dimanche 29 janvier 2017

Journée des lépreux: agir pour leur réintégration dans la société



Journée des lépreux: agir pour leur réintégration dans la société




Eliminer la lèpre, Photo: Sasakawa Memorial Health
La stigmatisation des anciens malades de la lèpre – ou maladie de Hansen – reste « le plus grand obstacle à dépasser » pour leur réinsertion dans la société, estime le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson. Dans son message pour la 64e Journée mondiale des lépreux, (27-28-29 janvier 2017), le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral prend la défense des malades qui ont une dignité « inaliénable même si le corps présente des mutilations ».
Avec quelque 200 mille nouveaux cas par an, « il y a encore beaucoup, beaucoup à faire », souligne-t-il dans le message publié le 28 janvier. Le cardinal appelle à changer les politiques « qui discriminent directement ou indirectement » les malades ; il encourage aussi la recherche scientifique afin de développer de nouveaux médicaments et d’obtenir de meilleurs instruments de diagnostic précoce.
Le préfet du Dicastère souhaite que les anciens malades « puissent trouver accueil, solidarité, justice ».
Message du cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson

Eradication de la lèpre et réinsertion des personnes touchées par la maladie de Hansen : un défi pas encore relevé.
La mise au point de thérapies médicales efficaces et l’engagement fort fourni au niveau planétaire par de nombreux organismes et réalités nationales et internationales, avec l’Eglise catholique en première ligne, ont porté, ces dernières années, un coup très dur à la maladie de Hansen, plus connue comme ‘lèpre’. La maladie de Hansen, qui en 1985 affligeait encore plus de 5 millions de personnes dans le monde, compte aujourd’hui environ 200 mille nouveaux cas par an mais il y a encore beaucoup, beaucoup à faire.
Comme cela a été souligné entre autres en juin dernier, à la conclusion du Symposium “Pour une prise en charge globale des personnes souffrant de la maladie de Hansen respectueuse de leur dignité”, organisé par ce qui était alors le Conseil pontifical pour la pastorale de la santé : « Chaque nouveau cas de maladie de Hansen est de trop, comme l’est aussi toute forme de résidu de stigmatisation pour cette maladie. De même que toute loi discriminant les malades atteints du syndrome de Hansen et tout forme d’indifférence à son endroit, sont de trop ». Dans le cadre de l’initiative, réalisée en collaboration avec les fondations Nippon et Sasakawa Health, avec la contribution de l’Ordre de Malte et des fondations Raoul Follereau et le Bon Samaritain, il a été en outre souligné : « considérant l’importance de leur rôle, il est important que les chefs de toutes les religions, dans leurs enseignements, écrits et discours, contribuent à l’éradication de cette discrimination contre les personnes atteintes de la maladie de Hansen ». Il est aussi nécessaire, comme cela a été rappelé ensuite par l’OMS durant le Forum mondial sur la maladie de Hansen qui s’est tenu à Séoul au mois de novembre, de garantir des soins physiques et psychologiques aux patients durant et après la fin du traitement.
Nous devons en outre nous engager, tous et à tous les niveaux, pour que, dans tous les pays,  les politiques familiales, de travail, scolaires, sportives et de tout genre, qui discriminent directement ou indirectement ces personnes, soient changées ; pour que les gouvernements mettent au point des programmes de mise en œuvre qui impliquent les personnes malades.
Enfin il est fondamental de renforcer la recherche scientifique pour développer de nouveaux médicaments et pour obtenir de meilleurs instruments de diagnostic afin d’augmenter les possibilités de diagnostic précoce. En grande partie, en effet, les nouveaux cas sont identifiés seulement lorsque l’infection a déjà provoqué des lésions permanentes et ont marqué, désormais à vie, l’adulte ou l’enfant malade. D’un autre côté il arrive que, spécialement dans les zones les plus isolées, il soit difficile de garantir l’assistance nécessaire pour terminer les soins ou qu’il soit difficile pour les patients de comprendre l’importance du traitement médical commencé et de le poursuivre.
Mais les traitements ne suffisent pas. Il faut réintégrer pleinement la personne guérie dans le tissu social d’origine : dans la famille, dans la communauté, à l’école ou au travail. Pour promouvoir et contribuer à ce processus de réintégration, d’ailleurs encore presque impossible dans de nombreux contextes, il est nécessaire de soutenir et d’encourager les associations d’anciens malades ; avec eux, il faut aussi promouvoir la diffusion de communautés, qui, comme cela a déjà été réalisé par exemple en Inde, au Brésil et au Ghana, deviennent de vraies familles qui comprennent et accueillent les personnes, en offrant un terrain fertile à l’aide mutuelle, à une fraternité authentique.
En réfléchissant également sur la guérison opérée par Jésus sur un malade de lèpre, racontée au chapitre 1 de l’Evangile de Marc : « Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : ‘Je le veux, sois purifié’. À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié ». Puis il lui dit : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage ».
Voici que Jésus, donc, non seulement guérit la personne dans son intérêt mais incite l’homme guéri par Lui à se présenter à celui qui pouvait en décréter la pleine réinsertion dans la société, la réadmission dans le ‘consortium humain’.
C’est peut-être cela, à l’heure actuelle, le plus grand obstacle à dépasser pour celui qui a été marqué par la maladie de Hansen et pour celui qui agit en sa faveur. Les handicaps, les signes caractéristiques laissés par la maladie sont encore aujourd’hui comme des marquages au fer rouge. La peur de la maladie, parmi les plus redoutées de l’histoire humaine, l’emporte sur la raison ; le manque de connaissance de la pathologie de la part de la communauté exclut les personnes guéries qui, à leur tour, à cause de la souffrance et des discriminations subies, ont perdu le sens de la dignité qui leur est propre, inaliénable même si le corps présente des mutilations. “Pour” eux et, surtout, “avec” les personnes victimes de la lèpre, nous devons nous engager encore plus à fond afin qu’ils puissent trouver accueil, solidarité, justice.

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