Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Osée 11,1.3-4.8c-9 ; Cantique Isaïe 12 ;
Ephésiens 3,8-12.14-19 ; Jean 19,31-37
La
dévotion au cœur de Jésus a toujours été l’expression particulière de la foi en
la miséricorde de Dieu, manifestée dans la vie de Jésus.
A
l’époque moderne, dans les siècles derniers, cette dévotion s’est largement
répandue, avec en particulier Saint Jean Eudes et Sainte Marguerite-Marie, de
Paray-le-Monial.
Les
Papes, depuis Léon XIII, n’ont cessé d’encourager cette dévotion, qui aujourd’hui
connaît une certaine désaffection parce qu’elle est ressentie comme une
expression un peu mièvre et sentimentale de la spiritualité.
Comment
peut-on le dire, en lisant l’Evangile qu’on vient d’entendre, décrivant la cruauté
des derniers gestes sur les crucifiés : briser les jambes des premiers,
percer le côté de Jésus avec une lance ?
Avec
Sainte Thérèse d’Avila, prenons au sérieux l’humanité du Christ, le cœur du
Christ.
La
manière d’aimer du Christ nous dit comment Dieu aime et comment nous devons
aimer.
« A
travers la plaie visible, nous voyons la plaie de l’amour invisible », dit
Saint Bonaventure.
Dans
le cœur humain transpercé de son Fils, Dieu montre qu’il est allé jusqu’au bout
de l’amour et de la prise sur lui des souffrances du monde.
Dans
le cœur humain de Jésus se dit en acte l’Amour de Dieu lui-même.
Dans
le cœur humain de Jésus, c’est le cœur (cor
en latin) de Dieu qui bat, pour nous et pour tous les miseri qui ont de la misère, ou qui sont dans la misère d’une
manière ou d’une autre.
Miseri que nous sommes - corde que
Dieu est - miséricorde.
« Venez à moi, je suis doux et
humble de cœur » (Matthieu
11,29), vous trouverez la paix du cœur.
Le
cœur de Jésus est toujours un lieu où nous pouvons trouver la paix du cœur dans
l’agitation, les soucis, les épreuves.
« Nul ne va au Père sans passer par
moi », dit Jésus (Jean 14,6).
Le
cœur humain de Jésus, « homme au cœur de chair », son être tout
entier, transpercé sur la croix, ce cœur qui a guéri, qui a vu, pardonné, remis
debout, ressuscité, écouté, pleuré, donné, est le chemin pour comprendre et
toucher du doigt - et du cœur - la miséricorde de Dieu, qui seul peut nous
rendre miséricordieux à notre tour.
A
notre tour, notre cœur, c’est-à-dire le centre vital de notre être, de nos
choix, de nos désirs, de notre liberté, de notre amour, est un chemin - pour
nous-mêmes et nos relations - vers la miséricorde et l’amour de Dieu.
« Le
cœur parle au cœur » - c’était la devise du Cardinal Neewman, écrite sur
son blason.
C’est
pas sentimental : c’est vital.
La
dévotion au Cœur Sacré de Jésus le Christ est tout le contraire d’une vague
sentimentalité à l’eau de rose ; elle nous ouvre à tous ceux qui ont
besoin de miséricorde autour de nous, elle est don de soi, comme le Christ qui
nous aima et aima ses frères et sœurs jusqu’au bout, au bout de la lance.
Le
sang et l’eau coulant du cœur du Crucifié sont devenus source de vie, de don,
d’amour pour tous – ce qui est célébré dans l’Eucharistie.
Laissons-nous
habiter par cette douce invitation de Paul dans la deuxième lecture :
« Que se fortifie en vous l’homme
intérieur…
Restez enracinés dans l’amour, établis
dans l’amour…
vous serez capables de comprendre quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…
ce qui surpasse tout : l’Amour du Christ. »
vous serez capables de comprendre quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…
ce qui surpasse tout : l’Amour du Christ. »
« Il
nous aima jusqu’au bout… pour que nous aimions jusqu’au bout… »
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