dimanche 18 février 2018

Homélie du 1er Dimanche de Carême



Homélie du 1er Dimanche de Carême
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
           
            C’est pourtant vrai ! Jésus a bien été tenté, comme nous ! Il a aussi ressenti en lui ces appels, ces pressions à faire le contraire des désirs de Dieu, de son Père. Il a été tenté, au début de sa mission, de faire le contraire de ce pourquoi il était envoyé. Il a tenu tête aux propositions sournoises et attirantes du tentateur. « Il a vécu notre condition d’être humain en toutes choses, excepté le péché » (Prière Eucharistique n°4). Il nous dit que les forces du Mal ne seront jamais victorieuses. Nous le fêterons à Pâques.

            C’était dans le désert, juste après avoir entendu la déclaration d’Amour de son Père : « Tu es mon Fils bien-aimé ». Elle résonne encore à ses oreilles. Il sentait son coeur tout plein de cet Amour qui allait guider sa vie. C’est à ce moment qu’il rencontre le « contre-Amour », « l’anti-Amour », le tentateur qui voulait diviser, dissocier le Fils du Père. Il voulait couper le lien de l’Amour et de la confiance, c’est le diviseur ! C’était déjà pareil à la première tentation de nos premiers ancêtres : « Ne l’écoute pas (Dieu) et tu verras, tu seras comme lui ! »… séparer l’homme de Dieu.


            Nos affrontements au mal se logent souvent au coeur-même de nos générosités, de nos désirs de Dieu et d’aimer, qui ne plaisent pas du tout à celui qui est le contre-Amour !

            C’était dans le désert. Ce n’est pas loin, le désert ! C’est souvent en nous-mêmes. Notre espace intérieur peut être à la fois sable de Dieu et sable du tentateur. Les deux nous y rendent visite. Ils sont sûrs de nous trouver dans nos générosités comme dans nos fragilités. L’expérience du désert peut être ces moments d’aridité, de sec, de soif intérieure, de solitude, de lutte intérieure, de l’illusion des mirages… et aussi expérience des moments d’oasis, de fraîcheur intérieure, de repos, de rencontre personnelle avec Dieu dans la ferveur ou le doute, moments de retrouvailles avec nous-mêmes, espace décapant de l’amour retrouvé, redonné, si bien exprimé par le prophète Osée : « Je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. […] Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse» (Os 2,16-17)

            Le désert peut être un lieu de tentation, c’est encore notre Évangile. Les Pères, les  premiers moines du désert, qui s’y retiraient pour trouver Dieu, ont souvent rencontré la tentation (nous pensons à Antoine ou à Jérôme). Le désert est un lieu de manque. Le tentateur fait croire que ce manque peut être comblé par n’importe quoi, alors que Dieu seul, et ce qu’Il propose, peut combler l’être humain, parce qu’il est fait pour Lui.
            Jésus a tenu tête au tentateur en gardant sa main dans la main et dans l’Amour de son Père : « Tu es mon Fils Bien-aimé ». Et nous sommes, nous aussi,  fils et filles de Dieu. C’est le sens du Carême.
            Plus habile que le malin, Jésus répondra par les Paroles, par la pensée de Dieu :
-     « Tu as vu ces pierres, tu peux en faire des pains ! »
-     « On ne vit pas seulement de biens matériels » dit Jésus.
-     « Regarde tous ces territoires, ils sont à toi… sit tu te couches à mes pieds »
-     « Tu n’adoreras que Dieu seul, tu ne te mettras pas à plat ventre devant les idoles. » Et il y en a ! 
-     « J’ai un bon truc à te proposer : tu te jettes du dessus du Temple quand il y a plein de monde. Les anges vont te servir de parachute, tu vas atterrir en douceur. Quel succès ! Tout le monde va croire en toi ! »
-     « Dieu n’est pas dans la frime, ni dans le paraître. Il est au dedans de toi ! » 

            Nous sommes tentés différemment, selon ce que nous sommes. Le tentateur connait les failles de nos sécurités intérieures. Il nous arrive d’entrouvrir la porte. « Rien n’est perdu » dit Saint Bernard. L’Amour sera toujours plus fort que l’anti-Amour.

            Dans l’affrontement au mal, nous ne sommes jamais seul : Jésus est tenté par Satan, mais « les anges le servaient. » Au jardin des oliviers, quand la peur, le doute et la tentation faisaient dire à Jésus : « Que cette coupe passe loin de moi ! » (Mt 26,39). Alors, « du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait » (Lc 22,43). Les anges sont la présence invisible de Dieu près de nous, qui nous garde sur tous nos chemins, même et surtout dans nos déserts et qui nous relève.

            Après ce séjour au désert, Jésus partit proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu.

            Le bout du désert, de nos déserts, c’est le tombeau vide du matin de Pâques. Alors n’ayons pas peur de suivre ce chemin dans le désert qui mène au soleil de la Résurrection !

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