Homélie Présentation du Seigneur 2014
« Prendre un enfant par la main… et
l’emmener vers demain… Prendre un enfant dans ses bras. »
C’est
une belle chanson d’Yves Duteil ; c’est un très beau geste du vieux Syméon :
« Syméon prit l’enfant dans ses
bras. » (Luc 2,28)
Un
geste de toujours ; il n’y a rien de plus jeune et de plus beau qu’un
geste de toujours ! C’est déjà le geste de Dieu pour son peuple, dans la
Bible.
Syméon,
un homme sans complication, plein de bon sens et de droiture, attendait - comme
beaucoup – la venue de l’envoyé de Dieu, le libérateur, la consolation du
Peuple. Attentif à sa voix intérieure, il pressentait qu’il verrait ce messie
avant de mourir. Alors qu’il allait faire sa prière au Temple, comme
d’habitude, il se trouve nez à nez avec un couple de gens tout simples, venant
faire, comme tout le monde, ce que disait la Loi : quarante jours après la
naissance du garçon premier né, le présenter au Seigneur.
En
les voyant, Syméon, écoutant sa voix intérieure, a eu un
« déclic » : c’est lui, cet enfant, lumière de Dieu pour le
monde. Il le prit dans ses bras.
Près
d’eux, à l’entrée du Temple, une femme, âgée elle aussi, qui passait beaucoup
de temps à prier – Anne -, rencontre ce couple et l’enfant. Elle n’arrête pas
de parler de cet enfant comme celui qui libérera le peuple.
La
Présentation de Jésus au Seigneur est un modèle de discrétion, de simplicité,
de rencontre ; c’est là que Dieu se tient : pas dans
l’extraordinaire ; c’est son style.
« Lorsqu’ils eurent accompli tout
ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans la
ville de Nazareth. » (Luc 2,39)
Dieu
nous attend et nous rejoint dans la simplicité, dans la discrétion des
événements quotidiens, dans ce qu’on a à faire.
Cette
fête de la Présentation s’appela d’abord fête de la Rencontre. Quelle belle
appellation ! La rencontre du désir, de l’attente, avec ce qu’on espère.
Rencontre d’un monde ancien : Syméon, Anne –, fécondé, renouvelé par la
nouveauté de l’enfant. La rencontre de Dieu, de l’Evangile, du Christ, des
témoins, suscite toujours en nous du neuf, de la lumière - dit Syméon -, de la
paix, de la fraternité, de l’ouverture à plus que nous-mêmes, de l’appel à
plus.
C’est
sans doute le cadeau que la Rencontre des personnes consacrées offre à la
société.
En
ce jour, avec Syméon, nous pouvons dire merci pour ce don de Dieu, à travers
des hommes et des femmes qui ont choisi, en toute liberté, de réaliser plus
pleinement leur vie de baptisés, en s’offrant plus totalement à Dieu, à la
suite du Christ, dans des formes de vie très diverses, dans des monastères,
dans des petites fraternités, dans un quartier ou un village, dans l’anonymat
au milieu du monde… pour des présences sur différents terrains de vie - sociale
ou ecclésiale, santé, éducation, personnes âgées, prisonniers, malades,
visites, écoute –, soit par le témoignage plus caché et discret de la prière,
de l’accueil, de la vie communautaire.
C’est
une richesse immense du signe de l’essentiel, disque dur du cœur et de
l’existence humaine, dont notre temps a tellement besoin.
Un
monde ancien, comme Syméon et Anne, en désir, en attente de consolation, de
raison, d’espérer.
On
a de la chance, dans notre petit département, de bénéficier de la présence de
trois communautés monastiques : l’Abbaye d’Acey, des moines trappistes,
les Sœurs Clarisses de Poligny, et ici nos Sœurs Carmélites.
Ce
sont des lieux source dont nous avons tous besoin : espaces de silence et
de paix, d’intériorité et de prière, de fraternité et d’accueil.
Un
douzaine de communautés religieuses, des personnes seules consacrées, sont
présentes aussi dans divers lieux et milieux, dans notre diocèse. Elles
essaient d’être signes, indicateurs de la présence de la charité du Christ.
Peut-être
qu’aujourd’hui, dans une société à mentalité et pratique de rentabilité,
d’utilité, de façades et de superficialité, le message est plus difficile à
faire passer ; néanmoins, il rejoint, au cœur de beaucoup, un désir, une
aspiration, une attente, vers de vraies valeurs de l’existence.
A
l’entrée du Temple, tous n’ont pas reconnu - comme Syméon et Anne -, ni même
soupçonné qui était cet enfant. Pourtant, rien n’est jamais perdu, ni pour soi,
ni pour les autres, ni pour Dieu, de ce que notre vie peut dire de lui - du
Christ et de son message.
L’écrivain
Julien Green disait : « Le plus grand danger du monde, c’est de
perdre le goût de Dieu. »
En
ce jour, remercions Dieu du don qu’il fait de la vie consacrée, de nos Sœurs du
Carmel, pour que nous ne perdions jamais le goût de Dieu. Plus rien n’aurait de
goût !
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