Dimanche du Bon Pasteur
Textes : Ac
13,14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14b-17 ; Jn 10, 27-30
Allo ! C’est toi,
Bernard, je t’ai reconnu. Ça fait longtemps, mais j’ai reconnu ta voix !
–Ah, bon ! Tu m’as reconnu… ça fait plaisir ! On n’est pas oublié, on
n’est pas anonyme.
Chaque voix est particulière,
unique, par son timbre, son registre, sa couleur… « Sa voix a—t-elle
encore ce doux timbre d’argent ? » demandait le poète Lamartine… La
voix peut sourire, pleurer, être joyeuse ou soucieuse, fatiguée ou alerte… ça
s’entend. « T’as pas la même voix que d’habitude, qu’est-ce que tu
as ? » Écouter la voix de quelqu’un, c’est bien plus que d’entendre
des mots. C’est prêter l’oreille à l’être de quelqu’un et recevoir plus que des
sons, entrer en relation.
On est au cœur de
l’Évangile de ce dimanche : écouter la voix de Jésus et le suivre ;
pour le suivre.
Mes brebis écoutent ma
voix. Je les connais. Elles me suivent. Personne ne les arrachera de ma main.
Est-ce qu’on entend la
voix du Christ, de Jésus, le Bon Berger ? Est-ce qu’on le reconnaît ?
Parmi les innombrables voix qui en permanence nous traversent ? Ce n’est
pas très facile ! Parfois on retient la voix de ceux qui crient le plus
fort, qui nous persuadent le mieux, qui flattent avec ruse nos tendances, qui
font miroiter des illusions, ou qui, aussi, entrouvrent des chemins de paix, de
justice, de fraternité, de solidarité… C’est pas facile, disait déjà Jésus, de reconnaître
la voix des bons et des mauvais bergers…
La voix du Bon Berger,
le Christ, est douce, et reste respectueuse. Il ne crie pas, il n’élève pas la
voix, dit la Bible. Pour l’entendre, saint Bernard suggère qu’on se retire dans
la solitude, car elle ne résonne pas sur les places, ni dans le vacarme intérieur.
Ce lieu que vous avez
choisi pour ce week-end [pour des guides présentes à la célébration] est tout à
fait favorable pour entendre au fond de vous-même, la voix du Seigneur.
On ne l’entend bien
qu’avec le cœur, c’est pour ça qu’on peut l’entendre même si on est dur
d’oreille ! Pourvu qu’on ne soit pas dur du cœur, que nos cœurs ne soient
pas endurcis.
Écoute la voix du
Seigneur, prête l’oreille de ton cœur… tu entendras comme un murmure, comme un
souffle ténu. Comme un silence léger se poser au plus profond de toi-même, au
plus profond de tes désirs, de tes attentes, de tes difficultés, de tes
générosités, de tes résistances… Habituellement Jésus ne nous parle pas sur nos
portables, pendant la messe, c’est pour ça qu’on peut les éteindre ; pour être
disponibles à d’autres communications, intérieures. Il nous parle au cœur, à
notre conscience.
Mes brebis écoutent ma
voix… Je les connais, elles me suivent parce qu’elles ont confiance en ma voix,
elles me suivent parce qu’elles ont confiance en ma voix, elles ne suivent pas
un berger voleur, elles ne reconnaissent pas la voix du mauvais berger.
En ce Dimanche de
journée mondiale de prière pour les vocations, le 53e, la meilleure prière
est l’écoute de la voix du Seigneur. On peut prier pour les vocations, sans que
ça nous fasse bien bouger. Ecouter la voix du Seigneur, nous met en route…
Elles me suivent.
Le Bon Berger nous
conduit cers des prés d’herbe fraîche, vers les eaux reposantes, la paix et la
joie intérieures. C’est le beau psaume 22. Vers les sources des eaux de la vie,
il ne nous mène pas au casse-pipe, mais il nous préserve des ravins de l’ombre
de la mort.
La voix du Christ nous
indique une seule direction : celle de l’amour. Je donne ma vie pour mes
brebis. Aimer, se donner parce qu’on aime, et pour aimer, c’est ce qu’il y a au
fond de nos cœurs, c’est pour ça que cette direction conduit à
l’épanouissement, ce qui ne veut pas dire, sans obstacles, sans passages
difficiles, ni sans échecs. Une direction-. Aimer, mais beaucoup de chemins, de
sentiers, pour y arriver. Celui d’aimer en réalisant une famille, en étant
célibataire, en participant à améliorer ce monde, autour de nous, pour plus de
justice, de paix, de fraternité, de solidarité ; souvent fragiles,
faibles, blessés ; le chemin d’aimer est aussi de se rendre disponible
pour servir et nourrir les chrétiens, les communautés chrétiennes, par les
sacrements, l’Eucharistie, l’annonce de la Parole…
C’est aussi ce beau
chemin de se donner plus totalement au Christ, et par Lui, à nos frères et
sœurs, pour témoigner de l’essentiel, du sens de la vie.
Écoute la voix du
Seigneur, écoute la voix et les attentes du monde. Un chemin s’ouvrira dans mon
cœur, celui d’Aimer.
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