Homélie du 6ème dimanche de Pâques — Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
« Soyez
prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous. Faites-le avec douceur et
respect. » C’est ce que nous venons d’entendre dans la lettre de Pierre.
« Pourquoi
donc, Michel et Liliane sont-ils aussi disponibles et accueillants, quand il y a
besoin d’aide ? » « C’est comme le Dédé : si ça ne va pas, tu vas
parler avec lui. Il sait t’écouter et te dire une bonne parole qui t’encourage.
Il prie beaucoup. »
« Au fait, pourquoi les sœurs se sont-elles faites sœurs ?
En plus, au Carmel ! Il y a tellement à faire dans le monde ! »
« Et chez Yves, c’est beau ce qu’ils font avec leur groupe
pour s’entraider dans leur profession. C’est difficile, ça leur prend du temps.
Ils disent que c’est leur foi qui les secoue. »
« Sans oublier la mamy, qui, dans son fauteuil, égrène
dans, son cœur, son chapelet pour les siens. »
… Et tout ce qui reste secret. On peut dire des choses
semblables et d’autres, sur chacun de nous. Emmanuel Mounier disait : « Le
chrétien, c’est quelqu’un qui a un secret dans le cœur. » Or, chacun sait
qu’un secret, ça se devine, ça se sait… et cela se partage !
Ce secret,
c’est ce que nous portons, au plus profond de nous-mêmes, ce qui nous pousse à
agir de telle ou telle façon, à faire tel ou tel choix plutôt que tel autre,
c’est ce qui nous habite au plus intime de nous-mêmes : notre foi, nos
convictions, nos désirs, ce qui inspire nos paroles, nos actes, notre manière
d’être.
Ce secret, c’est
notre espérance, dit Saint Pierre dans la 2ème lecture de ce jour, la source,
l’énergie, la mise en œuvre de ce que nous croyons. C’est le bon parfum de
l’Évangile, reçu à notre baptême, que nous avons à répandre, pour que la vie
soit plus belle. « À quoi sert le parfum, s’il reste dans un flacon fermé
? » (Paul Claudel).
Notre façon
d’agir, de vivre provoque des questions, de l’admiration, et de
l’incompréhension, des moqueries, de l’indifférence ou pire : des persécutions.
C’est actuel.
« Qu’est-ce
qui te fait vivre ? Pour qui tu roules ? » Les premiers chrétiens, à qui
Saint Pierre s’adresse, se trouvaient dans des situations très difficiles, où
ils n’étaient pas acceptés, ni admis dans la société du temps. Pierre leur
écrit : « Soyez prêts à rendre compte de l’espérance qui est en
vous. »
« Qu’est-ce
qui te pousse à être comme ça ? À agir ainsi, à faire ce choix ? Alors que ce
n’est pas ton intérêt, ni ta tranquillité, ni la mode !
« Le
langage du Christ est celui d’un cœur fraternel et bon » écrit Madeleine
Delbrel témoignant de « nous autres, gens des rues ». Rendre compte
de l’espérance qui est en moi, quand on me le demande, c’est essayer, très
simplement, de dire ce secret, qui, au fond de moi, me pousse à être et à agir
de telle façon, malgré mes erreurs et mes faiblesses.
Le Pape Paul
VI, il y a 40 ans, faisait ce constat toujours actuel : « L’homme
contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres. S’il écoute
les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » (Annoncer l’Évangile
n°41).
Soyons prêts à partager cette espérance qui est en nous, avec
celles et ceux qui cherchent, non pas comme des gens tristes et découragés,
impatients ou anxieux, mais vivants de ce secret reçu : la présence et la joie
du Christ ressuscité. Il nous redit, tous ces dimanches de Pâques, combien sa
présence de Ressuscité ne nous manque pas : « Je ne vous laisse pas
orphelins » nous dit-il ce matin. Il met en nous, par son Esprit, une
énergie intérieure, cette « petite espérance » dont parle Péguy,
« qui n’a l’air de rien du tout, tremblante à tous les vents, impossible à
éteindre. » Soyons prêts à nous communiquer cette espérance, comme on se
passe l’eau bénite à l’entrée de la chapelle, pour nous rappeler qui nous
sommes.
« Faites-le
avec douceur et respect » nous dit Saint Pierre. C’est la condition pour
être entendus. Partager simplement ce qui est en nous, en étant nous-mêmes,
avec l’autre, qui est lui-même. C’est toujours en profondeur, en eau calme que
l’on se rejoint. C’est l’itinéraire de la vérité : chemin de douceur, de
respect, de patience. Saint Alphonse de Ligori, spécialiste de la morale,
disait : « Les âmes trop sûres d’elles-mêmes font trembler. »Être
témoins ne consiste pas à faire trembler pour imposer, mais à susciter le doux
bruissement d’une source, qui donne vie à deux sœurs jumelles : l’espérance et
la joie intérieure…
… à partager, c’est un secret ! « Vous serez mes témoins ! »
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