Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Les catastrophes survenues
aux Philippines sont encore présentes à nos esprits, dans les médias - et bien
sûr les conséquences sont toujours une terrible actualité pour ce pays. Ces
événements ont suscité beaucoup de solidarité et de secours sur le plan
international, même si la mise en place est un peu difficile. Nous renouvelons
à nos Sœurs originaires de ce pays notre compassion et notre prière.
Nous avons appris ces
derniers jours la prise en otage, après d’autres, d’un prêtre français au
Cameroun.
On sait aussi la situation
difficile des chrétiens dans certains pays.
On pourrait allonger la liste
des situations et des événements qui traversent notre monde et qui secouent
aussi notre propre pays ces temps.
En écoutant l’Evangile de ce
dimanche, on croirait le journal télévisé de vingt heures : une annonce de
mauvaises nouvelles, qui, en fait, reflètent l’actualité de notre monde
d’aujourd’hui.
Jésus voudrait-il en
rajouter ? On a envie de dire : « Ca suffit comme ça, n’en
remettons pas une couche ! ».
Ces paroles de Jésus,
prononcées pour les gens en admiration devant la beauté du Temple, de ses
pierres, reconstruit à neuf, ne veulent pas nous faire peur, mais tourner notre
regard, notre esprit, vers l’au-delà du visible, pour aller vers le sens, la
signification et la direction, le sens caché des événements, pour susciter en
nous la confiance en un avenir promis - et stimuler notre action, notre façon
de vivre , au quotidien – qui aille vers la réalisation du monde nouveau, donné
et promis par Dieu, mais à réaliser dès maintenant et ici.
Jésus nous met en garde
contre la tentation qui peut être compréhensible devant ces événements -
tentation du fatalisme : « C’est comme ça » - et tentation de
l’impuissance : « On n’y peut rien. »
Ce qui se passe, ce qui
arrive, l’événement, « Ce sera pour
vous l’occasion de rendre témoignage » - dit Jésus (Luc 21,13). Quel
témoignage ?
D’abord celui d’être et
d’agir contre toutes les sortes de maux, de mal, de souffrances, de
destructions, comme l’a fait Jésus. Témoigner de Dieu qui ne veut pas les catastrophes,
ni la souffrance - qui n’en est pas la cause non plus. Dieu ne prend pas
la place des lois internes de la nature, ni des crises de sa croissance, pas
plus qu’il ne peut prendre la place de notre liberté, dans laquelle il nous a
créés, pour faire de nous des marionnettes sur qui on tire les ficelles pour
leur faire faire ceci ou cela.
Rendre témoignage, dans les
événements et la croissance du monde, c’est indiquer la direction de celui qui
a conçu le plan, l’idée, le concept –
comme on dit aujourd’hui. Là se joue l’état et l’avenir du monde, qui commence
dans notre cœur et dans notre quotidien - la direction de la justice, de la
paix, de la vérité, de la charité, de la fraternité, du respect et du soin de
tout ce qui touche à la vie, à la création.
Nous avons demandé cette
disposition intérieure dans la prière d’ouverture de cette messe :
« C’est un bonheur durable et profond de servir le Créateur de tout
bien. »
Le Créateur de tout bien…
Dieu ne crée pas le mal… on est assez bête pour s’en charger.
C’est l’occasion pour nous de
rendre témoignage de la confiance en la présence de celui qui, dans les
événements, prend soin, souci de nous, même si apparemment ce n’est pas évident,
et qu’on a plus souvent le sentiment d’une absence.
« Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. » (Luc 21,18-19) C’est la dernière ligne de ce journal
de vingt heures, un certain jour à Jérusalem, devant le temple, présenté par
Luc, avec un invité nommé Jésus.
On s’y croirait. Mais on y
est, au cœur de ce monde, de ce qui arrive, de ce qui nous arrive. Le message
de ce dimanche nous décape de l’illusion
d’être ou de vouloir être dans le définitif, le sûr, alors que nous baignons
dans le provisoire et la fragilité. La clef, c’est croire que le monde a un avenir
promis par Dieu, et que nous pouvons contribuer à réaliser cet avenir, ici,
maintenant. La porte, c’est notre cœur.
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