« Qu’est-ce que tu
fais ? etc… » – « Je vais chaque jour célébrer la Messe avec les
Sœurs du Carmel de Saint-Maur ; et là, je rentre préparer la fête de
Sainte Thérèse, mercredi. » – « Ah, Sainte Thérèse ! de
Lisieux ? »
Et il se met à raconter que
son père lui parlait de Sainte Thérèse, qu’il y avait toujours chez eux une
médaille accrochée au mur, une image de Sainte Thérèse sur le meuble, et qu’il
y a trente ans, ils s’étaient arrêtés à Lisieux avec sa femme, etc…
« On ne va pas tous les
dimanches à la Messe, mais on aime bien Sainte Thérèse. »
Ce n’est pas la première fois
que j’entendais ce genre de paroles de la part de gens tout simples. J’ai
souvent vu aussi dans les maisons une image ou une petite statue de Sainte
Thérèse avec ses roses !
Je ne connais pas très bien
Sainte Thérèse - Docteur de l’Eglise - et j’ai toujours une question :
« Pourquoi cette jeune fille, morte à vingt-quatre, ans après neuf ans de
vie au Carmel, après une enfance marquée par la mort de sa mère lorsqu’elle
avait quatre ans et l’entrée au Carmel de deux de ses grandes sœurs… pourquoi
tant de gens simples, ou notables, se sentent si proches d’elle, ont recours à
elle ; pourquoi est-elle si attachante, au point qu’on promène ses
reliques, qu’on met en musique ses poèmes ? quel est son secret intérieur,
à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte face ?
Cherchant des réponses à ma
question, je tombe sur des extraits de la correspondance reçue au Carmel de
Lisieux lors de la guerre de 14/18. Thérèse est morte en 1897 ; la guerre
a commencé dix-sept ans après.
J’ai été bouleversé, en
lisant une vingtaine de courriers de soldats, d’officiers, des témoignages de
confiance, d’attachement, de prière, de reconnaissance à Sainte Thérèse. Quels
liens entre cette petite Thérèse et ces hommes qui se battaient dans les tranchées ?
L’un d’eux écrivait :
« En repartant au front, j’ai quitté Lisieux en portant une certitude
absolue de l’avenir. » Vous connaissez sans doute ces témoignages.
Qu’est-ce qui fait cette
popularité de Sainte Thérèse ? quel est son secret intérieur ?
Je cherche toujours. Vous
avez sûrement la réponse…
La Parole de Dieu pour cette
fête m’éclaire ; il me semble, pour nous, là (c’est un partage personnel,
plutôt qu’une homélie), que Thérèse a communiqué, a partagé d’un rayonnement
intérieur, invisible en apparence, l’expérience qu’elle vivait : une
expérience d’Amour, d’accueil et de don.
Sainte Thérèse donne et se
donne elle-même ; c’est qu’elle a accueilli une proposition d’amour dès
son enfance, dans sa famille, et puis cet amour accueilli a été marqué au fer
de la souffrance, de la maladie, de la séparation, des événements. Cet amour
accueilli et donné, cet amour à la jonction entre le cœur humain et le cœur de
Dieu, a malgré tout permis de réaliser son désir profond de répondre à cet
amour qui l’a saisie.
Elle est entrée au Carmel à
quinze ans. Là, nous baignons dans la Parole de Dieu de ce jour : « Vous serez cajolés sur les
genoux »- dit le Seigneur dans la première lecture (Isaïe 66,10-14) - « C’est moi qui vous réconforterai, et
votre cœur se réjouira. »
Saint Jean développe dans la
deuxième lecture (1 Jean 4,7-16) : « Dieu
est amour. » « L’amour vient de Dieu, c’est lui qui nous aime le
premier. »
Au fond, je crois que le
secret de Thérèse, c’est d’avoir tout simplement et seulement accueilli cet
amour dans les choses les plus quotidiennes. L’accueil de cette offre d’amour
produit en nous la présence de Dieu.
« Dieu demeure en nous » (1 Jean 4,12)
Le reste suit, ou suivra.
« Pour accueillir cet amour, il ne faut pas faire les malins » - dit
Jésus dans cet Evangile (Matthieu 1,25-30) : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux
tout-petits » - à ceux qui sont capables de recevoir et de se recevoir
de Dieu et des autres.
C’est la disposition
intérieure du chemin d’abandon dans la confiance – une autre facette du secret
de Thérèse ; elle touche tous les gens - petits et grands - parce qu’il
s’agit de l’expérience la plus profonde, la plus simple et la plus difficile du
cœur humain, et parce qu’on se retrouve dans ce langage du cœur qui parle.
Sainte Thérèse mourut le 30
septembre 1897, en disant simplement : « Mon Dieu, je t’aime. »
Et cet amour continue à faire du bien sur notre terre, depuis le ciel.
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