Homélie de l'Ascension -- Année A
Carmel de Saint-Maur -- Père Maurice
Boisson
"Allez, de toutes les nations
faites des disciples !" C'est la recommandation de Jésus à ses amis
lorsqu'il disparaît à leurs yeux de chair, mais pas à leur cœur. Plus de 2000
ans ont passé. Notre assemblée de ce matin est une belle illustration, petite
mais réelle, de la réalisation de cette parole du Christ. Plusieurs continents,
plusieurs nations sont représentés ici, dans cette chapelle.
"Je suis avec vous, tous les jours
jusqu'à la fin du monde." L'Ascension se continue aujourd'hui. La présence
du Christ ressuscité ne nous manque pas. C'est à nous, aujourd'hui, à donner
vie, visibilité à cette présence. "Il n'est plus devant nos yeux. C'est à
nous de prendre sa place aujourd'hui pour que rien de lui ne s'efface."
(Claude Duchesneau) Il n'a pas d'autres mains que les nôtres pour rendre
présent aujourd'hui le don d'Amour de notre Dieu. Il n'a pas d'autre cœur
aujourd'hui pour rendre présente aujourd'hui la miséricorde de Dieu à tous. Il
n'a pas d'autre bouche aujourd'hui que la nôtre pour redire les paroles de vie,
d'espérance, de réconfort, de relèvement, de paix, paroles qu'il a semées, un
jour, sur la terre de Galilée et qui continuent aujourd'hui de porter du fruit
dans toutes les nations et dans nos cœurs.
L'Ascension n'est pas un décollage du
Christ, comme une fusée partie dans l'infini des mondes, loin, loin, derrière
les nuages et les étoiles. À l'Ascension, en rejoignant l'Amour et le cœur de
Dieu, Jésus, revenu de la mort, plonge encore plus profond dans notre cœur
humain et dans les entrailles du monde.
La Préface le dira tout à l'heure :
" Il ne s'évade pas de notre condition humaine ", il nous est encore
plus présent dans son absence visible. On peut être tout près physiquement et
s'ignorer royalement. On peut être loin, et très proche. La présence ou
l'absence ne sont pas seulement une question de kilomètres. C'est surtout une
attitude intérieure de distance ou de proximité du cœur.
Jésus n'a pas décollé de nos vies,
faites de chair et de sang, de boue et d'eau vive, "d'hommeries" et
des plus belles générosités, mais il les pousse vers le haut, vers un meilleur,
un mieux, un plus beau, vers ce qui est finalement notre destination humaine.
" Il nous donne l'espérance de le rejoindre un jour" (Préface). C'est
nous, souvent, qui décollons, "qui cherchons Dieu dans les nuages,
chantait le Père Duval, et manquons son dernier passage."
Alors que Jésus disparaît aux yeux de
ses amis, dans une nuée - un signe de la présence de Dieu, ceux-ci fixaient le ciel avec tristesse comme
on regarde un avion qui s'éloigne et disparaît peu à peu à nos yeux. Deux
hommes vêtus de blanc (cela rappelle la Résurrection) les secouent : "Galiléens
, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? " "C'est en
Galilée que vous me verrez" avait dit Jésus.
Galiléens que nous sommes, c'est dans
nos Galilées que nous rencontrerons le Ressuscité, dans nos lieux de vie, dans
nos relations, dans nos épreuves et nos joies, nos faiblesses et nos
générosités, dans la proximité d'une présence avec Lui, présence écoutante,
priante, aimante, nourrissante. S'Il n'est plus devant nos yeux de chair, Il
nous donne le
pain et le vin de son Amour -c'est l'Eucharistie. À nous de Lui prêter nos
mains, nos bouches, nos cœurs pour le rendre présent et visible, ici et
aujourd'hui... "pour que rien de lui ne s'efface !"
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