Homélie 1° dimanche de l'Avent A
2013
Carmel de Saint-Maur - Père
Maurice Boisson
En Avent… en avant ! Il
ne s’agit pas d’une dictée de Bernard Pivot : nous sommes avant Noël –
avant avec un a - nous préparons
cette belle fête de l’anniversaire de la naissance de Jésus, Dieu venu habiter
parmi nous. Et nous entrons dans le temps de l’Avent – avec un e.
Avent : ce qui vient, ce qui arrive, ce qu’on attend - le retour
du Seigneur, sa venue, à la fin des temps, dont nous ne savons ni le jour, ni
l’heure, nous dit l’Evangile de ce jour.
Nous
sommes entre ces deux venues : celle de Noël, qui est réalisée il y a plus
de deux mille ans, et celle à venir, dont nous avons-nous-mêmes à participer à
la réalisation.
C’est
l’attente active, vivifiante, dont il est question dans cet Evangile : « Veillez donc… Tenez-vous donc
prêts. » (Matthieu 24,42.44) « L’heure
est venue de sortir de votre sommeil » - dit Paul dans la deuxième
lecture (Romains 13,11) – pour préparer ce monde nouveau.
C’est
le temps de l’Avent où, dans l’absence, il y a la Présence. C’est le temps du
désir de plus d’être, de plus de bonté, de beauté, de fraternité, de lumière.
« C’est comme la saison dans laquelle nous sommes entrés » - dirait Jésus
en parabole : après les semailles d’automne, l’œil pressé ne remarque rien.
Celui ou celle qui a semé sait que la semence est là : à la sortie de
l’hiver, ils iront frotter la croûte de la terre, pour voir, des fois que ça
sorte déjà !
Dans
l’essence, la Présence – c’est vrai pour tout - la terre de nos cœurs est
ensemencée elle aussi, ensemencée de lumière. Ce sont la première et la
deuxième lecture : « Marchons à
la lumière du Seigneur » (Isaïe 2,5), le jour est proche, mettons des
habits pour combattre les ténèbres.
Le
désir de faire des outils de travail avec les épées qui tuent, de convertir nos
poignards de méchanceté en faucilles qui moissonnent ce qui deviendra le pain
partagé.
Le
temps de l’absence, entre les deux venues, est habité par la Présence. Il y a
Quelqu’un dans nos vies. Il y a une promesse qui habite et donne corps à nos
désirs. Essayons de ne plus être habitués, mais habités – comme une mère porte
la vie ; son être a été ensemencé, elle sait qu’elle porte la vie avant
que ça se voie ou que ça se sache.
C’est
le temps de l’attente : l’attente nous transforme, nous sommes ensemencés
des semences du monde nouveau de Dieu, de l’Amour. Nous sommes nous-mêmes
porteurs de ces grains pour ensemencer à notre tour notre quotidien. Nous avons
parfois l’impression que nous sommes au temps de l’enfouissement, de l’hiver
moral. « Des fois que ça sorte, que ça ‘trésisse’
déjà ! »
Ce
temps de l’Avent nous invite à nous laisser travailler à l’intérieur pour que
la Présence de l’Amour de Dieu prenne chair, corps, en nous, au cœur même de
l’anéantissement du déluge, au temps de Noé – c’est l’Evangile. Mais Noé lâche
la colombe. Sur le soir, elle revient à lui, avec, dans le bec, un frais rameau
d’olivier.
C’est
le temps de l’expérience intérieure du passage vers du neuf, du frais.
Comment
pouvons-nous être ce rameau d’olivier, signe de la décrue du déluge, signe
d’une terre habitée, signe de la vie, de la fraîcheur, de renouveaux - au ras
des pâquerettes de la banalité de notre quotidien, de nos relations, de nos
activités, de notre famille, de notre communauté ?
Ces
bouts d’olivier, ce sont ces petits gestes, paroles, présences, attentions, qui
annoncent la réalisation - aujourd’hui - de la promesse qui germe depuis le
premier Noël vers son accomplissement.
« Marchons à la lumière du
Seigneur » - « Sortez de votre sommeil » - « Tenez-vous
prêts » - « Veillez »
(Matthieu 24,42) : c’est notre feuille de route pour ce temps.
Alors,
en avant pour un bon Avent !
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