Carmel de Saint-Maur – P. Maurice boisson
Textes : 1R 17, 17-24 ; Ps 20 ; Ga 1, 11-19 ; Lc 7, 11-17
Les inondations et leurs
conséquences mettent des populations de notre pays dans des situations très
difficiles dans beaucoup de domaines. Même si nous sommes épargnés par ces
événements, nous ne restons pas insensibles à ce que vivent les personnes, et
« rien de ce qui est humain nous est étranger (Vatican II) ».
C’est aussi l’Évangile
de ce dimanche. Jésus croise un enterrement d’un jeune, fils unique d’une
veuve. Jésus est pris aux entrailles en voyant cette femme. Il n’a pas passé
son chemin sans la voir. Etre touché, en soi-même, par la souffrance des
autres, compatir. C’est la manière d’être chrétien (Pape François), c’est avoir
dans son cœur la charité du Christ qui ressent lui-même la peine et la
souffrance des autres. Cette compassion n’est pas l’apanage des chrétiens,
heureusement ! Mais elle est la manière d’être des amis du Christ. Ces événements
provoquent aussi un sentiment d’impuissance, devant la soudaineté, la
brutalité, l’ampleur des éléments de la nature. Nous ressentons, on le ressent très
fort dans les réactions des gens concernés, nous ressentons la fragilité, la
vulnérabilité de notre monde qui croit pouvoir tout maîtriser et contrôler.
Nous faisons les grands devant les immenses progrès techniques et
scientifiques, et c’est vrai, et nous voici tout petits, démunis, devant une rivière
et des nuages qui déversent leurs eaux. Nous ne détenons pas –encore- toutes les
clefs de cette maison commune qu’est la nature, la création.
Ce cortège que Jésus
croise, a l’entrée de la petite ville de Naïm, a une dizaine de km de Nazareth,
ce cortège emportait un mort, un jeune fils unique d’une veuve. Voilà encore
une question qui nous atteint en particulier les parents, les familles, qui
perdent un enfant, un jeune. Pourquoi ? On sait bien que Dieu, le Dieu de
la vie, ne veut jamais leur mort, ni celle de personne, ni celle de son propre
Fils Jésus… au contraire, « ça lui coûte de voir mourir les siens. Il
réclame leur vie à la tombe », dit le psaume. Il ne veut pas non plus les
catastrophes. Il n’a pas fait la mort, ni les catastrophes, et ne prend pas
plaisir à la perte des vivants. Jésus ne fait pas dans le discours, ni les
explications, ni dans les consolations à bon compte. Jésus, pris aux entrailles,
les entrailles mêmes de Dieu, s’approche. Il ne pleure pas, il touche le
cercueil, un geste interdit par la religion juive, ça le rendait impur, la
miséricorde est plus forte que la loi. Il touche, comme il touche le lépreux,
dans l’illégalité religieuse. « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. »
Le mort se redressa, se mit à parler, Jésus le rendit a sa mère, qui de ce
coup, se relève elle aussi et revit. Jésus ne peut pas refaire à chaque fois ce
miracle, mais il nous donne un signe. Le dernier mot ne sera pas aux
catastrophes, ni à la mort, ni au mal quel qu’il soit… mais la compassion,
l’attention active, la charité, redonnent vie à la vie. Les évènements de ces
jours en sont aussi une illustration positive.
Ils révèlent une grande
solidarité, entraide de service, de proximité, en tous domaines ; qui
redonnent courage et permettent de se relever, « lève-toi », compatir
et s’entraider dans la difficulté et l’épreuve. C’est une force contre ce qui
arrive, contre les morsures des évènements. Alors qu’on dit souvent, oh les
gens, les gens ; pas nous- sont égoïstes, ne pensent qu’à eux, chacun pour
soi, etc. en réalité, il y a au fond du cœur humain, ces ressorts de fraternité
et de solidarité, parfois en sommeil, mais capables de se réactiver.
Cette rencontre de
Jésus, réalisant a la rencontre de
l’épreuve la compassion de Dieu, dans une situation douloureuse, nous dit et
nous montre que l’attention, la présence, le soin, au contact avec l’épreuve,
produit de la vie, de la résurrection, du relèvement, du courage, de
l’espérance. La rencontre d’une misère humaine suscite l’action, et la prière
est aussi une action, c’est l’énergie de la miséricorde, qui, loin des idées
fumeuses sur la miséricorde, mène à agir, à être miséricordieux, c’est la
manière de Dieu, à laquelle il nous appelle : accueillir, en nous
demandant de ne pas nous croiser sans nous rencontrer, sans nous voir, sans
nous arrêter, sans nous laisser émouvoir et avoir le cœur gros de la peine des
autres, sans nous approcher et, d’une manière ou d’une autre, sans poser un
mot, un silence, un geste, une prière, qui aident à la vie, au re-lèvement, à
l’espérance.
« Ne pleure pas, lève-toi, choisis la vie. »
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