Carmel de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
C’est à ce moment que Pierre, dans notre Evangile, dit à
Jésus : « Et nous? on a tout quitté. Quel intérêt y a-t-il à te
suivre? Qu’est-ce qu’on y gagne? On aurait dû faire comme cet homme :
rentrer chez nous, à nos bateaux, à notre pêche, à nos familles, à nos maisons.
Voilà qu’on a tout quitté ! Et alors? et après? »
Pierre a une mentalité tout à fait de notre temps : il
pense en termes de gain, de profit, de pertes. « Qu’est-ce que ça rapporte? »
de participer à telle œuvre, de prendre telle responsabilité, ou même d’aller à
la messe? de s'engager dans la vie religieuse?
Jésus répond en multipliant par cent ce qu’ils ont quitté.
Le suivre, lui, Jésus, en fait, rapporte beaucoup : cent fois plus. Non
pas en termes économiques, mais en abondance – non pas en biens, mais en être.
Une autre façon de voir que celle de l’argent, de l’avoir,
des biens matériels : l’abondance, la Vie éternelle, dit Jésus ; au
sens de plénier, complet, entier. Le centuple de bonheur humain dès maintenant,
d’amitié, de gratuité, de richesses des autres, reçues, partagées, données, de
joie intérieure, du sens de la vie.
Le centuple que promet Jésus est un vrai chemin de vie. Dans
les quelques lignes précédentes, l’homme « s’en
alla tout triste » (Marc 10,22) chez lui, en lui, dans ses biens, « car il avait de grands biens ».
Malgré les difficultés, et pour les disciples, la
persécution, il semble que sur ce chemin de Jésus, du renoncement naît l’abondance
- le contraire de la logique économique.
Pour cela et sur ce point je n’ai rien à vous dire mais j’ai
à apprendre de vous, mes Sœurs. On ne peut le vivre que si on consent à
s’ouvrir sur l’invisible – ce qui est essentiel est invisible aux yeux, nous
dit le Petit Prince. Au-delà de ce qui est provisoire, apparent, Jésus nous
ouvre sur la perspective d’abondance et de renoncement - le centuple dans les
apparentes pertes. « Personne n’aura
quitté, à cause de moi et de l’Evangile, une maison, des frères, des sœurs, une
mère, un père… » (Marc
10,29) sans qu’il ne reçoive en ce temps déjà, maintenant, le centuple,
l’abondance.
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