Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
On
demandait à un grand reporter de télévision : « Que faites-vous la
nuit de Noël ? » Il répondit : « Je regarde la crèche et je
me tais ! » »
En
plein cœur de cette nuit et de cette célébration, regardons la crèche ; prenons
quelques minutes pour laisser s’allumer en nous une petite lumière, une
présence, une étoile, une paix.
Cette
nuit, la lumière vient du dedans.
Comme
le dit la dernière lecture : il nous arrive de marcher « dans les ténèbres »,
d’habiter « le pays de
l’ombre », mais « une
lumière a resplendi » (cf. Isaïe 9,1).
Quel
désir intérieur, quelle mélodie d’un ailleurs entonnée par les messagers de
Dieu, nous ont conduits ce soir à la crèche ?
Comme
les bergers ! Oh, ils n’étaient pas familiers des grandes cérémonies,
plutôt pas recommandables ! Mais c’est à eux les premiers à qui s’est
offert le merveilleux cadeau de Dieu : celui du don de sa présence, de sa
paix, de sa lumière.
La
grâce de Dieu s’est manifestée à nous. La grâce de Dieu : sa beauté, dans
les laideurs des méchancetés, sa bonté dans les violences, sa paix dans les
volontés de dominer et d’écraser, sa guérison dans nos blessures, sa vie dans
toutes les formes de mort, …bref, ce que signifie la grâce et le sourire d’un
enfant posé dans la paille.
Le
vieux Père Noël, barbu, il donne des choses, des choses à consommer, à jeter.
Dieu, dans sa grâce, sa beauté, se donne lui-même à nous. Dieu Amour donne ce
qu’il est : l’Amour – pour que nous ne soyons plus sur la paille de nos
fragilités, de nos épreuves, mais pour que nous devenions ce qu’il est. Notre
pauvre paille humaine devient du divin !
Au-dessus
de la crèche : une étoile veille. Elle nous renvoie dans le silence et la
lumière, là où émerge l’essentiel, l’important, le bon, le beau, le vrai, la
paix et la joie intérieure ; ce qui naît par les passages aux portes et
aux cœurs fermés, comme au premier Noël, ce qui naît toujours de l’intériorité
et de l’amour. Ce que disait très bien notre chant du début : « Toute nuit
pressent que la lumière jaillira de l’aube qu’elle attend. » On est au cœur de la vérité de Noël.
Et
si, Sœurs, frères, au cœur de cette nuit, la crèche, c’était nous, notre cœur…
Vous
avez remarqué qu’il n’y a pas de porte à la crèche. S’il n’y avait pas de place
à la salle commune, il y a de la place à l’étable : elle est ouverte, à
tous, quelles que soient nos situations, nos chemins de joie et de croix, à la
condition de se baisser un peu, de se pencher, pour regarder, d’accepter de se
faire un petit peu plus petit pour pouvoir respirer la paix lumineuse et douce
qui nous attend.
Devant
la crèche où nous reviennent sans doute beaucoup de souvenirs, nous pouvons
poser nos sacs, respirer et rallumer nos lumières intérieures.
Comme
notre ami reporter, retrouvons un moment et un espace d’intériorité et de paix
intérieure, là où nous pouvons approcher et accueillir, en nous penchant, une
présence de paix, d’amour et de lumière, le grand cadeau de Noël, le don du
cœur et de l’être même de Dieu. Ce don de l’Amour nous rend donnant à notre
tour.
Alors,
Bon Noël.
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