mercredi 1 octobre 2014

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face – 2014 - Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face – 2014 - Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

En faisant des courses avant-hier, je rencontre quelqu’un que je connaissais :

« Qu’est-ce que tu fais ? etc… » – « Je vais chaque jour célébrer la Messe avec les Sœurs du Carmel de Saint-Maur ; et là, je rentre préparer la fête de Sainte Thérèse, mercredi. » – « Ah, Sainte Thérèse ! de Lisieux ? »

Et il se met à raconter que son père lui parlait de Sainte Thérèse, qu’il y avait toujours chez eux une médaille accrochée au mur, une image de Sainte Thérèse sur le meuble, et qu’il y a trente ans, ils s’étaient arrêtés à Lisieux avec sa femme, etc…

« On ne va pas tous les dimanches à la Messe, mais on aime bien Sainte Thérèse. »

Ce n’est pas la première fois que j’entendais ce genre de paroles de la part de gens tout simples. J’ai souvent vu aussi dans les maisons une image ou une petite statue de Sainte Thérèse avec ses roses !

Je ne connais pas très bien Sainte Thérèse - Docteur de l’Eglise - et j’ai toujours une question : « Pourquoi cette jeune fille, morte à vingt-quatre, ans après neuf ans de vie au Carmel, après une enfance marquée par la mort de sa mère lorsqu’elle avait quatre ans et l’entrée au Carmel de deux de ses grandes sœurs… pourquoi tant de gens simples, ou notables, se sentent si proches d’elle, ont recours à elle ; pourquoi est-elle si attachante, au point qu’on promène ses reliques, qu’on met en musique ses poèmes ? quel est son secret intérieur, à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte face ?

Cherchant des réponses à ma question, je tombe sur des extraits de la correspondance reçue au Carmel de Lisieux lors de la guerre de 14/18. Thérèse est morte en 1897 ; la guerre a commencé dix-sept ans après.


J’ai été bouleversé, en lisant une vingtaine de courriers de soldats, d’officiers, des témoignages de confiance, d’attachement, de prière, de reconnaissance à Sainte Thérèse. Quels liens entre cette petite Thérèse et ces hommes qui se battaient dans les tranchées ?

L’un d’eux écrivait : « En repartant au front, j’ai quitté Lisieux en portant une certitude absolue de l’avenir. » Vous connaissez sans doute ces témoignages.

Qu’est-ce qui fait cette popularité de Sainte Thérèse ? quel est son secret intérieur ?

Je cherche toujours. Vous avez sûrement la réponse…

La Parole de Dieu pour cette fête m’éclaire ; il me semble, pour nous, là (c’est un partage personnel, plutôt qu’une homélie), que Thérèse a communiqué, a partagé d’un rayonnement intérieur, invisible en apparence, l’expérience qu’elle vivait : une expérience d’Amour, d’accueil et de don.

Sainte Thérèse donne et se donne elle-même ; c’est qu’elle a accueilli une proposition d’amour dès son enfance, dans sa famille, et puis cet amour accueilli a été marqué au fer de la souffrance, de la maladie, de la séparation, des événements. Cet amour accueilli et donné, cet amour à la jonction entre le cœur humain et le cœur de Dieu, a malgré tout permis de réaliser son désir profond de répondre à cet amour qui l’a saisie.

Elle est entrée au Carmel à quinze ans. Là, nous baignons dans la Parole de Dieu de ce jour : « Vous serez cajolés sur les genoux »- dit le Seigneur dans la première lecture (Isaïe 66,10-14) - « C’est moi qui vous réconforterai, et votre cœur se réjouira. »

Saint Jean développe dans la deuxième lecture (1 Jean 4,7-16) : « Dieu est amour. » « L’amour vient de Dieu, c’est lui qui nous aime le premier. »

Au fond, je crois que le secret de Thérèse, c’est d’avoir tout simplement et seulement accueilli cet amour dans les choses les plus quotidiennes. L’accueil de cette offre d’amour produit en nous la présence de Dieu.

« Dieu demeure en nous » (1 Jean 4,12)

Le reste suit, ou suivra. « Pour accueillir cet amour, il ne faut pas faire les malins » - dit Jésus dans cet Evangile (Matthieu 1,25-30) : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » - à ceux qui sont capables de recevoir et de se recevoir de Dieu et des autres.

C’est la disposition intérieure du chemin d’abandon dans la confiance – une autre facette du secret de Thérèse ; elle touche tous les gens - petits et grands - parce qu’il s’agit de l’expérience la plus profonde, la plus simple et la plus difficile du cœur humain, et parce qu’on se retrouve dans ce langage du cœur qui parle.

Sainte Thérèse mourut le 30 septembre 1897, en disant simplement : « Mon Dieu, je t’aime. » Et cet amour continue à faire du bien sur notre terre, depuis le ciel.

 

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