lundi 1 juin 2015

Homélie Trinité 2015 -

Homélie Trinité 2015 -
 Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Deutéronome 4,32-34.39-40 ; Psaume 32 ; Romains 8,14-17 ; Matthieu 28,16-20

« Il reviendra à Pâques... ou à la Trinité ! », dit une chanson populaire.

Au XVIe siècle, quand les rois de France faisaient des emprunts publics, ils promettaient les remboursements à Pâques… ou à la Trinité ! Peut-être jamais. La fête de la Trinité est bien loin… Et si, en plus, on était embrouillé au caté avec les chiffres : 3 c’est 1, 1 c’est 3, 1+1+1 c’est aussi 3… C’est pas très facile !

Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Trinité, l’être même de Dieu et ce que nous sommes. Et si ce n’était pas aussi compliqué, et si c’était proche de nous ?

C’est notre carte d’identité humaine, la Trinité, c’est la carte d’identité de Dieu, et notre marque de fabrique, à la ressemblance de Dieu. Mais de quel Dieu ?

On dit, on entend dire : « On a tous le même Dieu, c’est pareil ! » Rien n’est moins sûr ! au moins, dans l’image qu’on s’en fait et les conséquences qu’on en tire.

Quel est le Dieu en qui nous croyons ? Le grand horloger de l’univers dont parle Voltaire ? Le grand solitaire des mondes ? Le vieillard barbu qui tient le cahier des punitions et des entrées ? Le Dieu des guerres saintes (si on peut mettre ensemble ces deux mots), du terrorisme ?

Le Dieu que nous révèle Jésus, le Fils, et en qui nous croyons, nous allons le dire dans quelques minutes : « Je crois en un seul Dieu, le Père, en son Fils Jésus le Christ, je crois en l’Esprit Saint. »

« Un seul Dieu » ne veut pas dire « un Dieu qui est seul ». Dieu est plusieurs ; il est famille et relation, échange, partage, communication, communion de personnes qui s’aiment, riches de leur diversité. Le Père n’est pas le Fils et réciproquement, ni l’Esprit Saint, qui est cet Amour qui unit le Père et le Fils.

Rassurez-vous, ce n’est pas de la haute théologie : c’est la vie ; nos propres relations sont sur ce modèle d’origine - c’est leur source. Si Dieu est Amour, il ne peut pas être seul. L’amour, l’amitié, l’affection, le don, le soin, l’attention, c’est toujours dans un échange.

Dieu est comme ça et nous sommes ainsi - c’est la Trinité - et nous sommes appelés à réaliser dans nos façons de vivre cette ressemblance à Dieu.

Nous sommes nés avec cette identité, nous sommes baptisés, confirmés, dans le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit - c’est  l’Evangile de cette fête : « Allez ! […] baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28,19).

Nous le rappelons chaque fois que nous faisons le signe de la Croix, disons « le signe de Dieu ». Ce signe nous redit qui est Dieu et qui nous sommes. Il est devenu tellement machinal ! Nous l’avons reçu, peut-être, sur les genoux de nos parents ou grands-parents : « Fais ton ‘nom du Père », main guidant notre petite main ; ou plus grands, par des amis, un prêtre, une Sœur, des catéchistes…

Ce signe nous est transmis, on ne l’invente pas. Pensons-nous à le transmettre ou à donner envie à d’autres de le faire, quand nous le faisons ?

Ce geste nous prend tout entier dans notre corps et notre esprit, et nous relie à Dieu et aux autres.

Le mouvement vertical relie la terre, la tête, le ciel, Dieu, notre corps. Si on ne descend pas jusqu’aux pieds, c’est parce que c’est peut-être trop difficile de se baisser jusque-là.

Le mouvement horizontal nous relie aux autres.

Le centre de ces deux directions, c’est le cœur : à la fois la présence de Dieu et ce qui fait l’unité de notre être. C’est le lieu, croisement ou départ, où se rejoignent le Père, le Fils, le Saint Esprit, la Trinité, l’Amour.

Ce signe nous dit qui nous sommes et ce à quoi il nous engage : à vivre de ce mouvement d’amour, de l’être même de Dieu, dans nos relations de la vie sociale, familiale, fraternelle, communautaire.

La Sainte Trinité en nous est l’opposé, le contraire de l’égoïsme, de l’égo seul. « Moi-je-d’abord-et-seulement », c’est l’anti-modèle de ce que nous sommes ; c’est pour ça que ça ne marche pas.

C’est bien que la fête des mamans tombe ce dimanche de la Sainte Trinité : la fête du don, de la vie, du soin, du partage. C’est un beau clin d’œil de Dieu Trinité qui est don. Ça lui ressemble, une maman. La preuve, c’est qu’il a voulu en avoir une ! Et il y a tellement de manières, pas seulement physiques, de communiquer la vie, de faire grandir, de prendre soin, d’être attentif, de donner, de servir les trésors du cœur humain, de les accompagner.

Cette fête de la Sainte Trinité n’est pas la Saint glinglin, lointaine et inaccessible, ni un calcul casse-tête ; elle nous dit qui est Dieu, qui nous sommes, et ce que nous avons à chercher à être pour correspondre à ce que nous sommes en vérité : ressemblance de Dieu.

Sainte Bernadette de Lourdes, dans toutes ces questions, disait simplement : « Dieu, c’est quelqu’un qui nous aime »… parce qu’il est Amour. Un geste exprime tout, le signe de Dieu, notre signe : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint esprit.

Amen

 

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