile devant le flot d’informations roulant chaque jour l’eau
boueuse des mauvaises nouvelles... pas facile de ne pas se décourager devant la
brutalité de la vie et des épreuves et de l’impuissance à changer ce qui
arrive... pas facile de ne pas se décourager quand nous avons l’impression que
notre prière n’aboutit pas ... « Priez sans cesse, sans vous
décourager... ».
Le découragement nous prend quand nous avons le sentiment
de ne pas être écouté et que nos efforts pour changer et améliorer la vie ne
servent à rien. Dans le cas de la prière et de notre relation à Dieu, on peut
se décourager quand nous avons le sentiment que Dieu ne nous écoute pas, qu’Il
ne répond pas, comme le juge qui ne répond pas aux appels de la pauvre veuve
lui demandant de s’occuper de son dossier... (c’est l’Evangile que nous venons
d’entendre).
Le diable alors nous propose son petit outil, ce levier qui
écrase l’espérance, la confiance, la persévérance. Moïse prie sur la colline
les bras levés, alors que Josué se bat dans la plaine, c’est la 1ère
lecture, mais Moïse se fatigue. Quand il baisse les bras, Josué est en
difficulté, quand il les tient levés, Josué a le dessus sur son adversaire...
Alors 2 compagnons de Moïse lui soutiennent les bras jusqu’au coucher du soleil
et Josué remporte la victoire.
On a besoin des autres pour tenir, pour ne pas baisser les
bras et ne pas céder à la tentation de se procurer le petit outil du diable
qu’est le découragement. C’est vrai dans l’expérience de la vie et de notre
relation à Dieu, dans la prière. Il y a une réelle solidarité dans la prière
quand nous nous portons les uns les autres dans nos joies et nos épreuves, nos
soucis et nos espoirs. Le découragement vient souvent d’un manque de confiance.
Dans nos relations mutuelles il y a parfois des raisons... Dans notre prière,
le silence apparent de Dieu nous permet de clarifier nos demandes et de les
ajuster à son désir. Il sait de quoi nous avons besoin... C’est la belle et
vraie prière du début de cette messe « Seigneur,
fais-nous toujours vouloir ce que tu veux ». En ne nous arrêtons pas
trop à la brocante du diable. Nous risquons de nous laisser tenter pas son
petit outil, le découragement, qui viendra à bout de notre espérance, de notre persévérence et
notre confiance.
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