Il prit la route de Jérusalem
Sous la plume de saint Luc, prendre la route de Jérusalem n’est pas une vague consigne de GPS. Cette décision du Christ aimante toute sa mission d’Amour et de salut. Jésus est la Tête, le Guide, l’Agneau, le Pasteur. Il nous devance dans ce dessein sans commune mesure. Aucun de nous ne peut se substituer à Lui. Il est Celui dont on devient disciple. La perspective de Jérusalem est une montée spirituelle du Sauveur vers l’accomplissement entier, et sans retour, du don de sa vie pour tous les hommes.
En ce dimanche, il nous est bon de contempler le visage « déterminé » de Jésus. Méditons la gravité de ses traits. Il résiste de façon prophétique à toute motivation, fondée ou malvenue, de renoncer à cette marche. Les raisons ne manqueraient pas pour différer la réponse. Rien ne saura entraver son offrande vers le Père. Cela ne signifie pas que Jésus soit insensible aux situations qui lui sont présentées et justifieraient de s’attarder en chemin. Ne transformons pas sa détermination en rudesse ou indifférence. Mais cela veut dire que rien ne peut retenir l’Amour. Rien ne peut lui devenir supérieur. L’Amour est tout. Il espère tout. Il endure tout. Tout peut se lire et se comprendre à la lumière de cette infinie tendresse.
Quelque événement qui soit, comme enterrer un proche, s’inquiéter de son logis, répondre à ceux qui n’accueillent pas l’Évangile, ou prendre congé des siens, a une importance évidente dans l’existence de chacun, mais ne doit pas freiner le pèlerinage du Fils de Dieu vers la mort et la résurrection. Aucune dimension de notre vie n’est méprisée par Jésus, mais au contraire vivifiée et éclairée par sa fidélité au Père. Vers Lui il fait tout monter. Il nous est précieux de regarder et prier la justesse de ce visage déterminé. La lutte de Jésus est perceptible sur sa face. Demain, ce visage déterminé sera crucifié et glorifié pour que l’Homme vive. Le Nazaréen se livre par amour pour nous. Vouloir entraver sa marche vers Jérusalem serait s’approprier sa personne égoïstement. Réduire la destinée de Jésus à nos vues n’est pas la foi, mais un narcissisme qui ne dit pas son nom. Parce que Jésus va jusqu’au bout de sa vocation unique, une autorité spirituelle émane de lui, et lui permet de nous dire : « Ne regarde plus en arrière ! » Le don du Christ appelle le don de notre être. Il ne suffit pas de crier :« Je te suivrai partout où tu iras. » Et, dans les minutes qui suivent, devenir de piètres négociants de cet appel ! Le véritable amour nous pousse au-delà de nous-mêmes. Il ne nous fait pas consentir à n’importe quoi aveuglément. Mais consentir à tout ce que l’Amour désire.
Les candidats au baccalauréat viennent de plancher sur le thème du désir.« Savons-nous toujours ce que nous désirons ? » Sujet intense ! Si le Christ s’invitait dans la salle d’examen, ne suggérerait-il pas : « Sais-tu qui est Celui qui te désire ? » Le Bien-Aimé se livrant jusqu’au bout ne veut pas que ce désir soit vain. Puisse notre visage refléter l’ardeur de Jésus à ne pas faire semblant d’aimer. Notre foi est fragile. Notre espérance versatile. Notre charité tiède. Le Christ nous réveille de la torpeur qui voudrait un Jésus adulé sans le passage crucial de toute mort à toute vie. Comme a remarquablement écrit le bienheureux Paul VI : « Les hommes pourront se sauver par d’autres chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous ne leur annonçons pas l’Évangile. Mais, nous, pouvons-nous nous sauver si par peur, négligence, honte, rougissant de l’Évangile, par suite d’idées fausses, nous omettons de l’annoncer ? » Ne rougissons donc pas de Jésus qui monte à Jérusalem. Que sa divine détermination devienne nôtre !
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