Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
« Allo,
c’est toi, Bernard ! Il y a longtemps que l’on ne s’est pas parlé mais je
reconnais ta voix! Je te reconnais à ta voix… »
Chaque voix est
particulière, unique. Elle traduit souvent l’intérieur : « Tu n’as pas la
même voix que d’habitude ! »
Ecouter la voix
de quelqu’un, c’est beaucoup plus que d’entendre des mots et des sons. C’est le
rejoindre, un peu plus loin que les sons. « Les brebis écoutent la voix du
berger. Il les appelle chacune par son nom, elles le suivent parce qu’elles
connaissent sa voix. »
Pour faire
comprendre son message, Jésus emprunte des images, des comparaisons avec ce
qu’il voyait autour de lui : la vie des gens, des bergers, des troupeaux, de la
vigne, une femme qui pétrit la pâte pour faire le pain… etc. Les moutons, les
brebis, les bergers, faisaient partie de son paysage. Ils sont là à Noël. Jésus
emploie cette image pour s’adresser aux pharisiens, « mais eux ne comprirent
pas de quoi il leur parlait. »
Le soir, les
troupeaux étaient rassemblés dans un enclos, fermé par une porte, sous la garde
d’un portier. Le matin, chaque berger venait reprendre ses bêtes, les siennes.
Celles-ci sortaient de l’enclos et suivaient le berger au son de sa voix :
« Il appelle chacune par son nom, et il les fait sortir car elles
connaissent sa voix. » Cette image nous montre le soin, l’attention, la
proximité que Dieu, le Christ porte à chacun, à chacune. On n’est pas dans
l’anonymat, ni un numéro dans un troupeau. Aux yeux du Bon Berger, le Christ,
chacun, chacune a un nom par lequel il est appelé, et appelé à sortir de
l’enclos, de ce qui enferme.
« Tu as du
prix à mes yeux ! » dit Dieu, « Tu es précieux pour moi. » Si
une brebis s’égare dans la montagne, le Berger laisse les quelques autres pour
partir à sa recherche. Il prend soin de nos fragilités, il nous connaît, et il
veut vraiment que nous soyons heureux, pas forcément d’un bonheur extérieur,
mais de ce qui peut rendre heureux au fond de nous-mêmes, à travers ce qui
arrive. Ces « petits bonheurs » dont parle une chanson, qui
apparemment, n’ont l’air de rien, mais qui suffisent à nous remplir le coeur, à
nous donner une paisibilité intérieure. Cela aide à vivre, comme une petite
flamme qui tient bon malgré les courants d’air, les événements. Un petite
flamme que l’on croit parfois éteinte mais qui se rallume parce qu’elle ne peut
pas rester éteinte… elle est vie…
« Je suis
venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » Cette vie
est exprimée par le psaume 22 que nous avons chanté. « Le Seigneur est mon
berger, rien ne saurait me manquer. » C’est le désir de Dieu, comme d’un
bon berger : nous conduire vers les prés d’herbe fraîche et les eaux
tranquilles pour refaire nos forces et nous faire revivre. Ce désir de ne pas
nous voir atteints par les forces du mal : « Si je traverse les ravins de
la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi. »
À chacun, à
chacune, aujourd’hui, de reconnaître la voix du Seigneur, de Le reconnaître à
sa voix, de reconnaître à quoi correspond ce désir de bonheur pour nous, dans
notre vie concrète. Le bon berger ne nous laisse pas enfermer dans nos enclos,
là où nous pourrions être à la merci de ceux qui escaladent le mur pour nous
tenir enfermés. Le Bon Berger, le Christ, entre par la porte et l’ouvre, pour
que nous puissions le suivre et qu’à notre tour, nous soyons de bons bergers
les uns pour les autres. Prendre soin, porter attention, connaître et
re-connaître à la voix, être là dans les passages difficiles, ouvrir les portes
intérieures, indiquer le bon chemin où veut nous conduire le Bon Berger, c’est
à tout cela que le Seigneur nous appelle.
En ce jour de
prière pour les vocations, commençons d’être de bons bergers les uns pour les
autres. Nous donnerons peut-être goût et envie à quelques uns, quelques unes
d’être un peu plus « bons bergers » à l’image du Christ, en se
donnant plus totalement eux-mêmes par amour pour frères et soeurs. Cela vaut le
coup !
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