Du 1er au 22 décembre, France 2 diffuse chaque dimanche une série de quatre documentaires dédiées aux Eglises d'Orient. Rencontre avec le réalisateur, Jacques Debs. Mes Ethiopiques. A la rencontre de chrétiens d'Orient, la série documentaire de Jacques Debs nous fait découvrir tour à tour l'Eglise apostolique arménienne, l'Eglise éthiopienne orthodoxe, les Eglises dites de saint Thomas en Inde ainsi que l'Eglise maronite du Liban. Quatre films de 26 minutes qui vont à la rencontre de religieux ou de laïques incarnant les deux dimensions, contemplative et caritative, auxquelles leurs communautés ecclésiales sont attachées depuis la nuit des temps.
Je suis parti de mon propre vécu de Libanais profondément marqué par la guerre civile qui a déchiré mon pays de 1975 à 1990. Au fil du temps, je me suis forgé la conviction profonde selon laquelle cette guerre a été une guerre de religions opposant des chrétiens et des musulmans. Et que la responsabilité en incombe d'abord non pas à des puissances extérieures, Israël en particulier, comme beaucoup de mes compatriotes veulent le croire, mais à nous-mêmes. Pourquoi sommes-nous tombés si bas ? A quelle condition la paix des esprits, qui n'est pas encore advenue, peut-elle se concrétiser ? A partir de ce questionnement particulier, je me suis intéressé à ces Eglises d'Orient qui toutes sont confrontées à un islam particulier. Fut-il africain, indien, arabe ou turc. Mais, dans tous les cas de figure, il s'agit d'un islam travaillé par le salafisme. C'est-à-dire un totalitarisme virulent qui se réfère à un islam en tout point fantasmé.
En quoi ces Eglises peuvent-elles interpeller les Occidentaux ?
La plupart ont gardé des rites et traditions directement hérités des premiers disciples du Christ. Il y a là une inestimable valeur de témoignage. Mais le principal intérêt, à mes yeux, réside dans la capacité de ces communautés à interpeller tant les pays musulmans que l'Occident. Les pays musulmans, du Moyen-Orient en particulier, sur la tentation qui les traverse de vider leurs territoires d'une de ses plus anciennes composantes : la minorité chrétienne. Et d'opérer ainsi une séparation ethnico-religieuse dommageable pour chacune des parties. Ce qu'Israël a fait, en son temps, lorsqu'il a convaincu les ressortissants juifs d'Afrique du Nord et du Proche Orient de déserter les terres où ils vivaient depuis si longtemps afin de rejoindre l'Etat hébreu. Quant aux pays d'Occident, les chrétiens d'Orient leur pose cette simple mais redoutable question : cela veut dire quoi d'assister les bras ballants, impuissants, à notre disparition, dont tout indique qu'elle est, à terme, inéluctable ?
Personnellement, qu'est-ce-qui vous a le plus frappé à leur contact ?
Le sentiment de joie et de plénitude qui émane d'eux alors même qu'ils sont persécutés. Ici, au contraire, les chrétiens vivent confortablement mais ils sont traversés de doute et souvent accablés, sinon tristes. Il y a là un paradoxe saisissant qui mérite d'être approfondi.
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