Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Genèse1 à 2,2 ; Psaume 103 ; Genèse
22,1-18 ; Psaume15 ; Exode 14,15 à 15,1a ; Cantique Exode
15 ; Isaïe 54,5-14 ; Psaume 29 ; Isaïe 55,1-11 ; Cantique
Isaïe 12 ; Baruc 3,9-15.32 à 4,4 ; Psaume 18B ; Ezéchiel 36,16 à
18-28 ; Psaume 41-42 ; Romains 6,3b-11 ; Psaume 117 ; Marc
16,1-7
Elles
la guettaient, elles l’espéraient, cette petite lueur qui s’arrache aux ténèbres
pour mettre au monde le jour - « de
grand matin » (Marc (16,2) - Marie Madeleine, Marie et Salomé, ces
amies qui ont accompagné Jésus sur les routes de Galilée. Comment ne pas se
soucier de l’ami, comment ne pas lui apporter les derniers soins funéraires,
alors qu’aucun homme de son équipe des douze n’a été capable d’enterrer leur
maître.
Leur
proximité avec Jésus, leur affection, leur intuition féminine, leur faisaient
pressentir que tout n’était peut-être pas fini ; surtout chez Marie
Madeleine, que Jésus avait ressuscitée de l’intérieur dans sa vie tumultueuse,
en la libérant de ses démons.
Au
moment où Joseph d’Arimathie déposait le corps de Jésus, ces trois femmes
avaient bien observé l’endroit… pour y revenir, bien sûr. Jamais ce n’est
totalement et définitivement fini. L’aube s’arrache toujours à la nuit. Après
les vendredis et les samedis de misère, de souffrances, de reniements,
d’abandon, de solitude, qui ont rempli le tombeau, celui-ci peut être vide,
vidé, de la mort, du mal, de la nuit, de la mauvaise odeur du mal.
Oui,
la pierre est roulée, le tombeau est ouvert. C’était un gros obstacle et un
gros souci pour ces femmes, de pousser la grosse pierre qui fermait le tombeau.
« Qui va nous aider à rouler la pierre ? » (cf. Marc16,3)
Il
y a toujours une pierre, quelque chose, qui ferme, qui enferme, qui est lourd
et qu’il faut pousser pour laisser entrer et sortit la lumière et la vie.
La
pierre est roulée, elle était pourtant très grande. Ce n’est pas un silence de
mort qui accueille ces trois amies, mais la voix douce, profondément joyeuse,
paisible, secrète, discrète, d’un jeune homme habillé de blanc, de lumière,
dans ce décor macabre.
« Elles eurent peur » (Marc 16,5). Comme on les comprend !
Qu’allait-il leur annoncer ?
« Le
crucifié, le Nazaréen, que vous cherchez, il est vivant. Il n’est pas ici, dans
le tombeau, lieu de mort. Il est en Galilée, chez vous, où vous l’avez
accompagné, là où il est passé faisant le bien. Allez le dire à Pierre, disparu
de la scène, sûrement enfermé dans sa maison : le ressuscité vous attend,
il vous a devancés, dans vos Galilée, dans vos vies. Il y est toujours, c’est
là qu’il est. Là vous le verrez, comme il
vous l’a dit… (cf. Marc 16,6-7) et pas en regardant les yeux levés au ciel
(c’est l’Ascension – cf. Actes 1,11). »
De
grand matin - l’aube est discrète mais on est sûr qu’elle viendra.
L’Espérance
que nous apporte cet événement du Christ ressuscité de Pâques reste toujours
fragile et menacée, elle traverse les vendredis saints de l’histoire et de
notre histoire – celle de nos vies. Qui nous aidera à pousser la pierre ?
Pour tendre l’oreille à celui qui nous dit, doucement, « il n’est pas ici,
il est vivant dans nos Galilée ».
Comme
Marie Madeleine, que nous retrouverons demain matin, Marie et Salomé, dans
notre monde brutal, soyons des êtres de Résurrection, vivants. La pierre est
roulée, rien n’est définitivement fermé.
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