dimanche 24 avril 2016

Homélie 5e Dimanche de Pâques


Homélie 5e Dimanche de Pâques


Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Textes: Ac 14, 21b-27; Ps 144; Ap 21, 1-5ª; Jn 13, 31-33a.34-35

A quel signe reconnaît-on les chrétiens ?
Au cours de l’histoire, on leur a donné bien des appellations pour les distinguer : à l’origine : « les frères ». A Antioche pour la 1re fois, on les appelle « ceux du Christ », les chrétiens…
Plus proche de nous, il y avait les « Tala », ceux qui vont-à la messe… il y a les cathos d’aujourd’hui… » : ceux qui vont à l’église. On nous distingue surtout par la pratique, la pratique de la messe…
Nous venons d’entendre dans l’Évangile de ce dimanche un autre signe distinctif de ceux qui se réclament du Christ, un signe donné par Jésus lui-même. « A ceci : tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : à ceci : si vous avez de l’amour les uns pour les autres : voilà à quoi nous devrions être reconnus. Est-ce que aujourd’hui, c’est bien notre signe distinctif ? notre signe d’appartenance au Christ que de nous aimer les uns les autres, et bien sûr, ça va ensemble, d’aimer les autres ? Ce signe distinctif est toujours là, dans la façon dont les autres peuvent nous regarder- on n’est peut-être pas bien meilleurs, mais pas non plus pires. C’est pas toujours juste d’ailleurs, « ils vont à la messe, ils sont pas capables de s’entendre, ils se bouffent le nez, etc. » C’est bien parce qu’on attend des chrétiens ce signe de la charité.
Notre signe distinctif, nous dit Jésus, c’est surtout notre manière de vivre, notre façon d’être avec les autres… ça n’empêche pas de porter un signe qui nous fasse reconnaître comme chrétiens, comme religieux, sans doute important dans une société sécularisée où on voudrait faire disparaître les signes religieux du paysage public. Ces signes extérieurs, l’habit, une croix, etc., peuvent sûrement indiquer la source et le pourquoi de notre manière de vivre, conduire plus loin.
Notre signe distinctif, c’est non seulement la pratique du culte, mais la pratique d’une manière d’être avec les autres, à la chrétienne. A ceci : on vous reconnaîtra pour mes disciples. A la pratique du commandement nouveau que nous donne le Christ.
Il nous le donne et nous le confie avec toute la tendresse et la gravité de ce dernier moment qu’il passe avec ses amis.

C’était la nuit, il venait de leur laver les pieds, il partage un morceau de pain avec Judas… dans la tendresse et la gravité d’un testament qui transmet l’essentiel, le résumé et l’avenir… « Petits enfants » J’ai plus guère de temps à être avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres… comme je vous ai aimés… Ce qui est nouveau, c’est pas de vous aimer les uns les autres, c’est inscrit dans le cœur humain depuis toujours ! Et beaucoup pratiquent la charité sans être croyants. C’est le « comme », qui est nouveau. Aimez-vous de la façon dont je vous aime, jusqu’au don de soi - ayant aimé les siens, il les aima - jusqu’au bout.
Aimez-vous, comme je t’aime, toi, Pierre, qui tout à l’heure va me renier, comme toi, Mathieu, le douanier sans scrupules, je t’ai aimé. Comme j’ai aimé la Samaritaine, Marie-Madeleine, les lépreux, les miséreux en tous genres… comme je t’aime, quand même, toi Judas, qui vient de partir dans la nuit…

Comme je vous aime aujourd’hui, vous mes amis, pour que vous redonniez à votre tour cet amour. Le texte original dit : comme je vous ai aimés, pour que vous, vous aimiez. Ce don de l’amour, nous rend donnants à notre tour. Si vous essayez d’aimer ainsi, on devinera qu’une source en vous, aime en vous malgré les difficultés y, les résistances à aimer. Cette source, c’est le Cœur aimant du Christ et de Dieu. Si notre manière d’aimer ne se voit pas d’une façon spectaculaire, elle se devine… comme on disait des premières communautés chrétiennes : « Voyez comme ils s’aiment… voyez de quel amour ils sont habités… » Essayer d’aimer à la manière de Jésus, dans le quotidien de nos relations, c’est la seule réalité qui puisse rendre crédible aujourd’hui le contenu de notre foi, et qui surtout peut la rendre accessible aux autres.
Quel est notre signe distinctif qui nous fait reconnaître comme chrétiens.
Quatre mots sont écrits, sur la tombe de l’Abbé Pierre, « il a essayé d’aimer ».

 

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