lundi 9 janvier 2017

Homélie de l’Epiphanie



Homélie de l’Epiphanie
Carmel de Saint Maur – Père Maurice BOISSON
« Nous avons vu son étoile ! » Ils sont venus des bouts du monde… Pas des rois… Mais des savants, qui étudiaient le ciel, les astres, les horoscopes qui leur disaient que… Ils cherchaient… Ils ont suivi une étoile, comme un GPS de l’Antiquité, qui les conduisait vers ce qu’ils avaient pressenti : la naissance d’un roi des juifs !
Et toi, et nous ? Quelle étoile nous met en route ? Quelle étoile guide notre recherche, notre chemin, nos désirs ? La recherche d’un but, d’un sens, des valeurs. Quelle étoile  nous met en marche ? On ne peut pas vivre sans étoile intérieure qui nous fait regarder plus haut que l’immédiat. On vient de passer un mois dans le brouillard, on est content de revoir le ciel, les étoiles. Quand la lumière manque, tout devient confus, on ne distingue plus la bonne route de celle qui nous fait tourner en rond ou nous emmène devant un panneau « voie sans issue ». Quelle est l’étoile qui éclaire nos pas et notre trajet ? « Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes » dit le Petit Prince, chacun à la sienne. « Accroche une étoile aux nuages » dit aussi une chanson.
« Nous avons vu son étoile, nous sommes venus ! » Une étoile n’éblouit pas, elle n’aveugle pas. Elle indique un au-delà, une direction : l’étoile du berger, l’étoile polaire, la croix du sud…
Nous pouvons être une étoile pour les autres, en toute humilité, - sans se prendre pour une lumière !- une étoile à la manière du Christ qui éclaire tout homme en venant en ce monde.
Il ne s’agit pas d’éblouir, ça aveugle et l’on ne bouge plus ! Ce qui éblouit éclaire peu, mais il s’agit d’éclairer, d’indiquer une présence, une direction, l’endroit où se trouvait l’enfant : endroit de paix et d’accueil, pas un palais mais un abri d’animaux.
Nos Messieurs arrivent à Jérusalem.  Un roi, ça naît dans un palais royal bien sûr mais l’étoile ne brille plus : cet endroit sent la violence, la jalousie, la ruse, la peur du rival. Dieu ne naît pas dans ce décor et cette ambiance. Ils ne voient plus l’étoile. Jésus, le Christ, lumière intérieure, efface de nos cœurs ce qui reste d’Hérode, ce qui empêche l’étoile de briller et de nous conduire à la vraie lumière.
Alors, ils quittèrent ce lieu sombre du palais d’Hérode, du mal, de la violence, de la rivalité. Voici que l’étoile, qui les avait guidés, les précède jusqu’au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant : « Ils se réjouirent d’une très grande joie ». On connaît ça : retrouver la lumière, le chemin, la direction, le moral, la santé, les autres, est une source de joie, d’espérance, de paix intérieure, de relations apaisées. À cet endroit, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère. Joseph est parti faire quelques courses nécessaires, il revient.
L’étoile s’arrête au-dessus de l’endroit où est l’enfant. Cet endroit où est l’enfant, « roi sans palais, roi sans armée ». Un endroit de tendresse, de paix, de vie, de chaleur, de douceur, de fraternité. C’est pour cela que tout le monde aime bien  Noël. Cet endroit où s’est arrêtée l’étoile, c’est nous, cet endroit c’est nous, les crèches vivantes d’aujourd’hui, où s’enfantent la paix, la vie, fraternité.
Ils n’étaient pas venus les mains vides, nos marcheurs à l’étoile, mais avec des cadeaux dignes d’un roi : or, encens, myrrhe, des biens précieux de leur pays. Dans une étable, ça peut paraître un peu décalé. Que faire de ces cadeaux ? se disent Marie et Joseph. L’enfant s’en charge. Il dira plus tard : « ce que vous donnez à Dieu, vous en retirerez cent fois plus et au-delà. »  (cf Mc10,29s). L’or deviendra des cœurs d’or, l’encens répandra une ambiance de vivre-ensemble agréable, la précieuse myrrhe donnera ses perles de lumière, de beauté, de droiture. Ce que nous offrons à Dieu devient trésor du cœur.
Il faut retourner au pays mais pas par le même chemin, pas par celui qui passe chez Hérode, l’endroit de la violence, de la jalousie, du mal. Leur rencontre avec ce Dieu-Roi d’humilité leur indique une autre route : celle de la paix, de l’entente, de la douceur.
Ils regagnent leur pays par un autre chemin, un chemin intérieur qui peut être le nôtre si nous suivons l’étoile. 
« Nous avons vu son étoile ! »

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