D’emblée, Mgr Bonny précise qu’il s’exprime à titre personnel et comme évêque d’Europe occidentale,
« dans la conscience que des évêques d’autres régions d’Europe ou d’autres continents peuvent avoir des opinions divergentes ». Rappelant les étapes préparatoires à ce Synode (questionnaire envoyé aux conférences épiscopales du monde entier, document de travail
Instrumentum Laboris,…), Mgr Bonny axe sa réflexion sur huit points : la collégialité, la conscience, la doctrine, L’Eglise comme compagnon de route, les situations « régulières » et « irrégulières », les divorcés remariés, l’annonce de l’Evangile et le Synode comme un défi.
Dans la préparation de ce Synode, Mgr Bonny écrit : « J’essaie de saisir comment un évêque peut mieux entendre les attentes et les avis dans la portion du peuple de Dieu qui lui est confiée ». Et de préciser : « Mes attentes ont trait aussi bien à la communauté de l’Eglise qu’à la famille. (…) J’essaye d’y faire coïncider au plus près la théologie et la pastorale ».
Un fossé croissant
Ayant commencé sa formation de prêtre en 1973, Mgr Bonny souligne que depuis cette époque, il a dû constater combien les importantes questions de la relation, de la sexualité, du mariage et de la famille représentent « un terrain conflictuel dans la communauté de l’Eglise ». Il ajoute : « Beaucoup de croyants, surtout membres d’organisations catholiques et du milieu chrétien ne pouvaient plus se trouver dans les textes doctrinaux et les déclarations morales de Rome. Ce fossé ne s’est pas réduit avec les années, mais au contraire il s’est agrandi. Les documents successifs émanant du magistère suprême concernant les questions sexuelles, familiales ou bio-éthiques se sont heurtées à une incompréhension croissante et à une indifférence progressive ».
L’évêque d’Anvers estime que le fossé croissant entre l’enseignement moral de l’Eglise et les avis moraux des croyants relève de divers facteurs, dont celui dû au fait que cette matière a été retirée, après le Concile Vatican II, à la collégialité des évêques et liée presque exclusivement à la primauté de l’évêque de Rome. Mgr Bonny rappelle alors le travail accompli par les pères conciliaires, dont les Belges.
Il regrette que la conscience ait été « reléguée à l’arrière-plan » en ce qui concerne la relation, la sexualité, le mariage, le planning familial et le contrôle des naissance. Il attend du prochain synode qu’il rende à la conscience « sa juste place dans l’enseignement de l’Eglise, dans la ligne de Gaudium et Spes », tout en sachant que tous les problèmes ne seront pas résolus pour autant.
En matière de doctrine, Mgr Bonny plaide pour qu’on ne sépare pas la doctrine de la pastorale. Pour lui, l’une ne peut pas se passer de l’autre. « Toutes deux devront être envisagées si l’Eglise veut ouvrir de nouvelles voies ».
La problématique de l’accès à la communion
Faisant de nombreuses références à l’exhortation apostolique du pape François Evangeli Gaudium », l’évêque anversois poursuit sa réflexion sur l’ensemble des sujets qui devraient être abordés par le prochain synode. Il décrit aussi des situations concrètes qu’il rencontre dans son diocèse, notamment à propos des divorcés remariés, mais aussi des réalités familiales, du mariage, etc. Concernant les divorcés remariés, Mgr Bonny porte sa réflexion sur rois points : le lien entre le sacrement de mariage et le sacrement de l’eucharistie, la participation des divorcés remariés à l’eucharistie et la question de savoir si l’exclusion de la communion des divorcés remariés répond réellement à l’intention de Jésus à propos de l’eucharistie. « Si Jésus fait preuve d’ouverture et de miséricorde à la ‘communion de la table’ dans le Royaume de Dieu, L’Eglise dispose là d’indications sérieuses pour étudier comment elle puisse ouvrir, sous certaines conditions l’accès à la communion à des divorcés de remariés », dit l’évêque.
Mgr Bonny poursuit sur l’annonce de l’Evangile, précisant que si ce message « n’est pas populaire », l’Eglise doit l’exprimer de manière intacte. Pour lui, elle doit rester « une balise lumineuse qui permette de se retrouver ».
L’évêque d’Anvers estime que le Synode sur la famille est un défi, précisant qu’il faut que chacun fasse d’abord sa propre évaluation et établisse ses propres projets. Il en appelle à chacun pour réfléchir sut nos échelles de valeurs, précise que la communauté de l’Eglise a besoin des autres pour réaliser un projet de vie, et estime que les autorités et la société civile doivent avoir le souci de la réussite familiale.
En conclusion, Mgr Johan Bonny aspire à un travail collectif pour le prochain Synode. « Le moins bon que le Synode pourrait faire, me semble-t-il, serait de vouloir déposer rapidement quelques conclusions pratiques. Il vaudrait mieux mettre en route un processus différencié dans lequel autant de personnes que possible puissent se sentir partie prenante (…). Il serait tout de même curieux que l’Eglise comme ‘maison et écle de communion’ en sorte avec moins de patience, d‘échange et de souplesse que le mariage ou la famille comme ‘maison et école de communion’ », conclut l’évêque.
J.J.D.
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