Homélie 6e dimanche A 2014
Carmel de Saint-Maur - Père
Maurice Boisson
C’est vrai en famille, dans
une communauté religieuse, dans un lycée, bien sûr. C’est vrai pour une nation,
et avec la mondialisation, l’Europe et le monde se donnent des règles.
C’est vrai pour chacun de
nous, pour conduire notre vie, c’est vrai pour l’Eglise, qui a ses normes, sa
morale - comme on dit -, qui ne sont pas toujours bien perçues quand elles
apparaissent trop souvent comme des interdits, des permis et des défendu.
La Parole de Dieu de ce
dimanche nous donne une autre façon de voir, d’agir, de penser, une autre
logique que celle du permis et du défendu. Le message de la première
lecture et de l’Evangile nous invite à fonder notre agir, notre comportement,
pas d’abord par rapport à des lois, des règlements, mais par rapport à notre
responsabilité personnelle, à notre cœur, à l’Amour, qui est source de la
liberté – non pas de faire n’importe quoi, mais d’agir de telle manière
qu’on réponde à un amour.
C’est la nouveauté, la Bonne
Nouvelle de l’Evangile du Christ : avoir pour guide de vie un cœur qui
aime.
Le cœur, dans la Bible, c’est
le centre de la personne, de l’être, c’est la conscience, « ce sanctuaire
intérieur » - dit le Concile, c’est la raison – cette capacité de
réfléchir, de discerner. Le cœur, c’est le lieu de nos choix, de notre volonté,
de notre responsabilité personnelle et de notre liberté.
L’Evangile fait appel, pour
notre agir, non pas d’abord à des lois, mais à ce qu’il y a de plus profond
dans l’être humain : son cœur et sa liberté.
C’est la première
lecture : « Si tu le veux, tu
peux observer les commandements Il dépend de ton choix de rester fidèle. »
(Ben Sirac 15,15) …ça dépend de ton choix, de ton cœur.
« Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le
feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont
proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée, selon leur
choix. » (Ben Sirac 15,16-17)
Etonnante actualité de ces
paroles quelques siècles avant le Christ, parce que ce qu’il y a dans le cœur
humain traverse le temps, les modes, les systèmes de pensées ; c’est le
lieu de l’amour, source de notre agir et de toute morale.
C’est la nouveauté de
l’Evangile de ce jour :
« On vous a dit – dit
Jésus – de ne pas tuer, c’est bien ; mais moi je vous dis de ne pas vous
mettre en colère contre l’autre. La colère dans ton cœur est source de
violence, de haine, de méchanceté, qui peuvent abattre l’autre – il y a des
paroles assassines.
On vous a dit – dit Jésus –
de ne pas prendre ce qui appartient à l’autre, c’est bien ; mais moi je
vous dis de ne pas désirer, de ne pas envier dans ton cœur ce qui est à
l’autre, car c’est la source d’actions mauvaises pour te l’approprier. C’est
dans le cœur que ça se passe. » (cf. Matthieu 5,21-22 ; 27-28)
« Je ne suis pas venu abolir, mais
accomplir » - dit Jésus
(Matthieu 5,17) …je ne suis pas venu supprimer les commandements mais les
accomplir, les dépasser, ne pas en rester à une pratique extérieure du permis ou du défendu.
On peut consulter un code
civil ou canonique, un code de la route, les commandements de Dieu, ou ce qui
se fait, une mode.
On peut consulter sa
conscience, sa raison, son cœur et le désir de Dieu.
Si notre agir, notre morale,
sont inspirés par l’Amour, nous grandissons en liberté - à laquelle nous sommes
appelés – dit Saint Paul (cf. Galates
5,13).
C’est le verset d’acclamation
de l’Evangile : « La loi du Seigneur est joie pour le cœur, lumière
pour les yeux. » …joie, et pas un boulet.
Saint Augustin, qui dans une
première partie de son existence s’y connaissait en vie déréglée, résume bien
le message de ce dimanche : « Aime et fais ce que tu veux. »
…pas n’importe quoi, car si tu aimes, tu feras ce qui est bon pour les autres,
pour Dieu, pour toi-même. Tu feras encore plus que le permis ou le défendu par
la loi.
C’est ce que nous avons
demandé dans la prière du début : « Dieu qui veux habiter les cœurs
droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce. » … selon l’Amour
que tu mets dans nos cœurs.
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