La lutte contre le trafic d’êtres humains : une priorité pour le Saint-Siège
Le Saint-Siège, sous l’impulsion du pape François, s’engage de façon décisive dans la lutte contre le trafic d’êtres humains et l’esclavage moderne. Deux jours de travaux sur ce thème se sont achevés dimanche au Vatican. Prostitution, travail forcé, trafic d’organes, autant de problématiques qui ont été abordées durant cette réunion de travail organisée par l'Académie pontificale des Sciences et l'Académie pontificale des Sciences Sociales, en partenariat avec la Fédération mondiale des associations médicales catholiques (FIAMC).
Des experts et observateurs venus de différents continents étaient présents aux côtés de religieux, d’organisations et d’institutions qui, sur le terrain, combattent ce phénomène, qui constitue l’un des aspects négatifs de la globalisation. L’objectif était dans un premier temps de faire, en quelque sorte, un état des lieux, puis d’établir un plan d’action notamment à travers des propositions.
Une vraie prise de conscience est urgente
Les participants ont été unanimes sur plusieurs points : tous souhaitent une plus grande prise de conscience et un engagement majeur de l’Église face au trafic d’êtres humains et réclament une politique de « tolérance 0 » en ce qui concerne la prostitution « qui doit disparaitre ». Les conclusions de cette rencontre ont été présentées ce lundi à la presse. Hélène Destombes
49 propositions et un rendez-vous pris pour 2015, c’est concrètement ce qui émerge de cette première réunion préparatoire, mais ce n’est qu’un début et l’on peut désormais parler de changement radical dans la perception que le Vatican a aujourd’hui de ce phénomène. Une nouvelle rencontre devrait avoir lieu en 2014, sous l’égide des Académies pontificales des Sciences et des Sciences Sociales, pour préparer quatre jours de travaux qui auront donc lieu dans deux ans.
Selon le chancelier de l’Académie pontificale des Sciences, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo le Saint-Siège n’avait pas suffisamment pris conscience de la gravité de ce problème » avant l’implication personnelle du pape François qui en juin dernier a souhaité que la question de la traite des êtres humains soit abordée rapidement. Il entend utiliser à des fins importantes les documents et conclusions de cette première rencontre, c’est ce qu’il a confié à Mgr Sánchez Sorondo
« Il m’a dit : je suis très content que vous ayez organisé cette rencontre et j’espère que vous travaillez bien car je veux utiliser tout ce matériel. Je pense que nous devons faire quelque chose avec tout ça (…) Le pape François qui avait une expérience très forte de ce problème quand il était à Buenos Aires a une perception pas seulement européenne mais une perception globale et ça c’est important ».
La pauvreté est souvent un facteur déterminant
Derrière ces nouvelles formes d’esclavage se cachent des situations d’extrême pauvreté mais pas seulement, les participants ont notamment pointé du doigts le recours à la drogue par de nombreuses organisations criminelles pour ensuite exploiter hommes, femmes et enfants.
Des organisations qui bénéficient trop souvent, de manière directe ou indirecte, du soutien de multinationales ou d’Etat, d’où la nécessité de promouvoir une nouvelle forme de gouvernance, de mettre en place un réseau international pour combattre ce trafic aux multiples ramifications. C’est l’une des 49 propositions avancée à l’issue de la rencontre.
« Faire un réseau de toutes les institutions qui combattent ce phénomène et trouver plus de soutien, soit de la part de l’Église officielle, soit de la part de États, et aussi faire prendre conscience aux États que la criminalité n’a pas de limites et que les mesures des États ne sont pas suffisantes. Nous avons besoin d’une nouvelle forme de gouvernance aussi pour ça ».
Le Saint-Siège espère que ces deux jours de travaux pourront avoir des répercussions sur les décisions des États et des Institutions et encourager à la ratification de traités qui protègent hommes femmes et enfants de toutes formes d’exploitation. Des instruments existent déjà, notamment la Convention de Palerme, mais beaucoup reste à faire et l’Eglise a là un rôle décisif à jouer.
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