Homélie du 3ème dimanche de Pâques – Année A
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson
Qui
n'a pas marché sur un chemin, un chemin intérieur, où tout
semblait perdu (déception, désillusion, échec,
découragement...), un chemin qui tourne le dos à un passé, à
l'ardeur et à l'espérance des débuts ? Quand un beau jour, au
bord du lac, les deux marcheurs d'Emmaüs avaient suivi Jésus, sur
un regard, sur une parole. « Il fallait bien être un peu
fou ! » Sur ce chemin, qui n'a jamais cherché à
comprendre ce qui arrivait ? Quand le jour baisse et alourdit
l'obscurité intérieure : ce Jésus, libérateur, dont les
paroles et les actes ont suscité tant d'espoir, opéré tant de
relèvements, de guérisons, il finit condamné à mort. C'est
difficile de tourner la page quand un événement nous a secoué.
Nous
voilà, comme ces deux amis, sur la route qui éloigne des événements
douloureux. Quelqu'un nous rejoint. Il écoute raconter ce qui s'est
passé, il écoute les peines, les questions, les découragements. Il
explique que ce passage par la souffrance n'est pas le dernier mot.
Voici que quelque chose en eux, en nous, redonne courage. C'est le
secret d'une présence derrière le voile des apparences. Sur ce
chemin, qui n'a pas croisé, à un moment, un timide rayon de
lumière, comme celui qui ose se glisser sous une porte fermée pour
indiquer le jour ?
Une
présence, cela se sent dans le cœur, même si les yeux sont
empêcher de la reconnaître. Cette présence nous rejoint. On a
envie qu'elle demeure avec nous, surtout quand la nuit approche. « Le
soir approche, reste avec nous ! » Reste avec nous. Cette
parole d'amitié, doucement suppliante, nous sauve, comme les deux
amis. L'obscurité intérieure réclame toujours la discrète lumière
et la douce chaleur de la paisible présence.
Les
voici entrés dans cette auberge, tous les trois, et nous avec, assis
à une table près de la cheminée. L'inconnu prend le pain, que le
patron vient d’apporter sur la table. Il fait une prière. Il
partage le pain et en donne un morceau à chacun. Ils le
reconnurent : leur ami, le crucifié, celui avec qui ils avaient
bourlingué pendant pendant trois ans. L'inconnu qui les a rejoint,
c'est Lui ! Dieu se fait reconnaître par son identité :
l'Amour.
Quand
ils le reconnurent, il disparaît à leur regard, pour leur demeurer
présent à jamais. Ils prennent alors la route du retour, pour
retrouver leurs amis et leur partager la joie et la foi de cette
rencontre avec Jésus le Ressuscité. Ils en seront ensemble les
témoins.
Nous
sommes frères et sœurs de ces deux marcheurs vers Emmaüs, sur le
chemin de nos vies, de nos situations, des événements. C'est là,
et non dans les nuages, que nous rejoint le Ressuscité pour faire
chemin avec nous, comme nos deux frères.
« Si
regarder en arrière nous cause du chagrin,
Si
regarder devant nous fait peur »
Regardons
à côté de nous. Dieu, en Jésus ressuscité, se fait marcheur à
nos côtés. Il est là. Notre cœur n'est-il pas tout brûlant,
quand nous le savons à nos côté, sur notre chemin, même si nous
ne le reconnaissons pas !
L'auberge
d'Emmaüs est au croisement de toutes les routes humaines, au
croisement de nos chemins. Elle est indiquée sur nos GPS intérieurs.
Ne manquons pas de franchir la porte de cette auberge, de nous
asseoir autour de la table où nous attend le Christ ressuscité.
C'est ici qu'il se fait reconnaître, en nous partageant le pain qui
nous permettra de reprendre la route, c'est l'Eucharistie.
« Reste
avec nous, Seigneur Jésus,
Toi
le convive d'Emmaüs,
Au
long des veilles de la nuit,
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