Carmel
de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Deutéronome 4,32-34.39-40 ; Psaume 32 ;
Romains 8,14-17 ; Matthieu 28,16-20
Au
XVIe siècle, quand les rois de France faisaient des emprunts publics, ils
promettaient les remboursements à Pâques… ou à la Trinité ! Peut-être
jamais. La fête de la Trinité est bien loin… Et si, en plus, on était
embrouillé au caté avec les chiffres : 3 c’est 1, 1 c’est 3, 1+1+1 c’est
aussi 3… C’est pas très facile !
Nous
fêtons aujourd’hui la Sainte Trinité, l’être même de Dieu et ce que nous
sommes. Et si ce n’était pas aussi compliqué, et si c’était proche de
nous ?
C’est
notre carte d’identité humaine, la Trinité, c’est la carte d’identité de Dieu,
et notre marque de fabrique, à la ressemblance de Dieu. Mais de quel
Dieu ?
On
dit, on entend dire : « On a tous le même Dieu, c’est
pareil ! » Rien n’est moins sûr ! au moins, dans l’image qu’on
s’en fait et les conséquences qu’on en tire.
Quel
est le Dieu en qui nous croyons ? Le grand horloger de l’univers dont
parle Voltaire ? Le grand solitaire des mondes ? Le vieillard barbu
qui tient le cahier des punitions et des entrées ? Le Dieu des guerres
saintes (si on peut mettre ensemble ces deux mots), du terrorisme ?
Le
Dieu que nous révèle Jésus, le Fils, et en qui nous croyons, nous allons le
dire dans quelques minutes : « Je crois en un seul Dieu, le Père, en
son Fils Jésus le Christ, je crois en l’Esprit Saint. »
« Un
seul Dieu » ne veut pas dire « un Dieu qui est seul ». Dieu est
plusieurs ; il est famille et relation, échange, partage, communication,
communion de personnes qui s’aiment, riches de leur diversité. Le Père n’est
pas le Fils et réciproquement, ni l’Esprit Saint, qui est cet Amour qui unit le
Père et le Fils.
Rassurez-vous,
ce n’est pas de la haute théologie : c’est la vie ; nos propres
relations sont sur ce modèle d’origine - c’est leur source. Si Dieu est Amour,
il ne peut pas être seul. L’amour, l’amitié, l’affection, le don, le soin,
l’attention, c’est toujours dans un échange.
Dieu
est comme ça et nous sommes ainsi - c’est la Trinité - et nous sommes appelés à
réaliser dans nos façons de vivre cette ressemblance à Dieu.
Nous
sommes nés avec cette identité, nous sommes baptisés, confirmés, dans le nom du
Père, du Fils et du Saint Esprit - c’est
l’Evangile de cette fête : « Allez !
[…] baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »
(Matthieu 28,19).
Nous
le rappelons chaque fois que nous faisons le signe de la Croix, disons
« le signe de Dieu ». Ce signe nous redit qui est Dieu et qui nous
sommes. Il est devenu tellement machinal ! Nous l’avons reçu, peut-être,
sur les genoux de nos parents ou grands-parents : « Fais ton ‘nom du
Père », main guidant notre petite main ; ou plus grands, par des
amis, un prêtre, une Sœur, des catéchistes…
Ce
signe nous est transmis, on ne l’invente pas. Pensons-nous à le transmettre ou
à donner envie à d’autres de le faire, quand nous le faisons ?
Ce
geste nous prend tout entier dans notre corps et notre esprit, et nous relie à
Dieu et aux autres.
Le
mouvement vertical relie la terre, la tête, le ciel, Dieu, notre corps. Si on
ne descend pas jusqu’aux pieds, c’est parce que c’est peut-être trop difficile
de se baisser jusque-là.
Le
mouvement horizontal nous relie aux autres.
Le
centre de ces deux directions, c’est le cœur : à la fois la présence de
Dieu et ce qui fait l’unité de notre être. C’est le lieu, croisement ou départ,
où se rejoignent le Père, le Fils, le Saint Esprit, la Trinité, l’Amour.
Ce signe
nous dit qui nous sommes et ce à quoi il nous engage : à vivre de ce
mouvement d’amour, de l’être même de Dieu, dans nos relations de la vie
sociale, familiale, fraternelle, communautaire.
La
Sainte Trinité en nous est l’opposé, le contraire de l’égoïsme, de l’égo seul.
« Moi-je-d’abord-et-seulement », c’est l’anti-modèle de ce que nous
sommes ; c’est pour ça que ça ne marche pas.
C’est
bien que la fête des mamans tombe ce dimanche de la Sainte Trinité : la
fête du don, de la vie, du soin, du partage. C’est un beau clin d’œil de Dieu
Trinité qui est don. Ça lui ressemble, une maman. La preuve, c’est qu’il a
voulu en avoir une ! Et il y a tellement de manières, pas seulement
physiques, de communiquer la vie, de faire grandir, de prendre soin, d’être
attentif, de donner, de servir les trésors du cœur humain, de les accompagner.
Cette
fête de la Sainte Trinité n’est pas la Saint glinglin, lointaine et
inaccessible, ni un calcul casse-tête ; elle nous dit qui est Dieu, qui
nous sommes, et ce que nous avons à chercher à être pour correspondre à ce que
nous sommes en vérité : ressemblance de Dieu.
Sainte
Bernadette de Lourdes, dans toutes ces questions, disait simplement :
« Dieu, c’est quelqu’un qui nous aime »… parce qu’il est Amour. Un
geste exprime tout, le signe de Dieu, notre signe : « Au nom du Père,
et du Fils, et du Saint esprit.
Amen
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