Carmel de Saint-Maur- P. Maurice boisson
Textes: Ac 5, 27b-32.40b-41; Ps 29; Ap 5, 11-14; Jn 21,
1-19
« La vie
continue ! Il faut bien s’y remettre, repartir… Espérons que ça va
aller ! » C’est ce que me disaient, cette semaine, des amis qui
venaient de vivre des événements douloureux et difficiles. La vie
continue ! Faut bien !
C’est ce qu’ont fait les
amis de Jésus après les évènements tragiques de la Passion et de la mort. Ceux
qui allaient à Emmaüs tournant le dos à
Jérusalem, ils repartaient. Pierre et quelques amis reprennent le boulot, le
métier, la barque, les filets, la pêche. « Je m’en vais à la pêche, dit
Pierre, on y va avec toi !
Mais en 3 ans, ils
avaient un peu perdu la main nos pêcheurs ! Apres toute une nuit de
travail, ils rentrent bredouilles, rien dans les filets. Au petit matin, sur la
plage, un inconnu est là. Il leur indique un endroit où jeter les filets…
allez-y, à droite ! et ça marche. Revenons sur le rivage, ils voient un
feu, du poisson, et du pain… « Venez, mangez »… Ils comprennent que
cet inconnu, c’est Jésus. Il les rejoint, il les attend, quand le jour se lève.
Comme au matin de Pâques ; il est avec eux dans leurs soucis, leurs
échecs, leur désir de s’y remettre. Il leur donne à manger, gestes simples de
la vie… Les amis retrouvent une présence qu’ils croyaient disparue… dans un
tombeau… C’est le Seigneur ! »
La présence du Christ
ressuscité ne nous fait jamais défaut ! Même quand on est dans la nuit,
bredouilles, que ça ne marche pas. Peut-être que c’est nous qui ne sommes pas
au rendez-vous du jour qui se lève. Peut-être que, trop sûrs de nous-mêmes,
comme ces « pros » de la pêche qui croient encore connaître les
endroits, nous ne faisons pas assez confiance à celui qui nous indique d’autres
endroits… « Jetez le filet à droite de la barque. » c’est la grâce,
le cadeau de Pâques, jamais périmé, toujours frais. La Présence du Ressuscité
nous rejoint, nous attend, nous prépare de quoi nous réchauffer, de quoi
manger, reprendre des forces intérieures, pour que la vie continue,… lui qui
est le Vivant, la Vie… « Jetez à nouveau… et encore… le filet, faites
confiance. »
La grâce et le cadeau de
Pâques, c’est que non seulement Jésus est ressuscité ; par l’amour du
Père, mais il nous ressuscite nous-mêmes au cœur de nos échecs et de nos
déceptions, de nos attentes, de nos désirs, comme nos amis d’Emmaüs, au cœur même
de nos pleurs, comme Marie-Madeleine, au Cœur même de nos reniements, comme
Pierre, au cœur même de nos doutes et de nos difficultés à croire, comme
Thomas, au cœur même de nos violences, comme Paul. Le Christ ressuscité nous
ressuscite en permanence, si, bien sûr, nous y consentons, si nous acceptons
avec confiance de jeter à nouveau le filet, non pas tous azimuts, et
nerveusement, mais à l’endroit de nous-mêmes où il nous invite a le jeter.
Le Christ ressuscité
nous ressuscite dans ce qu’il y a de plus profond en nous… justement ! après
cette grillade sur la plage, Jésus prend à part saint Pierre… les deux marchent
côte à côte sur le sable. Comme à la première rencontre, au bord du même lac.
Dans la douceur de l‘amitié retrouvée, une question pénètre le cœur de
Pierre : « M’aimes-tu ? d’un amour total, prêt à tout pour
moi ? Seigneur, tu sais que je t’aime. Mais Pierre n’emploie pas le même
verbe que Jésus. C’est plus modeste et plus humble, après ce qui lui est
arrivé. Oui, Seigneur, je t’aime, même si je ne suis peut-être pas encore en
mesure et capable de t’aimer totalement, jusqu’au bout ! Dans une
connivence intérieure, nos deux marcheurs sur le sable se souviennent du coq,
du regard de Jésus qui a désarmé la tempête intérieure risquant d’engloutir
Pierre dans le désespoir… Ils se souviennent des larmes de Pierre… des larmes amères.
Il avait pleuré amèrement ! Ces larmes ont sauvé Pierre, lui permettant de
dire doucement : je t’aime, Seigneur ; elles permettent à Jésus de
confier à Pierre la plus importante responsabilité ; dans la confiance et
l’amour redonné… être le guide, le pasteur, le serviteur, de ceux qui croiront
à Jésus ressuscité.
Le Christ
ressuscité nous ressuscite, où que nous en soyons, il ne cesse de
Re-susciter, de susciter ; de nouveaux départs, de nouveaux pas, de
nouveaux relèvements,… de nouvelles pêches ! Depuis le matin du tombeau
vide, depuis cette présence du ressuscité ; sur nos rivages, au lever du
Jour, nous savons que tout est grâce, que tout peut, être grâce !
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