Carmel de Saint-Maur. P. Maurice Boisson
Textes : Dt 30, 10-14 ; Ps 18b ; Col 1,
15-20 ; Lc 10, 25-3
C’est la réponse très concrète de jésus a la question théorique d’un professeur de religion : « Il faut aimer son prochain »,
Ah ! Le bon
Samaritain ! Il a traversé les siècles et les frontières ! Et il est
toujours là. Quel bon Samaritain ! Non seulement dans le langage courant
et les façons de parler ! Mais il est là toujours, en vrai. Le Samaritain
qui peut voir qui est dans le besoin, s’émouvoir devant un blessé, pas
seulement du corps… s’arrêter ; donner de lui-même, de son temps, de son
argent, pour prendre soin de lui. Il prit soin de lui. Prends soin de lui,
dit-il à l’aubergiste… je reviens.
Oui, il est toujours là,
le bon Samaritain !C’est la réponse très concrète de jésus a la question théorique d’un professeur de religion : « Il faut aimer son prochain »,
d’accord. Mais qui est mon prochain ?
« Un homme
descendait de Jérusalem à Jéricho, il est agressé par des bandits, blessé,
étendu dans le fossé… Trois personnes passent près de lui… Les deux premiers,
un prêtre et un employé du Temple, ne s’arrêtent pas, ils changent de côté.
Le troisième est un
étranger, un païen, habitant un pays mal renommé, la Samarie. Il voit le blessé,
il est tout remué, il s’arrête, il s’approche de lui, il prend soin de lui, l’emmène
dans un lieu sûr, avance l’argent… Prends soin de lui…
A ton avis, lequel des
trois a été le prochain de ce blessé ?
Cet exemple que prend
Jésus ne se limite pas à ce blessé physiquement, il s’applique a tous les
blessés de la vie, les blessés du cœur, de l’être-qui sont sur notre chemin.
Le prochain, c’est pas
seulement celui ou celle qui est proche de toi, mais celui ou celle de qui tu
t’approches, avec qui tu supprimes des barrières, des distances : de
religion, de séparation, c’est celui ou celle que tu vois dans le besoin, près
de qui tu t’arrêtes, et de qui tu prends soin.
Aimer son prochain,
c’est faire la démarche en acte, de se rendre proche de qui a besoin. Il y a
tant de manières d’avoir besoin de soins et de prendre soin. « L’amour
doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles », disait saint
Ignace.
Tout rapprochait ce prêtre
et ce lévite, du blessé : la religion, la nationalité, le commandement de
Dieu. Tout les a séparés. Tout séparait le Samaritain de ce blessé : la
religion, les relations, les mentalités… « Qu’y a-t-il de commun entre les
Juifs et les Samaritains (Jn 4) ? » Tout les séparait, l’humanité, l’amour les a
rapprochés, fait devenir proche, prochain… une seule question intérieure s’est
posée au Samaritain, la seule qui vaille : « Quelle est ta
souffrance ? » Le Pape Benoît XVI dans la lettre « dieu est
Amour » écrit : « Fermer les yeux sur son prochain rend aveugle
aussi devant Dieu. » Le Pape François résume bien ce contrat qu’on fait
tous : un des pires maux d’aujourd’hui, c’est qu’on ne prend pas soin les
uns des autres. Ça s’appelle l’indifférence, dit-il, on passe à côté, sans s’arrêter,
trop préoccupé de soi-même… ou aussi pour de bonnes raisons. Ce prêtre… et ce
serveur du Temple étaient peut-être attendus pour un office à Jérusalem !
Saint Vincent de Paul,
qui s’y connaissait comme bon Samaritain, disait a ses compagnons de se méfier
des bons sentiments, de ceux qui sont remplis de grands sentiments de dieu, et
quand ils trouvent une occasion d’agir, ils demeurent courts, il n’y a
personne, disait-il.
Ils passent sur le
trottoir d’en face.
Le message de cette
parole de Dieu rejoint le concret de nos vies, de nos relations, de nos manières
d’être. C’est l’enjeu de notre avenir définitif.
-
Que dois-je faire pour aller au Paradis ? La
question de départ. L’enjeu est de taille.
-
Tu aimeras ton prochain – qui est mon prochain ?
-
Le blessé, de quelque manière, de qui tu te rends proche,
et de qui tu prends soin.
-
Ah ! Le Bon Samaritain ! que ce ne soit pas
seulement une façon de parler ! Va, et toi aussi fais de même, répond
Jésus.
Si tu veux avoir la vie éternelle.
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