Homélie de l’Epiphanie
Carmel de Saint Maur – Père Maurice BOISSON
« Nous
avons vu son étoile ! » Ils sont venus des bouts du monde… Pas des
rois… Mais des savants, qui étudiaient le ciel, les astres, les horoscopes qui
leur disaient que… Ils cherchaient… Ils ont suivi une étoile, comme un GPS de
l’Antiquité, qui les conduisait vers ce qu’ils avaient pressenti : la
naissance d’un roi des juifs !
Et toi, et
nous ? Quelle étoile nous met en route ? Quelle étoile guide notre
recherche, notre chemin, nos désirs ? La recherche d’un but, d’un sens,
des valeurs. Quelle étoile nous met en
marche ? On ne peut pas vivre sans étoile intérieure qui nous fait
regarder plus haut que l’immédiat. On vient de passer un mois dans le
brouillard, on est content de revoir le ciel, les étoiles. Quand la lumière
manque, tout devient confus, on ne distingue plus la bonne route de celle qui
nous fait tourner en rond ou nous emmène devant un panneau « voie sans
issue ». Quelle est l’étoile qui éclaire nos pas et notre trajet ?
« Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes » dit le Petit
Prince, chacun à la sienne. « Accroche une étoile aux nuages » dit
aussi une chanson.
« Nous
avons vu son étoile, nous sommes venus ! » Une étoile n’éblouit pas, elle
n’aveugle pas. Elle indique un au-delà, une direction : l’étoile du
berger, l’étoile polaire, la croix du sud…
Nous pouvons
être une étoile pour les autres, en toute humilité, - sans se prendre pour une
lumière !- une étoile à la manière du Christ qui éclaire tout homme en
venant en ce monde.
Il ne s’agit pas d’éblouir, ça aveugle et l’on ne bouge
plus ! Ce qui éblouit éclaire peu, mais il s’agit d’éclairer, d’indiquer
une présence, une direction, l’endroit où se trouvait l’enfant : endroit
de paix et d’accueil, pas un palais mais un abri d’animaux.
Nos Messieurs
arrivent à Jérusalem. Un roi, ça naît
dans un palais royal bien sûr mais l’étoile ne brille plus : cet endroit
sent la violence, la jalousie, la ruse, la peur du rival. Dieu ne naît pas dans
ce décor et cette ambiance. Ils ne voient plus l’étoile. Jésus, le Christ,
lumière intérieure, efface de nos cœurs ce qui reste d’Hérode, ce qui empêche
l’étoile de briller et de nous conduire à la vraie lumière.
Alors, ils
quittèrent ce lieu sombre du palais d’Hérode, du mal, de la violence, de la
rivalité. Voici que l’étoile, qui les avait guidés, les précède jusqu’au-dessus
de l’endroit où se trouvait l’enfant : « Ils se réjouirent d’une très
grande joie ». On connaît ça : retrouver la lumière, le chemin, la
direction, le moral, la santé, les autres, est une source de joie, d’espérance,
de paix intérieure, de relations apaisées. À cet endroit, ils virent l’enfant
avec Marie, sa mère. Joseph est parti faire quelques courses nécessaires, il
revient.
L’étoile
s’arrête au-dessus de l’endroit où est l’enfant. Cet endroit où est l’enfant, « roi
sans palais, roi sans armée ». Un endroit de tendresse, de paix, de vie,
de chaleur, de douceur, de fraternité. C’est pour cela que tout le monde aime
bien Noël. Cet endroit où s’est arrêtée
l’étoile, c’est nous, cet endroit c’est nous, les crèches vivantes
d’aujourd’hui, où s’enfantent la paix, la vie, fraternité.
Ils n’étaient
pas venus les mains vides, nos marcheurs à l’étoile, mais avec des cadeaux
dignes d’un roi : or, encens, myrrhe, des biens précieux de leur pays.
Dans une étable, ça peut paraître un peu décalé. Que faire de ces
cadeaux ? se disent Marie et Joseph. L’enfant s’en charge. Il dira plus
tard : « ce que vous donnez à Dieu, vous en retirerez cent fois plus
et au-delà. » (cf Mc10,29s). L’or
deviendra des cœurs d’or, l’encens répandra une ambiance de vivre-ensemble
agréable, la précieuse myrrhe donnera ses perles de lumière, de beauté, de
droiture. Ce que nous offrons à Dieu devient trésor du cœur.
Il faut
retourner au pays mais pas par le même chemin, pas par celui qui passe chez
Hérode, l’endroit de la violence, de la jalousie, du mal. Leur rencontre avec
ce Dieu-Roi d’humilité leur indique une autre route : celle de la paix, de
l’entente, de la douceur.
Ils regagnent
leur pays par un autre chemin, un chemin intérieur qui peut être le nôtre si
nous suivons l’étoile.
« Nous
avons vu son étoile ! »
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