Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
La
fête de Noël est toujours porteuse d’émotions, de souvenirs, parfois d’un peu
de nostalgie, de bonheur.
On
sent qu’un coup de fil, un message, une pensée ou une prière secrètes voudraient
exprimer une présence, une proximité, un peu ce quelque chose qui manque
parfois dans le courant de la vie. C’est peut-être pourquoi Noël permet au
monde de souffler un peu, de faire des trêves par-delà les problèmes, les
banalités ou les grands événements qui secouent nos sociétés.
Noël
touche au plus profond de nous-mêmes et de l’humanité. Il rejoint nos désirs de
mieux, de meilleur, de paix, de lumière. Noël nous tire vers le haut, parce que
Dieu est venu en bas, chez nous. Il a mis « pied à terre », pour que
nous puissions mettre pied au ciel.
« Et le Verbe s’est fait chair, il
a habité parmi nous » (Jean
1,14).
Il
est la vie et la lumière des hommes, la lumière qui éclaire nos ombres et nos
nuits. C’est le grand message de Saint Jean dans cet Evangile.
Si
nos villes et nos villages, nos maisons et nos rues sont décorés de lumière,
c’est que nous avons besoin de lumière. La nuit n’est pas notre pays. Si
seulement nous mettions autant de soin à éclairer nos cœurs, nos
intérieurs !
En
Jésus - Dieu parmi nous -, est la lumière. « Je
suis la lumière » - dira-t-il plus tard. Non pas une lumière qui
éblouit et aveugle, mais une présence qui rassure et indique le chemin. Tous,
nous avons part à cette lumière, à cette présence - dit encore Saint Jean. La
Bonne Nouvelle de Noël, c’est que nos vies sont ensemencées de lumière,
ensemencées du divin, d’amour, de paix – des semences à faire grandir.
Chaque
année, en célébrant Noël, nous redisons la certitude de cette présence
permanente de Dieu parmi nous.
Nous
sommes témoins d’une espérance plus forte que nos inquiétudes. En nous s’allume
une lumière plus forte que nos épreuves, nos blessures, que notre péché.
« Ecoutez la voix des
guetteurs » - dit la première
lecture (Isaïe 52,8). Ecoutons, regardons, soyons nous-mêmes les marqueurs qui
nous disent là où la nuit est moins épaisse, le côté où se lèvera le jour, là
où la lumière jaillira de l’aube que la nuit pressent.
« Nous
allons de naissance en naissance » - écrivait la Frère de Chergé, de Tibhirine ;
de naissance en naissance, de lumière en lumière, pour faire naître et grandir
les enfants de Dieu que nous sommes – c’est la deuxième lecture (Hébreux
1,1-6).
Nous
sommes nés de Dieu, nés de l’amour et de la lumière. L’essentiel ne peut
rayonner que du dedans – il n’est pas dans l’apparence.
Depuis
Noël, Dieu habite le dedans de notre humanité, de nos vies, le plus profond de
nous-mêmes, là où nous avons part à sa plénitude - dit encore Saint Jean –, où
nous recevons de lui grâce après grâce.
Dans
les civilisations païennes, ce jour où la lumière reprend un peu de temps sur
la nuit, on fêtait le soleil invaincu : arrivé au bout de sa course, au
solstice, il repart et remonte.
Nous
avons reçu dans nos cœurs la lumière sans déclin de Dieu, en Christ, qui est
lumière. Le don de Dieu nous rend donnant à notre tour de cette lumière, de
cette paix, pour faire basculer la nuit, les nuits qui attendent l’aube.
Bon
Noël.
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