Homélie
du 4ème dimanche TO A
Carmel
de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
Cette période électorale nous inonde de promesses pour une vie et une société plus heureuses nous dit-on. Rassurez-vous, je ne rajouterai pas de commentaires à ceux qui déferlent sur nos écrans de télévisions et dans les journaux.
Sauf
que ! Nous venons d'entendre un discours de Jésus faisant 9 propositions pour
être heureux : « Heureux, vous qui … » Si Jésus avait prononcé ce discours pour être
élu, il n'aurait guère eu de chance ! Ses propositions pour être heureux
sont en contradiction avec l'idée que notre monde se fait du bonheur. Ceux que
Jésus dit « Heureux",
nous les disons malheureux !
On
n'est pas heureux quand on est pauvre, quand on pleure, quand on subit la
violence, l'injustice, la moquerie, quand on est trop bon… Mais est-on heureux
quand on a tout ce qu'il faut et le cœur fermé à tout ce qui n'est pas nous,
moi, je ? Est-on heureux quand on voit les autres dans la peine et qu'on reste
insensible ? Est-on heureux quand on est violent, méchant, injuste, vengeur,
diviseur ? Et puis, quand nous avons peur de dire nos convictions, il y a
toujours un peu de honte en nous, ça nous attriste.
Être
heureux n'est pas seulement et d’abord une question d'avoir. Encore faut-il que
chacun puisse avoir de quoi mener une vie décente et digne. Être heureux trouve
sa source dans ce qu'on est
, - dans notre manière d'être, avec nous-mêmes (si
nous sommes bien en nous-mêmes et en accord avec nous-mêmes),
-
dans notre manière d’être avec les autres (si nos relations apportent à chacun
un peu de bien, de paix),
-
dans notre manière d'être devant Dieu, ajustés à son désir de nous voir et de
nous rendre heureux. Dieu n'a pas créé l'être humain - ni la Création - pour qu'il soit malheureux. Qui
croirait à ce Dieu méchant ? Pas moi ! Pas les chrétiens !
Le but
de la vie, c’est d’être heureux. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un me dire : « Mon Père, je voudrais être malheureux ! »
J’ai souvent entendu le contraire : « Mon Père, qu’est-ce qu’il faudrait que je
fasse pour trouver, ou retrouver, un peu de bonheur dans ma vie, un peu de joie de vivre, d’être mieux dans ma
peau… etc… »
Jésus,
dans son discours sur la montagne, va à l’essentiel. C’est le 1er mot : « Il
disait « Heureux… » », c’est la vraie pensée de Dieu. Le bonheur
de l’homme et de la femme est le but final de la Création et du désir de Dieu, dès l’origine.
« Quand le créateur insuffle la vie dans l’homme, il le place dans un
endroit de bonheur et il lui donne la connaissance de ce qui permet d’être
heureux ou malheureux. » C’est la deuxième page de la Bible. Et ce sera
l’aboutissement définitif, durable : « Un ciel nouveau, une terre
nouvelle, où il n’y aura plus
ni mort, ni souffrance, ni malheur, ni cri » (Ap 21), ce sont les
dernières pages de la Bible. Ce n’est pas étonnant qu’il y ait dans le coeur
humain un désir infini de bonheur. C’est
le désir de Dieu, ce désir a un nom : Aimer. Car Dieu est Amour !
Aimer, c’est la racine,
le chemin et l’aboutissement du bonheur. Être heureux c’est aimer. Bien sûr,
aimer vraiment, pas comme on aime le chocolat, mais comme un don et un accueil
réciproque dans l’épreuve, la difficulté, la joie… Que du bonheur ! Non pas
dans le sentimental, superficiel et provisoire mais dans la profondeur et l’intensité
intérieure qui comble l’être en son désir de bonheur. Ce sont les 9 vitamines
prescrites par Jésus dans cet Évangile.
Aimer,
A.I.M.E.R :
A : L’Autre : faire une place à l’autre, aux autres : « Les
pauvres de coeur » font une place aux autres.
I : L’injustice, la violence : à refuser la violence :
« Les doux et les miséricordieux »
M : Marche (dans le droit chemin) : « Les coeurs
purs »
E : Exprime sans peur, avec douceur, tes convictions :
« Les persécutés, les moqués, à
cause de moi »
R : Raccommoder les existences déchirées par la méchanceté, la bêtise : « Les
artisans de paix »
A.I.M.E.R. : Aimer, mot de passe de tout bonheur, Dieu est
Amour.
Oui, c’est
le message de Jésus aujourd’hui qui résonne dans le coeur même de l’incroyant : « Le bonheur
existe ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues » (Aragon, Que
serais-je sans toi). Ce bonheur est à notre portée, à portée de coeur., à portée de mains. Il est en
nous.
N’oublions
pas le mot de passe ni les vitamines. Dieu, lui-même, les rembourse…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire