Père Maurice Boisson
Exode 22,20-26 ; Psaume 17 ; 1
Thessaloniciens 1,5c-10 ; Matthieu 22,34-40
Dans une émission de
télévision, on demandait à l’Abbé Pierre : « Pour vous, c’est quoi la
vie ? » L’Abbé a répondu : « La vie, c’est le temps que
Dieu nous donne pour apprendre à aimer. »
« Tu aimeras » - la capacité d’aimer est, avec la vie, le plus beau
cadeau qu’on reçoit, parce que c’est une part de l’être même de Dieu, qui n’est
qu’Amour ; c’est pas rien !
Ce n’est pas évident de bien
mettre en œuvre ce don reçu ; on n’a pas trop de la vie pour apprendre à
aimer, vraiment. Depuis le bébé qui s’ouvre aux caresses de sa maman ou de son
papa, jusqu’à la grand-mère et au grand-père âgés continuant de se donner la
main, pour celles et ceux qui engagent leur vie sur l’Amour du Christ, il y a
des obstacles à franchir, des joies à vivre, des épreuves à traverser.
Puisqu’en français on n’a
qu’un mot pour le dire, ce n’est pas pareil d’aimer le chocolat ou les voyages,
et d’aimer les autres, son prochain.
L’appel qui nous est adressé
ce matin dans cet Evangile rejoint le don d’aimer, imprimé au plus profond de
l’être et du cœur humain, il rejoint le désir qui est en nous de réaliser ce
don, parce que nous sommes faits pour ça.
« Tu aimeras parce que
tu es aimé, d’abord » - c’est le désir et le don de Dieu, qui résument
toute sa pensée, « La Loi et les
prophètes » (cf. Matthieu 22,40). C’est tout le souhait de Dieu pour
nous et pour l’humanité.
On voit bien par expérience
que ça ne marche pas, pour nous, pour la société et le monde, quand on est à
côté, ou à l’envers de ce désir de Dieu.
Jésus nous dit ce matin que
les quelques trois mille pages de la Bible, tiennent en cinq lignes : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le
premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton
prochain comme toi-même » (Matthieu 22,37-39).
La nouveauté, la Bonne
Nouvelle de Jésus, c’est qu’il lie ensemble ces deux feuilles de route de la
vie : aimer Dieu et les autres, et soi-même – qui deviennent inséparables
et dont la réalisation des deux n’est pas une matière à option en choisissant
l’un ou l’autre : « J’aime Dieu, je prie, ça ira » - ou
« Je rends service aux autres, je suis gentil avec eux, ça ira. »
Saint Jean le dit encore plus
clairement : « Si quelqu’un
dit : « J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère ou sa sœur
qu’il voit, il ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas » (Jean 4,20).
« Celui qui aime est né de
Dieu » (Jean 4,7).
Jésus ne sépare pas :
aimer Dieu – aimer les autres, et soi-même. C’est comme une seule et même
rivière qui vient de la même source et irrigue nos relations jusqu’au plus
intime de nous-mêmes.
On bute souvent sur : « Tu aimeras ton prochain comme
toi-même ». Ce n’est pas un appel à renforcer nos tendances égoïstes,
on n’a pas besoin de ça. Notre premier prochain est nous-même. C’est difficile
d’aimer si on se déteste soi-même, si on n’accepte pas d’être aimé soi-même de
Dieu et des autres – comme nous sommes, mais appelés à grandir dans l’amour
pour apprendre à aimer.
Bernanos écrit que « la
grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même comme n’importe lequel
des membres souffrants du Christ. »
« Tu aimeras le Seigneur – tu aimeras ton
prochain, comme toi-même » -
tout est là, tout ce qu’il y a dans les Ecritures en dépend – toute ta vie en
dépend, maintenant et après.
La force d’aimer, que Dieu
met en nous, elle est un peu comme le mouvement des fleurs qui reçoivent et
accueillent d’autre que d’elles-mêmes : la lumière, l’eau, la chaleur, le
soin, et qui le redonnent en beauté, en parfum, en couleur et en possible
harmonie dans la diversité d’une belle composition.
« Tu aimeras » : accueillir et donner - c’est le mouvement
physique du cœur.
« La vie, c’est le temps
que Dieu nous donne pour apprendre à aimer. »
Seigneur, apprends-nous à
aimer comme toi-même tu aimes.
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