Homélie du 7ème dimanche de Pâques — Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Beaucoup
d’entre nous ont assisté aux derniers moments d’un proche. Les derniers gestes,
les dernières paroles restent souvent gravées dans notre mémoire et dans notre
coeur. On y repense, on les répète, on s’en imprègne, comme le fait Saint Jean,
tous ces dimanches de Pâques. Il nous rappelle les paroles d’adieu de Jésus à
ses amis, au cours du dernier repas qu’il partageait avec eux. Saint Jean
répète ces paroles, les retourne dans tous les sens, les rumine, à tel point
que l’on a l’impression d’entendre toujours les mêmes choses.
Ces dernières
paroles de Jésus sont essentielles, elles sont comme un trésor de richesses
inépuisables pour nos vies : en ce dernier dimanche de Pâques, entre Ascension
et Pentecôte, il est question de don, de donner. 10 fois ce mot est employé
dans ces quelques lignes. Mais pour donner, il faut avoir de quoi donner. Il
est aussi question de ces ressources intérieures, d’une vie intérieure
alimentée dans la proximité du Christ.
Jésus nous
laisse le don le plus précieux : celui de sa vie, celui de l’Amour : « Il
n’y a pas de plus grand amour que de
donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn15,13). « Aimer, c’est tout
donner et se donner soi-même » dit Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
(Poésie 54). Jésus est le don de Dieu pour nous, pour que nous ayons la vie, la
vie pleine, entière, pour toujours. « La vie éternelle, c’est qu’ils te
connaissent, Toi, le seul vrai Dieu » (Jn17,3). Saint Irénée de Lyon,
disciple de Saint Jean, disait : « La gloire de Dieu, c’est l’homme
debout. » (C.H., livre 4, 20:7).
La vie de l’homme, c’est de connaître, de voir Dieu. Nous sommes conduits en
nous-mêmes, dans notre intériorité, là où se trouve le don de Dieu, la source.
« Donne-moi de l’eau vive » demande la Samaritaine pour apaiser sa
vie compliquée. « Donne-moi de voir, d’entendre… » demandent l’aveugle, le sourd. « Je vous
donne la paix, je vous donne ma joie. Personne ne vous l’enlèvera »,
souhait et don du Ressuscité.
« Qu’avons-nous
que nous n’ayons reçu ! » demande Saint Paul (1Co 4,7). Que sommes-nous que nous n’ayons reçu ? Nous
sommes, nous-mêmes, don de Dieu : « Tu me les as donnés » dit Jésus
dans cet Évangile. Si l’on est don de Dieu, c’est vrai que nous ne sommes pas
toujours un cadeau pour les autres mais
nous avons à faire toujours en sorte que ce don que nous sommes les uns pour
les autres soit un beau cadeau pour les autres - comme l’est l’amour de nos
Mamans que nous fêtons aujourd’hui.
Ces dons de
Dieu, ce sont nos trésors intérieurs, ils ne s’usent et ne s’abîment que si
l’on ne s’en sert pas. S’ils ne sont pas partagés, ils rouillent. S’ils ne sont
pas redonnés, ils sont comme l’eau qui croupit. Tout don de Dieu nous rend
donnant à notre tour, c’est notre responsabilité, notre manière d’être acteur,
dans les réalités de la vie quotidienne et de la vie ensemble.
Nos trésors,
nos richesses intérieures, dons de Dieu, fécondent ce que nous faisons,
fécondent nos relations, nos désirs, nos projets, nos engagements, notre paix
intérieure.
Nous désirons
des relations de paix, un monde plus juste, moins de violence et de terrorisme,
plus de souci des valeurs, de la dignité humaine, du respect de la vie…
Cherchons aussi les solutions à l’intérieur de nos coeurs, de nos consciences,
de nos choix, de notre façon d’être et de vivre, dans cet espace sacré de la
vie intérieure où nous pouvons recevoir ces dons de Dieu et puiser l’énergie
intérieure pour en vivre et s’en servir pour le bien de tous.
Nous avons
peut-être besoin, aujourd’hui, de retrouver le goût de Dieu, dans
l’intériorité, là où murmure la source, le don de Dieu. Nous pouvons retrouver
le goût de l’humain, des vraies valeurs de la vie, des dons de Dieu.
« La gloire de Dieu,
c’est l’homme debout. »
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