Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Actes 3,13-15.17-19 ; Psaume 4 ; 1 Jean
2,1-5a ; Luc 24,35-48
Aujourd’hui
on a plutôt tendance à se méfier. On fait moins spontanément confiance, en tous
domaines. On se fait tellement avoir ! Ce n’est pas totalement faux !
Du coup, la confiance en prend un coup et fait place à la méfiance. A qui se
fier ? Et quand la confiance est atteinte, on n’est plus sûr de
grand-chose, ni des autres ; on se méfie pour se protéger ! Et ce sont
les relations, la vie ensemble, qui en souffrent. Par contre, et ça fait partie
des contradictions du cœur humain, on fait confiance assez facilement à des
rumeurs, des on-dit, des bruits, qu’on prend pour du bon pain.
En
fait, la plupart des choses qu’on croit, on les croit sur la parole de
quelqu’un, ou d’un groupe, à qui on fait confiance.
Ce
qui se passe dans la vie sur ce sujet, c’est encore plus vrai dans notre vie de
chrétiens. La foi n’est rien d’autre qu’une confiance. C’est le même mot. On fait
confiance à des témoins qui depuis l’origine, tout au cours des siècles et
jusqu’au bout du monde, nous ont transmis la Bonne Nouvelle que le Christ mis à
mort est ressuscité et vivant. Cette Bonne Nouvelles, ils l’ont réalisée, l’ont
incarnée dans la vie du temps et des lieux où ils étaient.
Ce
n’est pas une évidence de croire à la Résurrection, dès le début. Même pour
ceux à qui Jésus s’est montré vivant après sa mort, ça n’a pas été facile d’y
croire et de faire confiance à celles et ceux à qui il s’était montré.
Les
apôtres disent que Marie-Madeleine et les femmes radotent quand elles disent
avoir vu le tombeau vide, et deux hommes leur disent que Jésus est ressuscité.
Ils
ne croient pas non plus les amis de retour d’Emmaüs où ils avaient reconnu Jésus
à l’auberge. C’est l’Evangile de ce matin.
Alors
Jésus met le paquet pour se faire reconnaître aux yeux de ses amis méfiants et
peureux. Ça va souvent ensemble, la méfiance et la peur.
Jésus
se rend présent au milieu d’eux, les salue avec le souhait de la paix, le don
du Ressuscité.
Ils
sont tout retournés, ils ont peur, ils ont toujours du mal à faire
confiance ! « C’est un esprit ! J’hallucine ! » (cf.
Luc 24,37)
« Touchez-moi,
dit Jésus, vous voyez bien que je suis chair et os ! » (cf. Luc
24,39)
Ça
ne suffisait encore pas à les convaincre.
« Donnez-moi
à manger ! » (cf. Luc 24,41)
« Alors,
cette fois, on ne peut pas y échapper. S’il mange, c’est qu’il est vivant, et
que ce n’est pas un esprit. Un esprit, ça ne mange pas, et on ne peut le
toucher. »
Jésus
mange la part de poisson grillé qu’ils lui présentent.
« Cette
fois, vous croyez et vous pouvez vérifier que ça correspond à ce que les
prophètes et la Loi ont dit à mon sujet. A vous d’être les témoins de cette
expérience que vous venez de vivre : la Bonne Nouvelle de la
Résurrection : ce Jésus, de Nazareth, mis à mort (vous vous êtes sauvés),
il est vivant. Il vous demande d’en être témoins » (cf. Luc 24,46-48).
Quelle
aventure !
Il
y a aujourd’hui 1 milliard 255 millions de catholiques dans le monde. Nous en
sommes. Tous ces gens de toutes races, de tous pays, comme nous-mêmes, n’ont
jamais vu de leurs yeux, ni touché de leurs mains le Ressuscité en chair et en
os. Notre foi repose sur la parole, l’expérience et le témoignage de quelques
femmes, et d’une poignée d’amis de Jésus – qui n’étaient, certes, pas des
élites du temps.
Cela
nous suffit, avec la parole de Jésus lui-même, avec le geste du don de sa vie,
que nous refaisons en mémoire de lui, avec le témoignage des croyants de tous
les temps.
C’est
à nous aujourd’hui que Jésus dit : « A vous d’en être témoins, de faire que cette nouvelle et que cet
événement soit crédibles, ici et maintenant. »
Il
ne s’agit pas de faire des miracles, mais de poser des gestes, des actes, des
manières de vivre au quotidien, qui soient à notre portée, qu’on peut faire ici
et maintenant, comme des signes de Ré-surrection, de vie, d’ouverture de
tombeau, de re-lèvement, de re-commencement ; petits ou grands signes,
attitudes, qui peuvent rendre crédible notre foi, donner confiance – et pas
méfiance – à ceux qui attendent cette Bonne Nouvelle.
« A vous d’en être les témoins, à
commencer les uns pour les autres, c’est à cela qu’on vous reconnaîtra comme
mes disciples. »
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