En marge du consistoire qui s’est tenu ces derniers jours au Vatican, la question de la gouvernance reste centrale. Dans ce domaine, le pape François doit agir avec délicatesse, ce qui n'est pas toujours chose aisée.
Trop centralisée au Vatican, « clientéliste », « népotiste », ébranlée par l'affaire Vatileaks... Quand les cardinaux du monde entier sont arrivés à Rome après la renonciation de Benoit XVI, la réputation de la Curie était loin d'être optimale. Mandat très clair fut donc donné à François pour rendre la gouvernance de l'Église plus collégiale et plus efficace, ce à quoi il s'attela, mais à son rythme.
« Ce qui fut inhabituel nous explique Antoine-Marie Izoard directeur de l'agence de presse I.Media spécialisée sur le Vatican, c'est qu'il a pris son temps. » D'un côté, il confirma tout le monde jusque nouvel ordre et « a donc suspendu les responsables de la Curie à sa propre volonté, ce qui a créé un climat d'impatience et d'amertume chez certains » ; d'un autre, il institua un conseil de huit cardinaux chargé de réenvisager avec lui la gouvernance de l'Église.
Une volonté de collégialité
Aujourd'hui, alors que les confirmations ou infirmations aux postes clés se généralisent au cas par cas, ce conseil de huit cardinaux issus des différents continents illustre cette volonté de collégialité portée par le pape et les siens. Pour autant, ce « C8 » ne contente pas tout le monde, tant François semble lui réserver les discussions portant sur l'avenir institutionnel de l'Église. « On a l'impression que la réforme se fait sans la Curie », nous explique encore Antoine-Marie Izoard, « et par cette politique consciente ou inconsciente, le pape favorise un climat de bavardage qu'il critique pourtant vivement. Un point étonnant également, c'est qu'il n'a jamais mis en place un conseil des ministres, alors que l'on sait que ce qui manque au Vatican, c'est une bonne communication transversale.»
Un an après son élection, les défis en terme de gouvernance restent donc immenses et difficiles pour François. Il doit faire preuve de plus de poigne que son prédécesseur, tout en restant diplomate et rassembleur ; il doit bousculer les organigrammes, tout en ménageant la tradition qu'il sait importante. « Pour un pape, le grand défi est de pouvoir s'entourer de personnes de confiance », conclut Antoine-Marie Izoard. Si tous les choix de François n'ont pas été accueillis avec le même enthousiasme, il a su prendre aussi des décisions très judicieuses. « Son secrétaire d'État par exemple, Mgr Parolin, est une personnalité sérieuse, diplomate, appréciée, et qui pourra être le pivot idéal entre le pape et une Curie qu'il connait très bien. »
Bosco d'Otreppe, Correspondant à Rome
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