Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Actes 4,18-12 ; Psaume 117 ; 1 Jean
3,1-2 ; Jean 10,11-18

A
l’époque de Jésus et de la Bible, le troupeau était souvent la seule richesse
de son propriétaire. Les brebis, les bergers, faisaient partie du paysage et de
l’environnement habituel. On le voit à Noël. Le métier de berger est celui dont
on parle le plus dans la Bible. Dieu lui-même est considéré comme le bon berger
qui aime, conduit son peuple, en prend soin.
« Le Seigneur est mon berger, je ne
manque de rien… sur des près d’herbe fraîche, il me fait reposer… » - on connaît bien ce Psaume (22,1-2).
Jésus
lui-même est annoncé par les prophètes comme la brebis qu’on mène à l’abattoir
(cf. Isaïe 53,7). Il est désigné par Jean-Baptiste comme l’ « Agneau de Dieu qui enlève le péché du
monde » (Jean 1,29).
Jésus,
dans l’Evangile de ce matin, se présente lui-même comme « le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis » (Jean
10,11).
Replaçons
cette belle image du Bon Pasteur dans son temps, pour en découvrir toute
l’actualité, la richesse et l’importance pour aujourd’hui.
Mais
« revenons à nos moutons ! »
Soyons
plutôt heureux - et pas honteux – d’être comme les brebis de Dieu, aimées,
attentionnées, guidées, soignées, respectées par un Bon Berger qui donne sa vie
pour nous, pour notre bien, pour le bien de l’humanité.
Ce
Bon Berger nous appelle à être, comme lui, de bons bergers les uns pour les
autres. Ce soin qu’il nous donne nous rend donnant à notre tour de ce même soin
pour les autres.
Dieu
nous considère comme sa richesse, son trésor. Nous avons du prix à ses yeux, et
dans son cœur ; nous comptons pour lui (cf. Isaïe 43,4), chacun de nous
est unique.
Il
nous connaît non pas d’une connaissance de savoir ou de surveillant :
d’une connaissance du cœur, qui est celle de l’Amour.
Il
en est ainsi de chaque personne, de chaque être humain, comme – on peut dire -
de chaque brebis.
Pour
Dieu, chaque être humain est unique. L’important, ce sont les personnes, qui
sont pour lui ni des objets, ni des pions de jeux, ni des statistiques.
« Le Bon Berger donne sa vie pour
ses brebis » parce qu’il tient à
elles ; elles sont à lui ; ce sont elles qui comptent d’abord. Quand
l’une est à la traîne, quand l’autre a un caillou dans le pied, l’autre s’est
égarée pensant que l’herbe est toujours meilleure ailleurs, le Bon Berger les
voit et en prend soin.
Il
nous appelle à être comme lui les uns pour les autres : de bons bergers
qui ne se mêlent pas de tout dans la vie des autres, mais qui pensent – et
surtout le vivent – que l’important ce sont les personnes.
Les
brebis du Bon Berger n’ont rien à voir avec les moutons d’un certain Panurge -
anonymes, suiveurs et bêlants.
Dans
cet Evangiles, Jésus nous dit aussi qu’il y a de mauvais bergers : des mercenaires qui gardent le troupeau pour
la paie, la place, leur intérêt. « Les
brebis ne comptent pas vraiment pour eux » - dit Jésus (Jean 10,13).
Ce sont eux d‘abord qui comptent, ou l’organisation, les programmes.
C’est
essentiel aujourd’hui de nous redire et de donner des signes de cette Bonne
Nouvelle, pour notre société, nos manières de vivre ensemble, nos relations ;
pas d’abord d’être à la lettre comme des brebis et un troupeau, mais d’être
habités de l’esprit de cette image, sans doute encore plus valable aujourd’hui.
Etre
des bons bergers les uns pour les autres – pour qui chaque personne a du prix,
une dignité absolue et une richesse, même si « ce n’est pas un
cadeau ! » - comme on dit -, des bons bergers pour qui l’important ce
sont les personnes – pour qui la douceur de l’agneau et la tendresse demandent
plus de force intérieure que le libre cours des pulsions de la violence et de
la méchanceté.
En
ce dimanche de prière pour les vocations, si nous prions pour que nous soyons
de bons bergers les uns pour les autres, et si nous le faisons, ça donnera
peut-être envie à quelques-uns et quelques-unes d’être un peu plus bergers et
bons bergers en se donnant plus totalement eux-mêmes.
Ça
vaut le coup !
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