Homélie du 5ème dimanche de Pâques — Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
C’est banal et
peu dire que nous vivons dans un temps compliqué. Vous allez dire : « Ce
n’est pas nouveau ! » C’est vrai. Mais les changements, dans tous les domaines,
se sont considérablement accélérés : des moyens de communication aux modes de
vie, des courants de pensées aux situations de travail, de la vie du village ou
du quartier aux relations avec le monde entier… Ces changements, s’ils
facilitent la vie pour une part, sont souvent source d’inquiétude : « On
est un peu perdu », « Ça fait peur », « On ne sait plus
bien où l’on va ! », autant de sentiments qui manifestent que ce temps
n’est pas simple.
Plus que
jamais, nous avons besoin de points d’appui, de ressources intérieures pour
tenir dans les turbulences. Les paroles de Jésus, que nous entendons ce
dimanche, peuvent rendre plus fortes notre foi, notre confiance, notre
espérance, notre attention aux autres et aux évènements, et nous aider à vivre
plus sereinement.
Les amis de
Jésus sont dans l’épreuve. Il vient de leur parler de ce qui va se passer pour
lui et pour eux : procès, mort, séparation, déception… Il les rassure :
« Que votre cœur ne soit pas bouleversé ! » Il ne s’agit pas d’une
parole bien gentille pour calmer quelques moments leur mal : « Ne vous en
faites pas, ça ira, c’est comme ça. » Non. C’est un don qu’il leur fait et
qu’il nous fait peur tenir bon quand arrivent les passages difficiles. Foi,
confiance, paix intérieure sont autant de points d’appui, des forces
intérieures, un peu comme les pierres au milieu d’une rivière nous permettent
de poser les pieds et de traverser. Des points d’appui, pour vivre dans un
monde balloté à tous vents. Dans nos propres vies, secouées et malmenées, nous
avons besoin de nous appuyer sur ce qui est fiable, durable, solide.
« Vous croyez en Dieu, soyez aussi en moi » dit Jésus à ses amis. Ce
qui nous arrive n’est pas la fin de tout. « Je reviendrai près de vous,
afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. »
Chaque
évènement, s’il porte des moments de peine et de douleur, peut aussi être
« recyclé » pour donner quelques germes de bien. Les situations de la
vie sont un peu comme un iceberg. Il y a la partie visible, et la partie
immergée, beaucoup plus important que celle que l’on voit. On peut s’en tenir à
ce qui apparaît, ce qui est visible. Mais Jésus, ce matin, nous invite à approcher
la profondeur, l’invisible apparent, le sens, l’intérieur, avec humilité.
« Que votre cœur ne soit pas bouleversé ! » Il se passe quelque chose
d’invisible, souvent, mais de réel, dans nos cœurs, comme dans la vie du monde.
C’est cet invisible qui se manifestera et qui est déjà à l’œuvre : le travail
de la grâce, de la présence du Christ ressuscité. « Là où je suis, vous
serez aussi.»
« Je suis
la vie »… qui aura le dernier mot.
« Je suis
le chemin »… pour traverser les passages difficiles
« Je suis
la vérité »… qui indique la vraie direction, les vraies valeurs de la vie.
Paroles nous
invitant à nous appuyer sur l’essentiel pour tenir dans les turbulences comme
dans le calme du temps. Ces appuis, ce sont la foi et la confiance, c’est
pareil. Le cœur
« Que
votre cœur ne soit pas bouleversé ! Je suis le Chemin, la Vérité et la
Vie »
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