Quelques réflexions - 26 Février 2018
Carmel de Saint-Maur - Père JM Bouhans
La prière de Daniel se retrouve dans les livres d’Esdras
et de Néhémie, mais dans un contexte un peu différent : celui d’une prière
publique, une sorte de célébration pénitentielle au Temple de Jérusalem. Daniel
est en exil, loin du Temple : avant sa prière, il médite un texte de Jérémie
qu’il voudrait comprendre et plus tard après le texte d’aujourd’hui, à la fin
de sa prière, l’ange Gabriel viendra lui apporter une réponse. Même s’il est
seul, la confession de Daniel garde une dimension collective : elle met en
cause « nos rois, nos princes, nos pères, et tout le peuple du pays ». C’est
collectivement qu’ils se sont détournés de Dieu. Notre conversion est une tâche
permanente mais le carême plus qu’un fait personnel, doit trouver une dimension
communautaire.
Luc dans l’évangile propose un chemin de retour au
Seigneur fait de pardon et de justice. Deux dimensions importantes pour le
temps du carême sont indiquées dans les quatre impératifs du texte qu’il nous
faut bien lire. Jésus ne dit pas : « Ne jugez pas pour ne pas être jugés ». La
miséricorde ne s’accorde avec aucun marchandage, aucun contrat, elle est
toujours du domaine du gratuit. En ne jugeant pas, le non jugement entre dans
la vie de quelqu’un et remplace le jugement. La non-condamnation entre dans la
vie de quelqu’un et remplace la condamnation. Le pardon entre dans la vie de
quelqu’un, prend toute la place, et supprime tout genre de conditions. Le don
gratuit entre dans la vie de quelqu’un et supprime tout genre de marchandage.
Et même la mesure, - instrument bien commercial - de la
fin du texte est utilisé de manière paradoxale pour déborder le domaine
commercial : en effet, Jésus parle d’« une mesure bien pleine, tassée secouée
débordante ». On n’est plus dans une relation commerciale mais dans le domaine
de la surabondance. Celui qui n’entre plus dans le domaine de la mesure, c’est
Dieu. Le texte ne le dit pas explicitement, mais la mesure surabondante « sera
versée » et cette tournure du verbe au passif, dans la langue de Jésus, laisse
entendre que Dieu en est le sujet. Un verbe au passif un moyen pratique pour ne
pas nommer Dieu. Mais c’est aussi un moyen pour nous dire que cette attitude
nous concerne aussi.
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