Homélie 18e Dimanche Temps
Ordinaire
Carmel de Saint-Maur – P. Maurice
Boisson
Textes :
Qo 1,2. 2, 21-23 ; Ps 89 ; Col 3, 1-5.9-11 ; Lc 12, 13-21
Les héritages et les partages sont souvent, hélas, causes
de brouilles dans les familles. Ce n’est pas nouveau. « Dis à mon frère de
partager avec moi notre héritage ! », demande quelqu’un a Jésus. Ca
ne devait pas se passer très bien dans la famille ! Jésus ne prend pas la
place du notaire. Il renvoie chacun a sa responsabilité et à sa conscience…
avec cette mise en garde de taille : « Gardez-vous bien du désir
immodéré de posséder… Gardez-vous de toute avidité… La vie de quelqu’un, même
s’il a beaucoup de choses, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Ce jour,
ou cette nuit, on peut te redemander ta vie : une maladie, un accident, un
attentat… qu’est-ce que tu feras de tout ce que tu as accumulé ? Il ne
s’agit pas seulement de la possession de biens matériels. On peut être avide de
posséder les autres, le pouvoir, la renommée, les relations, posséder la
vérité, les premières places. Cette mise en garde de Jésus ne veut pas nous
mettre à côté des réalités quotidiennes de la vie. Il faut bien gagner le fruit
de son travail, faire vivre la famille, se développer, vivre décemment.
L’Évangile ne dit pas de ne pas nous inquiéter, de ne pas travailler… il nous
invite à être vigilant, à ne pas nous laisser posséder par ce qu’on possède, à
mettre les choses a leur place : qu’est-ce qui est essentiel ? Qu’est-ce
qui est premier ? « La vie de quelqu’un ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Au bout du compte, on ne nous demandera pas
« Qu’est-ce que tu avais ? », la liste des biens, des comptes.
La question est : « Qu’est-ce que tu as été ?, qu’est-ce que tu
es ? » c’est le plus grand bien, ton trésor intérieur, le meilleur de
toi-même, tes capacités à aimer, à prendre soin, à servir.
Quelles sont les richesses que tu mets en premier dans ta
vie ?
Vendredi, à la messe à Notre-Dame de Paris pour les
victimes des attentats, le cardinal Vingt-Trois disait : on évoque souvent
les valeurs auxquelles il faudrait se référer, mais on parle peu du contenu de
ces valeurs. Quelles sont-elles ? Où sont les vrais biens pour le bien
commun. Qu’est-ce qui vaut ? C’est une question à chacun que nous pose
l’évangile de ce dimanche, en faisant appel à ce qu’il y a de meilleur en nous,
à ne pas en rester aux façades, aux discours ; notre société est toujours
tentée de prendre des enjoliveurs pour l’essentiel.
Le message de ce jour nous redit l’importance de la
qualité de l’être, la qualité du cœur qui inspire les comportements. La vie de
quelqu’un, sa richesse, ne dépend pas de ce qu’il possède, mais de ce qu’il est
pour les autres, pour lui-même, et devant Dieu qui sonde les reins et les
cœurs.
Notre richesse, c’est ce qui ressemble à Dieu, à
l’évangile, parce que c’est bon pour l’humanité ; ce qui ressemble à la
paix, à l’amour, à la justice, à l’ouverture du cœur ; ça construit et
c’est ce qui restera. Ce qui ressemble à la violence, sous toutes ses formes,
ce qui ressemble au renfermement sur soi, est destructeur, ce n’est pas porteur
d’avenir, ce n’est pas ce qui nous est promis et qui nous sera donné par Dieu.
« Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même…
au lieu d’être riche en vue de Dieu : tu es fou, cette nuit on va te
redemander ta vie. »
Laissons-nous habiter aujourd’hui par cette belle prière
du psaume que nous venons d’entendre :
« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours »,
les vrais biens de la richesse et des qualités du cœur.
« Et que vienne sur nous, sur notre pays, sur notre
monde, sur nos familles,
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre
Dieu. »
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