P JM Bouhans
Nous ne voyons pas directement notre visage mais les
autres le voient. Et notre visage est un reflet de tout notre corps pour les
autres. « Tu as une mauvaise tête » ou « tu as une belle mine ». Le front tendu
marque la préoccupation. Les lèvres serrées la colère. Un sourire communique de
la joie. Et si tout cela est vrai, quel sens prennent les paroles de ce matin
celle du prophète Isaïe ! « Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et
les crachats » ; et celles du psaume ! « la honte me couvre le visage ».
Comme hier et lundi, et vendredi encore, la première
lecture est un des quatre chants du serviteur, chez le prophète Isaïe. C’est un
personnage mystérieux, qui malgré les difficultés, le mépris, les oppositions
s’engage pour libérer le peuple, raviver son espérance. Malgré sa situation
difficile, il ne cesse de regarder du côté su Seigneur son Dieu, et il fait
référence à lui quatre fois au cours de la lecture. Dans les prochains jours, nous
allons souvent contempler le visage de Jésus. Et je ne sais si le visage de
Jésus ressemble à celui des icônes comme celle du fond du chœur, ou bien au
visage du Crucifié ici sur la croix en métal ou sur la croix qui se trouve au
dehors. Comment était le visage de Jésus quand chacun lui demandait « est-ce
moi Seigneur ? » Ceux qui l’interrogeaient ont-ils vu préoccupation, rage,
frustration ou déroute ? Ont-ils vu un visage lumineux, débordant d’amour dans
chacune de ses millions de cellules ? Ce que je sais : c’est que dans ce visage
que la liturgie nous donne de contempler, je retrouve le visage de Jésus mais
aussi celui de tous les souffrants de la terre.
« Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » : il
y a là des paroles terribles qui nous semblent incroyables dans la bouche d’un
disciple, choisi personnellement par Jésus. Mais plus encore que notre
indignation, notre plus grande question est de comprendre comment on peut en
arriver là. Tout a commencé par la grande désillusion dans le cœur de Judas,
par la perte de foi dans la tactique de
Jésus. Judas croyait dans l’argent et le pouvoir était pour lui le
chemin pour arriver à un grand changement, à la grande libération qu’espérait
le peuple de Dieu ; Judas avait arrêté de croire dans le Jésus pauvre et
éloigné des puissants de ce monde. Cela fut la racine la plus caché, la plus
profonde de sa trahison, son manque de foi dans le style de Jésus, dans son
programme. Dans la liturgie de ce jour, Judas est traité en opposition avec le
Serviteur. Il arrive aussi que nous aussi, nous voulons en même temps être
disciples de Jésus et suivre nos propres critères de vie, assez éloignés de
ceux proposés par Jésus. Aujourd’hui demandons-lui une fidélité totale à sa
personne, à son style de vie et à sa Parole.
1 commentaire:
merci.
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