12 Janvier 2017, Quelques pistes de réflexion
P JM Bouhans
Le prédicateur aux Hébreux a trouvé hier des mots pleins
de tendresse : il nous disait que Jésus s’était mis dans la peau des hommes
pour les encourager à vivre en fils de Dieu. Dieu sait bien qu’il est inutile
d’encourager de loin ou de haut. Son fils s’est abaissé pour retrouver l’homme.
Aujourd’hui le ton parait plus rude, avec le psaume 95 et si nous n’avons pas
repéré la rudesse du ton, c’est que nous avons trop usé le psaume avec sa
reprise quotidienne dans la Liturgie des heures ; nous en avons poli tous les
angles.
Le prédicateur met le psaume dans la bouche de Jésus et
rappelle le manque de foi des pères au moment du retour des explorateurs en
Canaan. Ceux-ci s’étaient laissés mal impressionner par rapport pessimiste des
explorateurs et refusent de continuer la marche pour d’entrer dans la terre de
la promesse.
Un manque de foi qui avait irrité le Seigneur : ils leur annonce
qu’ils n’entreront pas dans son repos, qu’ils vont tous mourir au désert et que
seule la génération nouvelle entrera dans la terre promise. Le prédicateur des
hébreux n’utilise pas ce psaume comme d’une menace ; il propose un sursaut
communautaire : que personne ne reste dans son coin sans avoir le souci de
tous, et que tous soutiennent chaque personne, ainsi tous nous serons les
compagnons de Jésus.
L’évangile se situe dans la même veine, entre tendresse
et une certaine force. Tendresse de Jésus qui étend la main et touche le
lépreux. Touche un lépreux c’est un
geste extrêmement fort. C’est pour les juifs contracter une impureté.
Mais Jésus semble ensuite s’emporter avec le lépreux. « Avec fermeté, il le
renvoie » dit la traduction avec élégance. « le rabrouant, il le chassa », dit
le texte original. Alors il faut bien trouver des explications. Geste
libérateur quoique brutal, Jésus ne veut pas que l’homme guéri s’attache à son
bienfaiteur. Se montrer au prêtre, c’est sortir de l’exclusion et point n’est
nécessaire de lui parler de la guérison (« ne dis rien à personne »). Le
lépreux purifié fait tout le contraire il proclame beaucoup. Une proclamation
qui sature l’espace et empêche désormais Jésus de s’exprimer. La rumeur prend
la place de la proclamation et le lépreux prend toute la place et alors Jésus
doit se réfugier dans les endroits déserts.
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