Homélie du 8ème Dimanche TO A
Père Maurice BOISSON -
Carmel de Saint-Maur

« Vous ne
pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». « Ne vous faites donc
pas tant de soucis pour demain. » « Ne dites pas
: « Qu’allons-nous manger ? » »… Heureusement, néanmoins,
que quelqu’un a prévu et préparé le repas pour tout à l’heure ! La vie est
faite le plus souvent de soucis, qu’on appelle matériels : le travail,
l’emploi, l’entreprise, l’exploitation agricole, la famille, l’âge de la
vieillesse, la petite retraite, etc…
S’il ne faut
pas servir l’argent, il faut bien qu’il nous serve; « il en faut ! »
comme on dit ! D’ailleurs, l’Évangile nous dit aussi que l’équipe de Jésus
avait un porte-monnaie… Même que Judas tapait dedans ! Jésus, lui-même, a un
métier : il est artisan sur bois. Il a eu des clients, des fournisseurs… même
si c’était moins compliqué qu’aujourd’hui, il fallait bien quand même faire les
affaires. Par contre, on connaît aussi les méfaits du pouvoir de l’argent et de
l’avidité.
Par ses
Paroles, sur quoi Jésus veut-il attirer notre attention dans notre rapport aux
biens matériels et à l’argent ?
Jésus ne
condamne pas l’argent. Il ne pousse pas à l’insouciance, ni à la paresse, ni à
la naïveté. Il ne dit pas de ne pas prévoir, ni de ne pas faire fructifier nos
bien (c’est l’histoire des talents). Il pose la même question que celles des
dimanches précédents sur les relations et le vivre-ensemble : Qu’est-ce qu’il y
a dans ton coeur ? Dans ton esprit ? Dans tes intentions ? Quand tu es devant
des questions d’argent, de biens, de possession, ou de pauvreté, de manque ?
Qu’est-ce qui, pour toi, est essentiel ? Qu’est-ce que tu mets en premier dans
ta vie ? Est-ce que tu te laisses prendre - un peu, beaucoup, trop - par la
recherche toujours plus forte des biens matériels, au point de perdre de vue
les biens les plus précieux de ta vie, de tes relations, du bonheur simple, de
l’attention aux autres ?
LA tentation
est réelle de nous laisser accaparer par un attachement toujours plus fort aux
biens, à l’argent, à ce qu’ils représentent et qui finissent par nous attacher,
nous lier, nous asservir à eux. C’est
vrai aussi, en ayant trop peu, ce sont les soucis qui accaparent et qui pèsent
sur la vie familiale, personnelle, professionnelle : les soucis du lendemain,
ou des mois qui viennent, les échéances etc… Soucis qui peuvent venir du trop
ou du trop peu mais dans les deux situations peuvent empêcher une qualité de
vie.
L’Évangile met
en garde contre tout asservissement par l’argent et ce que représentent
l’argent et les biens; asservissement qui risque de faire des dégâts dans les
personne et dans la société. Cet Évangile apporte une lumière à chacun dans la
situation qui est la sienne : chef d’entreprise ou carmélite, agriculteur ou
prêtre retraité… Les situations sont différentes mais chacun reçoit cette
lumière de l’Évangile : qu’est-ce que tu essaies de mettre en premier ?
L’Évangile ne demande à personne de vivre dans la misère, il demande même de la
combattre, la misère. Il demande à ceux qui vivent dans l’opulence de ne pas en
faire le tout de leur vie.
La clé est dans
le coeur, dans l’intérieur, dans les intentions et les actes de chacun. Elle
est aussi dans le fonctionnement et les structures de la société. L’Évangile
n’est jamais déconnecté de nos situations. Il nous invite à garder les pieds
sur terre, dans ce que nous avons à faire, concrètement, à tourner notre tête
vers le haut, vers les vrais biens, les vraies valeurs et vers notre destinée
finale… les mains ouvertes à autres qu’à nous-mêmes et à nos biens fragiles et
illusoires, le coeur libre de tout asservissement à quelque possession que ce
soit (avoir, pouvoir, savoir). Il nous invite à garder la maîtrise sur les
choses et les biens matériels afin que ce ne soit pas les biens qui aient le
pouvoir sur nous, que ce ne soit pas l’argent qui ait le pouvoir absolu au
détriment de l’Homme.
La toile de
fond de cet Évangile, c’est la confiance. Le frère Aloïs, prieur de Taizé dit
de la confiance : « Elle n’est pas une naïveté aveugle, elle n’est pas un
mot facile, elle provient d’un choix, elle est le fruit d’un combat intérieur.
Chaque jour, nous sommes appelés à refaire le chemin de l’inquiétude à la
confiance. »
« À chaque jour suffit sa peine ! »
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