dimanche 22 décembre 2013

Homélie 4° dimanche de l'Avent 2013

Homélie 4° dimanche de l'Avent 2013
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

« Voilà c’que c’est, mon vieux Joseph, d’avoir pris la plus jolie parmi les filles de Galilée, celle qu’on appelait Marie ! Tu aurais pu prendre Sarah, ou Déborah, et rien ne serait arrivé, mais tu as préféré Marie ! »

Ces quelques lignes de la chanson de Moustaki – « Joseph » -, nous mettent au cœur de l’Evangile d’aujourd’hui et de l’attente de Noël.

Qu’est-il donc arrivé ? D’accueillir l’inattendu de Dieu dans une situation difficile, douloureuse, pour Marie et Joseph : un projet de mariage brutalement brisé.

En voyant revenir Marie de chez sa vieille cousine en Judée, Joseph voit qu’elle est bien enceinte ; il n’y est pour rien. Que faire ? Obéir à la loi et renvoyer publiquement Marie ? C’est la solution en ce temps là, mais ce n’est pas l’idée de Joseph. Il aime tant Marie. Joseph est bon. Comment peut-il la livrer à la honte publique et aux jugements des hommes ? Non ! Il décide de la renvoyer, mais en secret. C’était l’idée de Joseph dans la nuit de sa souffrance.

« Tu aurais pu, mon vieux Joseph, te séparer de Marie. »

Ce n’était pas l’idée de Dieu. Ca aussi, ça nous rejoint : nos projets, nos idées qui ne sont pas ceux de Dieu, on connaît !

« Joseph, n’aie pas peur de prendre chez toi Marie, ton épouse. » (Matthieu 1,20)

Chez toi, pas dans un appart du quartier, pour sauver la face ! Chez toi.

« L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (Matthieu 1,20)

« Et c’est toi qui donnera le nom à cet enfant : ‘Jésus - le Seigneur sauve ! » (Matthieu 1,21)

Il revient au père de donner le nom à l’enfant. « Tu seras père autrement. »

Il n’y a pas que les paternités et les maternités du sang qui donnent la vie, qui font grandir.

Joseph, cet homme tout simple, avec son rabot, sa scie, son mètre et son marteau, n’est pas un beau parleur : il est écoutant ; il écoute la voix intérieure, comme il écoutait chanter sa varlope. Une présence intérieure à lui-même dans sa conscience, exprimée par la parole de l’ange – porte-parole de Dieu la nuit.

Dieu parle dans le secret de notre conscience, au plus profond de nous-mêmes, si nous savons faire taire les bruits de fond et de l’autour. Dieu parle dans nos situations les plus difficiles – c’est souvent là qu’il est.

« Eh oui, tu aurais pu – mon vieux Joseph -, écouter le règlement, la loi, les commérages, les habitudes, l’orgueil de ta réputation ; mais tu as préféré écouter le discret murmure de ta conscience chuchoté par l’ange pendant ton sommeil – la nuit porte conseil ! »

« Quand Joseph se réveilla – c’est la fin de cet Evangile -, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait dit : il prit chez lui Marie, son épouse. » (Matthieu 1,24-25)

Sans parole, il obéit – il écoute. Ca ne veut pas dire « sans sentiments et sans questions ».

Joseph change son idée, son projet de renvoyer Marie, pour s’ajuster à l’idée de Dieu : un juste, un ajusté. Réaliser le projet de Dieu : devenir père autrement, vivre avec Marie, accueillir l’enfant, le faire grandir, lui apprendre un métier, et surtout, l’essentiel, lui apprendre ce qu’est un père aimant.

Ce n’est pas étonnant que Jésus parlera après, avec passion et amour, de son Père du ciel. Il l’aura appris près de Joseph, ce qu’est un père -, comme il aura appris près de Marie les premiers gestes et les premiers mots de la tendresse dont il saura si bien faire profiter celles et ceux qu’il rencontrera.

La présence de Dieu venu à Noël n’est pas dans les nuages mais au cœur même de nos situations humaines. Ces jours, les lumières sont dans les rues, dans les vitrines, dans les arbres, sur les façades des édifices et des maisons ; les lumières sont au-dehors. Est-ce qu’elles sont aussi à l’intérieur ? dans nos cœurs ? Sont-elles même dans nos impossibles humains, là où ce qui paraît sans issue peut être déverrouillé ?

« Tu aurais pu, mon vieux Joseph, cette nuit-là, mettre des boules Qiès à ta conscience et à ton cœur. Apprends-nous ta bonté et ton écoute.

‘Ne crains pas de prendre chez toi Marie.’

Merci Joseph, grâce à toi on peut accueillir dans nos cœurs celui qui sans cesse vient. »

Aucun commentaire: