dimanche 17 avril 2016

Homélie 4e Dimanche de Pâques

Homélie 4e Dimanche de Pâques
Dimanche du Bon Pasteur

Textes : Ac 13,14.43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14b-17 ; Jn 10, 27-30

Allo ! C’est toi, Bernard, je t’ai reconnu. Ça fait longtemps, mais j’ai reconnu ta voix ! –Ah, bon ! Tu m’as reconnu… ça fait plaisir ! On n’est pas oublié, on n’est pas anonyme.

Chaque voix est particulière, unique, par son timbre, son registre, sa couleur… « Sa voix a—t-elle encore ce doux timbre d’argent ? » demandait le poète Lamartine… La voix peut sourire, pleurer, être joyeuse ou soucieuse, fatiguée ou alerte… ça s’entend. « T’as pas la même voix que d’habitude, qu’est-ce que tu as ? » Écouter la voix de quelqu’un, c’est bien plus que d’entendre des mots. C’est prêter l’oreille à l’être de quelqu’un et recevoir plus que des sons, entrer en relation.
On est au cœur de l’Évangile de ce dimanche : écouter la voix de Jésus et le suivre ; pour le suivre.

Mes brebis écoutent ma voix. Je les connais. Elles me suivent. Personne ne les arrachera de ma main.
Est-ce qu’on entend la voix du Christ, de Jésus, le Bon Berger ? Est-ce qu’on le reconnaît ? Parmi les innombrables voix qui en permanence nous traversent ? Ce n’est pas très facile ! Parfois on retient la voix de ceux qui crient le plus fort, qui nous persuadent le mieux, qui flattent avec ruse nos tendances, qui font miroiter des illusions, ou qui, aussi, entrouvrent des chemins de paix, de justice, de fraternité, de solidarité… C’est pas facile, disait déjà Jésus, de reconnaître la voix des bons et des mauvais bergers…

La voix du Bon Berger, le Christ, est douce, et reste respectueuse. Il ne crie pas, il n’élève pas la voix, dit la Bible. Pour l’entendre, saint Bernard suggère qu’on se retire dans la solitude, car elle ne résonne pas sur les places, ni dans le vacarme intérieur.

Ce lieu que vous avez choisi pour ce week-end [pour des guides présentes à la célébration] est tout à fait favorable pour entendre au fond de vous-même, la voix du Seigneur.

On ne l’entend bien qu’avec le cœur, c’est pour ça qu’on peut l’entendre même si on est dur d’oreille ! Pourvu qu’on ne soit pas dur du cœur, que nos cœurs ne soient pas endurcis.

Écoute la voix du Seigneur, prête l’oreille de ton cœur… tu entendras comme un murmure, comme un souffle ténu. Comme un silence léger se poser au plus profond de toi-même, au plus profond de tes désirs, de tes attentes, de tes difficultés, de tes générosités, de tes résistances… Habituellement Jésus ne nous parle pas sur nos portables, pendant la messe, c’est pour ça qu’on peut les éteindre ; pour être disponibles à d’autres communications, intérieures. Il nous parle au cœur, à notre conscience.

Mes brebis écoutent ma voix… Je les connais, elles me suivent parce qu’elles ont confiance en ma voix, elles me suivent parce qu’elles ont confiance en ma voix, elles ne suivent pas un berger voleur, elles ne reconnaissent pas la voix du mauvais berger.

En ce Dimanche de journée mondiale de prière pour les vocations, le 53e, la meilleure prière est l’écoute de la voix du Seigneur. On peut prier pour les vocations, sans que ça nous fasse bien bouger. Ecouter la voix du Seigneur, nous met en route… Elles me suivent.

Le Bon Berger nous conduit cers des prés d’herbe fraîche, vers les eaux reposantes, la paix et la joie intérieures. C’est le beau psaume 22. Vers les sources des eaux de la vie, il ne nous mène pas au casse-pipe, mais il nous préserve des ravins de l’ombre de la mort.

La voix du Christ nous indique une seule direction : celle de l’amour. Je donne ma vie pour mes brebis. Aimer, se donner parce qu’on aime, et pour aimer, c’est ce qu’il y a au fond de nos cœurs, c’est pour ça que cette direction conduit à l’épanouissement, ce qui ne veut pas dire, sans obstacles, sans passages difficiles, ni sans échecs. Une direction-. Aimer, mais beaucoup de chemins, de sentiers, pour y arriver. Celui d’aimer en réalisant une famille, en étant célibataire, en participant à améliorer ce monde, autour de nous, pour plus de justice, de paix, de fraternité, de solidarité ; souvent fragiles, faibles, blessés ; le chemin d’aimer est aussi de se rendre disponible pour servir et nourrir les chrétiens, les communautés chrétiennes, par les sacrements, l’Eucharistie, l’annonce de la Parole…

C’est aussi ce beau chemin de se donner plus totalement au Christ, et par Lui, à nos frères et sœurs, pour témoigner de l’essentiel, du sens de la vie.

Écoute la voix du Seigneur, écoute la voix et les attentes du monde. Un chemin s’ouvrira dans mon cœur, celui d’Aimer.

 

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